M. Zinedine affiche une expression circonspecte, lorsque le président interloqué interroge d'un ton acerbe : « Vous l'avez tué à cause d'une casquette ? » « Mais il était armé d'une épée, M. le juge ! J'ai tiré mon couteau dans un ultime réflexe de défense », glapit l'accusé d'une voix qui grince comme la craie sur une ardoise. Le magistrat le jauge un instant avant de lui faire remarquer : « La lame de votre couteau a sectionné l'artère fémorale de la victime, qui n'était autre, de surcroît, que votre voisin et ami d'enfance. » Embarrassé, l'accusé passe sa main sur son front perlé de sueur et balbutie : « Je voulais seulement le blesser pour le désarmer. » Selon les faits relatés à travers la lecture de l'arrêt de renvoi, dans l'après-midi du 14 mars 2005, M. Zinedine a mortellement poignardé M. Djamel, âgé de 27 ans, après une violente altercation qui les a opposés à propos d'une casquette portant les couleurs du club phare de football d'El Hamri, le Mouloudia d'Oran en l'occurrence. L'agression a eu pour théâtre la cité Perret, située au sein du faubourg Saint-Pierre. Le jeune supporter a succombé à une forte hémorragie lors de son transfert vers le service des urgences du centre hospitalo-universitaire. Le représentant du ministère public a mis l'accent sur le fait que « l'accusé a ciblé intentionnellement une partie sensible du corps pour planter la lame de son coutelas », avant de renchérir : « Il lui était possible d'éviter la confrontation, mais malheureusement son caractère soupe au lait a pris le dessus. » L'avocat général a conclu son réquisitoire en requérant une peine de 20 années de réclusion criminelle. Le défenseur a demandé la requalification du chef d'accusation d'homicide volontaire en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, tout en mettant en exergue la situation de légitime défense de son mandant. Il a insisté dans sa plaidoirie sur le bénéfice de larges circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, le 25 mai dernier, le jury a pris en considération la requête de l'avocat de la défense. Le tribunal criminel a ainsi prononcé une peine de 8 ans de réclusion. Dans le box des accusés, M. Zinedine semble vivre dans un brouillard, hébété, l'esprit ailleurs, loin de l'austérité de la salle d'audience. Pour lui, apparemment après l'annonce du verdict, les clameurs des stades se sont subitement tues pour une durée bien déterminée.