Le GSP (Groupement sportif des pétroliers), nouvelle dénomination du Mouloudia club d'Alger, toutes disciplines confondues, est-il l'arbre qui cache la forêt du sport algérien et collectif dans sa diversité et son marasme ? Les chocs émotionnels de nos piètres prestations en Ligue arabe et nos absences dans diverses compétitions, sur le plan continental seulement, sont restés en travers de la gorge d'un public habité par la passion du sport. Nous n'en sommes pas encore revenus, hormis le limogeage des coaches, auxquels on fait porter le chapeau. C'est, paraît-il, le lot des sélectionneurs, constamment évalués au prorata des résultats des joueurs qu'ils ont eux-mêmes sélectionnés. À plus ou moins brève échéance, ils passent à la trappe. Ils deviennent ainsi l'offrande expiratoire qui occulte l'indigence des responsables nationaux et l'exutoire de la frustration et de l'amertume populaires. Une fois, l'une des sections du Mouloudia rentre avec les trophées ou des médailles, les esprits se calment ; on reprend pied par rapport à une réalité qui refait surface. Les questions se télescopent. Sommes-nous une nation de sport ou ne l'avons-nous jamais été ? Où se trouvent les failles et les déficiences de nos contre-performances ? si populaire soit-il, le handball, ou le MC Alger, peut-il être un cache inexpugnable pour les autres disciplines sportives ? N'y a-t-il pas une ligne de fracture qui traverse l'ensemble de la planète sport dans ses dimensions nationales ? Notre façon de faire, en termes de prospection des talents juvéniles, d'encadrement méthodique et de gestion rigoureuse, est-elle à la hauteur de nos ambitions proclamées et des rêveries suscitées parmi le grand public ? Où sont les critères objectifs, quantifiables ? Les divers résultats de nos équipes nationales, toutes catégories confondues, sont pour le moins décevants depuis le début des années 1990. Cette situation est-elle passagère, le résultat d'une politique sportive des collectivités trop frileuses ou simplement d'un manque de soutien de l'Etat vis-à-vis des sports collectifs ? La question est de savoir quelle politique sportive mettre en place. Une politique pour que les Algériens fassent du sport ou une politique pour que les Algériens aiment et regardent le sport ? Le basket-ball, le handball et le volley-ball n'attirent plus de spectateurs en raison de leur faible niveau. Les cascades de forfaits dans les différents championnats et les mises en veilleuse des clubs, sont là pour témoigner de la faiblesse du sport algérien. En ce qui concerne l'agglomération (car la politique sportive doit se penser au niveau intercommunal d'abord), il existe de nombreux clubs formateurs : handball, escrime, gymnastique, basket, aviron, football, judo, natation... le constat est simple : quoi qu'il arrive, quels que soient les résultats et le travail accompli par les éducateurs, plusieurs clubs n'ayant pas de sections collectives ni d'équipes féminines récupèrent sans discussion 60% des subventions. Qu'ils travaillent bien ou qu'ils dilapident l'argent, ils ont droit à une «rente» à vie et les autres ont droit aux miettes, au soupoudrage. Quand ils font des fautes monstres, ce n'est pas grave, le contribuable mettra la main à la poche ! Où sont les critères objectifs, quantifiables ? Quelle réflexion ont nos décideurs sur le rôle économique et social de nos clubs ? Combien d'argent est économisé pour des jeunes qui s'entraînent dans des clubs au lieu de casser dans les rues ? Combien pour des adultes qui se refont une santé physique et mentale en trouvant leur place dans une association sportive ? Trop contents, nos politiques, de laisser le bébé à des bénévoles auxquels on demande d'être des éducateurs, des administrateurs, de grands communicateurs, des chasseurs de sponsors, des directeurs de ressources humaines, des comptables ... sans compter qu'ils doivent être les garants de la sécurité des jeunes placés sous la responsabilité juridique des clubs, donc des présidents bénévoles... On en connaît qui ne dorment pas toujours bien devant une telle problématique. Dans les milieux sportifs, ils n'ont pas tous ces problèmes, ils ont des budgets pour fonctionner et ils peuvent faire appel à tous les professionnels nécessaires. Les associations doivent aussi accepter de se regrouper au niveau supérieur pour être prises au sérieux. C'est à ce prix que le sport sera pris au sérieux, enfin on l'espère... Le dialogue entre les différents responsables du sport : MJS, fédérations, ligue, clubs et présidents de clubs doit rapidement se mettre en place. Les équipes municipales sportives devraient être en mesure de présenter leurs projets maintenant et de clarifier une situation désagréable. Le but serait de mettre un terme à un malaise grandissant, Si le dialogue ne se fait pas, le monde sportif se réveillera avec une bonne gueule de bois. Encore une fois ? ... Le sport scolaire, l'autre parent pauvre du sport La montée au créneau du ministre de la Jeunesse et des Sports, milite en faveur d'une refondation de la pratique sportive dans notre pays. Nul ne pourra nier le rôle important que jouera l'institution scolaire (et universitaire) dans la promotion et la dynamisation du mouvement national sportif. Les bons résultats de l'Algérie sportive des années 1970 et début 1980 ne sont pas le fruit d'un hasard. Mais cela témoignait de la bonne