Après avoir affirmé que tant que l'armée israélienne restera à Gaza, la résistance et la confrontation se poursuivront, Hamas a changé son fusil d'épaule, hier, en annonçant à son tour un cessez-le-feu assorti de conditions. Israël, qui a fait traîner en longueur sa soi- disant disponibilité à trouver une solution avec la médiation de l'Egypte, a décidé un arrêt unilatéral de son massacre mais après que sa ministre des Affaires étrangères eut conclu un accord aux Etats-Unis avec son homologue américaine ! Tzipi Livni, qui caresse le rêve de succéder à Olmert à la tête du gouvernement hébreu, a, du coup, assené une gifle cinglante à Moubarak qui avait pourtant consenti à l'offensive israélienne dans Gaza pour être débarrassé du Hamas, une branche des Frères musulmans égyptiens, lesquels donnent du fil à retordre au régime du Caire. Humiliation suprême pour l'Egypte : le nouvel accord israélo-américain est destiné à lutter contre la contrebande d'armes vers Gaza, via l'Egypte. Autant dire surveiller la frontière entre Gaza et l'Egypte. Là, Moubarak ne pouvait pas ne pas réagir, d'autant que la coupe est pleine pour la rue égyptienne. Le raïs a fustigé dans un discours retransmis samedi par la télévision publique son partenaire israélien après un lourd silence durant les trois semaines de tueries à Gaza, précisant à l'intention de son peuple que l'Egypte travaillait à sécuriser sa frontière avec Gaza et n'acceptera jamais de présence étrangère sur son territoire. À Londres, Brown a dit que la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne proposaient d'envoyer des navires de guerre dans la région pour empêcher la contrebande d'armes vers Gaza. Les trois pays européens ont adressé une lettre conjointe aux gouvernements israélien et égyptien à ce sujet, a dit Brown, ajoutant qu'ils étaient prêts à participer à la surveillance des passages frontaliers de la bande de Gaza ! On aura remarqué qu'il n'a pas été question de telles mesures lorsqu'Israël assassinait, froidement et délibérément, enfants et femmes palestiniens. Avouant son échec comme interlocuteur privilégié d'Israël, Moubarak s'en sort encore avec un sommet sur Gaza qui se tient aujourd'hui dans la station balnéaire frontalière d'Israël de Charm el-Cheikh. Ce sommet convoqué sous le cynique générique de reconstruction de Gaza, réunit notamment les présidents français et palestinien, Nicolas Sarkozy et Mahmoud Abbas, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Premier ministre britannique Gordon Brown et la chancelière allemande Angela Merkel, mais pas les dirigeants israéliens et encore moins de représentants de Hamas. Encore une rencontre qui établit la division des régimes arabes et leur incapacité à porter secours aux Palestiniens dont la cause a été pour eux un fonds de commerce. Le sommet de Doha ne s'est-il pas terminé vendredi sur des exhortations, toujours les mêmes, bien que Doha et Nouakchott aient décidé de rompre leurs relations avec l'Etat hébreu. La réalité est qu'Israël n'a jamais voulu d'Etat palestinien. Pour en revenir au Hamas, un de ses hauts dirigeants basé à Damas a annoncé hier un cessez-le-feu à Gaza et demandé à Israël de retirer ses forces du territoire palestinien d'ici une semaine. “L'ennemi israélien a échoué à imposer ses conditions. Nous, les mouvements de la résistance palestinienne, annonçons un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et demandons que les forces de l'ennemi s'en retirent d'ici une semaine, ouvrent tous les points de passage pour laisser entrer les aides humanitaires et les produits de première nécessité”, a dit Moussa Abou Marzouk, numéro deux du bureau politique du mouvement islamique, dans une allocution diffusée par la télévision syrienne. Ainsi, l'annonce du Hamas répond, à quelques heures d'intervalle, à l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu déclaré unilatéralement par Israël après 22 jours d'offensive dans la bande de Gaza qui ont fait au moins 1 300 morts chez les Palestiniens et provoqué des destructions considérables. “Nous sommes prêts à accepter tous les efforts, notamment égyptiens, turcs, syriens et qataris, pour parvenir à un accord précis qui satisfasse nos demandes connues, à savoir la levée définitive du blocus, l'ouverture de tous les points de passage, notamment celui de Rafah”, entre Gaza et l'Egypte, a poursuivi Abou Marzouk. D. Bouatta