Après avoir rappelé quatre principes qui lui semblaient incontournables pour parvenir à la refondation et à la rénovation du sport national, l'auteur continue comme suit : «Cette politique demeurera purement symbolique faute d'objectifs clairs à long terme et d'un rôle de coordination accepté par tous. Elle doit refléter une approche cohérente, intégrée, multisectorielle et interministérielle. Fondamentalement, il convient de souligner que la politique nationale sportive doit être une politique de l'Etat et non pas une simple politique gouvernementale. C'est à ce prix que le M.S.N peut, également, échapper aux traditionnels bouleversements qu'il connaît à chaque changement de ministre. Renouveler notre regard sur le sport, comme nous invite à le faire M. le président de la République, impose d'une part, une démarche fondée sur la confiance, la rigueur et l'esprit responsable, et d'autre part, de bannir définitivement certaines méthodes telles que le manque de concertation, la prime à la cooptation et au clientélisme, sources de médiocrité et de dérives. Il faut accepter un débat sans tabous ni exclusive sur l'ensemble des points concernant le sport national. C'est seulement à ce prix qu'il pourra devenir un indicateur très fiable de la vitalité de l'Algérie d'aujourd'hui et de demain. Seule une approche fondée sur des objectifs et des choix clairs et mûrement réfléchis pourra déboucher sur un véritable plan de rénovation et de développement des activités physiques et sportives dans notre pays. Ce Plan national, fruit d'une large et loyale concertation de l'ensemble des partenaires, dans le respect de leur diversité et de leurs mandats respectifs, devra être une véritable charte de référence de laquelle se puiseront, tant au niveau gouvernemental que du Mouvement sportif national, les lignes d'action et les points de repère pour la décennie à venir. Cette charte aura pour instrument et corollaire d'application, un véritable code des activités physiques et sportives (C.A.P.S) qui sera, à tous les niveaux, l'indispensable outil de travail. Ce code favorisera une meilleure connaissance et un plus grand respect de la législation, en regroupant toute la réglementation et en mettant fin au «fouillis» de textes dont certains sont toujours cités alors qu'ils sont abrogés ; alors que d'autres sont abrogés avant qu'il ne soient mis en œuvre. Chacun de nous doit comprendre qu'il est de la plus haute importance que les transformations, voire les bouleversements qu'exige la refondation du sport national soient en adéquation avec l'évolution internationale du sport qui constitue à divers titres un précieux facteur de développement économique, social et culturel. Il n'est point besoin d'ajouter, qu'une telle action ne manquera pas d'influer positivement, non seulement sur le développement du sport national, mais également sur l'expression de l'image d'une Algérie apaisée, réconciliée avec son sport, une Algérie de progrès et de modernité. C'est ainsi que le Mouvement sportif national se réconciliera, également, avec sa propre histoire façonnée par le patriotisme, le civisme, le courage et l'abnégation. Le sport a toujours joué un rôle actif comme un moyen de forger le sentiment national, notamment, dans le sillon des luttes pour l'indépendance. L'équipe de football du FLN demeure, à ce jour, l'expression vivante du patriotisme et de la diplomatie sportive à travers ses prestations historiques dans les anciens pays de l'Est et les Etats arabes. Il appartient, au Mouvement national sportif, d'en être digne en ne ratant pas cette phase historique qui appelle au regroupement de toutes ses forces. La tâche qui nous attend exige de toutes les parties la même sincérité, la même conviction, le même engagement et la même énergie. Pour ce faire, il est essentiel que nous saisissions cette occasion pour commencer d'abord par évaluer avec lucidité, responsabilité et franchise ce qui a fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné, les raisons de nos erreurs et ce qui reste encore à faire pour assurer la réhabilitation et le développement du sport dans notre pays. Nous ne pourrons concrétiser nos recommandations, ni atteindre nos objectifs, sans changer nos méthodes de travail et de fonctionnement. Sans mesures significatives, il ne peut y avoir de progrès. Sans progrès, nos recommandations demeureront des idées stériles. Certes, ce ne sera pas une tâche facile. Mais c'est à ce prix que nous pourrons cerner les tendances qui sont apparues ces dernières années