santé du sport scolaire. C'était le temps de la FASSU, des lundis sportifs programmés dans les emplois du temps des élèves et encadrés par des enseignants d'EPS motivés à souhait. Les élèves se rendaient avec plaisir au stade pour disputer les tournois inter-lycées. Même la presse de l'époque prenait du plaisir à couvrir les matches que les élèves n'auraient pas raté pour tout l'or du monde. Depuis deux décennies, le sport scolaire se meurt dans l'indifférence la plus totale. Tous les dispositifs réglementaires (lois, arrêtés, circulaires) visant à promouvoir -en théorie- l'éducation physique et sportive sont restés lettre morte. Les dispenses de complaisance, le déficit en encadrement -même s'il est formé annuellement par des instituts spécialisés- sont autant d'éléments qui viennent aggraver la situation d'une discipline déjà malmenée. Les sports collectifs doivent reprendre leur envol La petite balle, la balle au panier et la balle orange se doivent de reprendre leur envol. Ces périodes fastes où l'Algérie dominait de la tête et des épaules le continent, l'équipe nationale de handball, particulièrement, était présente à tous les rendez-vous continentaux et planétaires. Les Fennecs ont remporté six titres de champions d'Afrique, dont le dernier en date a été arraché de haute lutte à Cotonou (Bénin) en 1996 par Djaffar Belhocine, mais, depuis, plus rien. L'Angola et la modeste équipe marocaine nous ont barré la route des deux derniers mondiaux. L'assemblée générale élective de la Fédération algérienne de handball, patiemment attendue par l'ensemble des animateurs de la petite balle, qui a connu une nette régression ces dernières saisons, serait la bienvenue. Le renouvellement des structures sportives des sports collectifs, particulièrement celle de la fédération de handball, qui a vu M. Allaoua Daksi être porté à la tête de la FAHB, a tenté tant bien que mal de mettre fin à une situation qui n'a que trop duré au sein d'une discipline qui était prédestinée à un meilleur avenir. Mais, faute d'une vision claire et d'un travail académique, loin de toute gabegie, le handball algérien a connu des déperditions de talents qui lui feront perdre beaucoup de terrain. C'est le résultat d'une anarchie qui n'a que trop duré dans cette discipline avec, bien évidemment, une participation internationale en deçà des espérances, une équipe nationale dévalorisée, une relève qui n'arrive pas, une formation en pointillé, un championnat routinier, des systèmes de championnat instables. Un échec programmé du handball algérien et consommé par une équipe dirigeante qui a totalement fui ses responsabilités, laissant une discipline orpheline de ses structures. Une structure basée sur le copinage, le régionalisme et l'exclusion. La FAHB, jadis forte de ses hommes, avec Saïd Bouamra, Rachid Meskouri, deux hommes très respectés et très sollicités par les structures internationales (IHF), a été reléguée à un rôle simpliste. Des dirigeants décriés, faisant des structures et de l'argent de l'Etat un bien personnel, tentent toujours de se maintenir à leur poste en usant de procédés qui n'honorent guère le sport. L'échec risque de se prolonger si les responsables du sport n'interviennent pas pour stopper la «descente aux enfers» de cette discipline qui ne cesse de régresser au plan continental. Ce sacerdoce, les anciens de la petite balle ronde veulent le réinculquer à leurs cadets. Et cela passe nécessairement par une reconstruction du sport en général. Ceux qui prônent la renaissance de l'Algérie sportive dans le gotha mondial ne lésinent pas sur le temps et les moyens. Après le tour chez les ligues, le MJS a pris l'autre palier : les clubs. L'essence de la pratique du sport. Ceux qui font vivre le sport de la main. Les vrais acteurs du sport qui ne se plaisent pas de dix ans de gouffre. De disette. Ils disent non. Ils veulent changer de démarche et de gestion. Revoir le système qui a fini de mettre le sport à genoux. Les garçons peinent à retrouver le sommet, les filles calent au pied du podium En dix ans, les sportifs algériens peinent à retrouver le sommet et les filles calent au pied des podiums. Ainsi, la réunion à laquelle le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a convié les responsables et présidents de club a accouché d'un mémorandum. Divers points afférents à la maladie du sport algérien ont été soulevés. Et aux représentants des clubs de brosser un tableau bien noir. L'agonie. Et le plus urgent à réparer, c'est la formation. Le nerf de la renaissance. «On n'a pas de bons joueurs», décrètent les présidents. «La formation n'existe plus, il n'y a plus de spectacle. On a tué la petite catégorie», s'émeut le collectif des entraîneurs. La première maladie évacuée, les clubs cherchent les résultats précoces au détriment de la formation. Donc, pour sortir de la descente aux enfers, il faut une réorganisation de l'administration. «Le championnat n'est pas régulier et son organisation ne correspond pas à la visée des clubs. Le club ne vit que de cotisations, alors que le championnat est un gouffre financier.» Pour rappel, les rencontres des responsables des clubs avec le ministre de la Jeunesse et des Sports s'inscrivent dans le cadre de l'analyse de la situation générale faite par les dirigeants sportifs pour l'élaboration d'un plan de développement du football. C'est quoi la prochaine ? M. G.