et dresser un bilan synthétique de l'expérience acquise en analysant les facteurs qui conditionnent le succès ou expliquent l'échec des précédentes politiques. Face aux réalités des temps actuels, faites d'interrogations et d'incertitudes, les responsables du sport sont de plus en plus interpellés par les jeunes auxquels ils doivent, en quelque sorte, fournir les cartes d'un monde complexe et agité ainsi que la boussole leur permettant d'y naviguer. En tant qu'éducateur, le responsable sportif doit savoir accompagner les jeunes, leur fournir les clés pour une compréhension véritable de la société, les points de repère pour se situer dans l'existence et des outils pour forger l'avenir. Pour ces raisons, il est impératif que le dirigeant soit un véritable éducateur doublé d'un bon gestionnaire. Ce sont là quelques unes des préoccupations mentionnées de façon non exhaustive et qui peuvent concourir à la définition d'un cadre de réflexion autour duquel pourrait s'ouvrir un large débat. Le sport algérien qui a engrangé des records mondiaux et continentaux doit faire sa révolution en commençant principalement par sa base : les associations sportives. Pour cela, une évolution des mentalités, des structures et des méthodes de travail s'imposent et le plus vite serait le mieux, afin de ne pas se laisser trop distancer sur le plan régional et international. Avant de conclure, permettez-moi de saisir cette occasion pour renouveler ma fidèle amitié à toutes et à tous mes anciens collègues qui, bien souvent avec difficulté et dans l'ombre, ont agi ou continuent d'agir sans relâche au service de la jeunesse et du sport. Ensemble reprenons confiance, unissons nos efforts et faisons que la grande famille sportive algérienne efface les rancœurs et les rivalités d'arrière-garde. Ne retenons que le fondamental, à savoir la nécessité de mener rapidement, dans le cadre d'une conférence nationale sur le sport, une évaluation lucide et sérieuse de la situation présente et une réflexion sur les objectifs liés aux enjeux actuels et futurs du sport national. L'indispensable maîtrise d'un certain nombre de préoccupations qui caractérisent l'évolution du phénomène clé qu'est devenue l'activité physique et sportive en Algérie est indispensable et ne pourra que faciliter grandement le processus de refondation et de rénovation du sport national. C'est à ce prix que nous pourrons envisager l'avenir avec espoir. Dans la seconde partie, il est question d'un certain nombre de préoccupations qui caractérisent l'évolution du sport national. L'auteur expose de façon détaillée onze thèmes de réflexion dont : La réhabilitation de la compétence et du capital humain, La dimension scientifique du sport, L'engagement des bénévoles, Les femmes dans les structures fédérales, Le nécessaire changement du mode de scrutin, Le sport scolaire et universitaire, Le sport pour tous, Sport et handicapés, La lutte contre la violence dans le sport, La nécessaire coopération avec les médias et Sport et mondialisation. Sport et mondialisation La réhabilitation de la compétence et du capital humain : Face aux effets de la mondialisation dans le secteur des sports comme dans tous les autres secteurs de la vie nationale, l'idée de base devrait être fondée, comme à travers le monde, sur l'impérieuse nécessité de promouvoir les capacités nationales par la valorisation, en priorité, du capital humain. Tout développement national ne peut se faire que sur la base des ressources humaines nationales. Il n'est point besoin d'ajouter que la contribution des cadres nationaux à l'étranger est une valeur ajoutée inestimable. L'assistance technique étrangère ne peut avoir une place utile que dans la mesure où elle remplit une fonction de complémentarité et non de substitution. Des pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil, bénéficient de plus en plus d'un capital humain de haut niveau de compétitivité qui les projette aujourd'hui, au premier rang de la croissance mondiale en général, et sportive en particulier. L'organisation et les résultats des derniers JO d'été de Pékin 2008, en sont l'expression marquante. Plus qu'à une réponse chiffrée ou à une simple évaluation, la situation actuelle de notre pays appelle à une analyse large et globale de la formation et de l'encadrement dans le système national de l'éducation physique et sportive. A-t-on procédé à une évaluation de tout le système de formation, et particulièrement des produits de la formation? Quels sont les profils actuels? Ont-ils connu une évolution? Quelle adéquation avec les réalités du terrain? Avons-nous un système hardi de remise à niveau, de recyclage et de spécialisation des personnels? Les cadres qui existent sont-ils utilisés de façon rationnelle et dynamique? Sont-ils associés à la définition des objectifs et des moyens de réalisation? Soyons sérieux ! comment demander des résultats, voire des miracles, à l'élite sportive algérienne dans le cadre d'un système qui méconnaît de plus en plus la dimension scientifique du sport ? En l'absence d'un système cohérent, organisé, évalué et réadapté sans cesse, nous n'aurons au mieux que quelques météorites. Le problème est que, sous n'importe quels cieux, les météorites ne durent jamais longtemps. Comme j'ai eu à le dire, sous toutes les latitudes, l'on ne peut s'inviter dans les rangs des grands ou, encore moins, prétendre à la réussite et au progrès par simple effraction ou par «El haffa» ! A travers le monde, la substitution des ressources humaines hautement qualifiées aux ressources naturelles constitue, aujourd'hui, la clé de tout processus de développement durable. Il existe dans notre pays une élite, produit de nos instituts, dont le niveau intellectuel et technique, la méthodologie et les règles de gestion scientifique sont indispensables à l'organisation moderne du sport, particulièrement de haut niveau. Commençons, d'abord, par faire le point sur l'ensemble des cadres qui existent tant au niveau national qu'à l'étranger, et cernons, ensuite, de façon rigoureuse leur utilisation actuelle. Faisons-leur confiance en les écoutant, en respectant leur travail et en les associant effectivement à la refondation du sport national. Comment expliquer que des cadres chèrement formés dans nos instituts, soient ensuite marginalisés voir brutalement exclus du M.S.N. Des cadres qui, ensuite, réussissent admirablement à l'étranger ? Il est de la plus haute importance, pour le sport national, de chercher à les récupérer. De façon générale, il est reconnu que le sport, particulièrement de haut niveau, coûte cher et que son coût augmente plus rapidement que le nombre de pratiquants. C'est pour toutes ces raisons que la décision de favoriser son développement relève d'abord d'un choix du pouvoir politique. N'est-ce pas le pragmatisme américain qui énonce : «Qui paie commande»? En règle générale, les pays en développement affrontent un manque de ressources qui handicapent l'épanouissement de leurs différents secteurs sociaux. Les financements doivent satisfaire, en priorité, les besoins immédiats et urgents de la société. C'est pourquoi, les subventions gouvernementales affectées au sport sont en général largement inadaptées ; d'autant que l'insuffisance de leur montant n'est pas compensée, sauf à de rares exceptions, par des moyens privés. Le manque de ressources signifie une organisation et une administration sportives souvent déficientes, entraîne un manque et une mauvaise maintenance des installations sportives, l'absence d'équipements pour la pratique de certains sports et enfin affecte le type d'éducation sportive proposé et les possibilités pédagogiques et formatrices. Ces quelques remarques montrent combien il est important de veiller à une utilisation rationnelle et rigoureuse des moyens. Il ne faut pas s'étonner, dès lors, que l'Etat, qui est le principal pourvoyeur de fonds, exige un contrôle rigoureux et des résultats probants. Un tel contrôle ne doit pas être l'affirmation d'un pouvoir bureaucratique, mais l'émergence d'un mécanisme de suivi et de nouvelles modalités de concertation qui permettent à l'ensemble des partenaires de se concerter et d'agir dans le respect de leurs mandats spécifiques. Il ne s'agit pas de focaliser notre attention sur seulement l'importance des subventions, mais également sur les capacités de prévision et d'utilisation des ressources par les différentes institutions sportives. D'ailleurs le chef de l'Etat n'a pas manqué de souligner, récemment, que «l'action de l'Etat, à elle seule, serait de peu d'effet si un effort de rénovation des modes de gestion des affaires du sport n'était pas entrepris à travers la rigueur, la transparence et un meilleur contrôle de l'usage qui est fait de l'argent public et privé». La priorité à la gestion des moyens doit peu à peu céder la place à la gestion des résultats. C'est ainsi que nous parviendrons à la mise en place d'un système de gestion moderne en adéquation avec les pratiques universelles. Malgré de lourdes contraintes et autres priorités économiques et sociales, des efforts louables sont fournis par le gouvernement pour développer le sport national. C'est là également une raison supplémentaire pour que les responsables des différentes instances sportives conçoivent leurs missions comme celles d'un éducateur confirmé et d'un chef d'entreprise rigoureux. Enjeux du 3e millenaire Cette première préoccupation relative à la réhabilitation des compétences, peut faire l'objet d'une réflexion appropriée, au niveau d'une commission de spécialistes, autour d'un certain nombre de thèmes, dont : – L' état des lieux et l'analyse de la situation actuelle. – Les enjeux du 3e millénaire : aspirations et besoins nouveaux. – Modernisation et remise à niveau : – Quels types de cadres à former ? Quels profils ? Quelles missions ? – Quelle démarche : comment y arriver au niveau de la demande, de l'offre, de la pédagogie et de l'évaluation. L'engagement des bénévoles. Le bénévole fait partie intégrante d'un réseau dont chaque maillon est important. Il s'inscrit dans un contexte social, culturel et économique. Les élus des associations et fédérations sportives consacrent une grande partie de leur temps à leur bénévolat, souvent au prix de sacrifices familiaux. Cette capacité d'engagement est exercée principalement par des retraités, des fonctionnaires ou des professions libérales. L'engagement des bénévoles devient de plus en plus exigeant. Gérer un club sportif ou une fédération, nécessite des compétences de plus en plus nombreuses et précises dans les domaines administratifs, juridiques et fiscaux. Toute réforme devrait par conséquent exiger la formation des dirigeants, favoriser un recrutement de qualité, un accès plus précoce et plus rapide des formateurs, des éducateurs et des sportifs, aux responsabilités et promouvoir une démocratie plus directe et plus participative des licenciés dans les organes de direction. Il faut rajeunir, diversifier, remotiver et professionnaliser le bénévolat. Pour cela, il convient de recenser rapidement les mesures qui peuvent favoriser la formation permanente et contribuer à professionnaliser la gestion des clubs, ligues et fédérations. Le temps consacré par les dirigeants bénévoles au mouvement sportif constitue une source indirecte de financement. Le temps nécessaire à la réalisation de la tâche de dirigeant ne cesse d'augmenter. A ce titre, il serait souhaitable de réfléchir à la possibilité d'instaurer une décharge horaire pour les personnes responsables d'associations sportives, à l'image de ce qui est en vigueur pour les délégués syndicaux. Une telle proposition pourrait, également, encourager les électeurs à choisir leurs candidats en fonction de leur compétence et non de leur disponibilité ou simplement de leur richesse personnelle. La loi reconnaît aux fédérations une mission de service public, à condition qu'elles aient adopté les statuts-types définis par décret. Elle distingue les fédérations agréées (généralement fédérations multisports et affinitaires) et celles qui reçoivent une délégation du ministère des Sports pour organiser la pratique d'une seule discipline sportive. La délégation porte l'agrément. Seules les fédérations délégataires se voient reconnaître le monopole d'organisation, ce qui leur confère des prérogatives de puissance publique. En contrepartie, elles sont soumises aux contraintes inhérentes au service public. L'octroi et le retrait de l'agrément et de la délégation constituent une forme de contrôle de l'Etat sur les fédérations. Les actes réglementaires des fédérations doivent être conformes aux lois et règlements, faire l'objet d'une publication officielle et être soumis au contrôle du ministère de tutelle. Le rapport moral et financier est adressé au ministère de tutelle. Ce dernier peut se faire présenter les documents administratifs et la comptabilité de la fédération. Comme il peut faire visiter par ses représentants tout établissement fondé par la fédération. Les associations sportives représentent en nombre et en pourcentage la part la plus importante du système associatif algérien. L'adhésion à une association augmente avec le niveau de vie. Le fait d'être membre d'une association ne signifie, pas pour autant, que l'on participe réellement à ses activités. Il convient de faire remarquer, que les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent un faible segment au niveau des postes à responsabilité dans les associations sportives. D'autres catégories sont surreprésentées : artisans, commerçants, ouvriers qualifiés et chefs d'entreprises