Il s'agit des dates possibles avancées par le ministère de l'Intérieur pour l'organisation de l'élection de celui qui assumera la fonction suprême du pays, la présidence de la République. A deux mois du scrutin présidentiel, les Algériens, invités avec insistance à s'inscrire sur les listes électorales, ne connaissent pas encore la date exacte de l'élection. C'est le flou total ! Ce qui témoigne du degré de «sérieux» qu'accordent les autorités à cette «consultation populaire». Un fait inédit qui ne s'est jamais produit, même dans les pays les plus sous-développés. Depuis le début de l'année en cours, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, s'est livré à un exercice arithmétique pour déterminer la date de l'élection par élimination. «L'élection se tiendra soit le 26 mars, soit le 2 avril ou bien le 9 avril 2009», a-t-il déclaré à la presse au début du mois dernier. Une fois janvier passé, le ministre a éliminé une date et affirme que «l'échéance aura lieu le 2 ou le 9 avril», selon les dispositions de la loi électorale. Une loi qui précise dans son article 153 que «les élections présidentielles doivent avoir lieu dans les trente jours qui précèdent l'expiration du mandat du président de la République». La nuit du doute C'est-à-dire avant le 18 avril prochain. Le corps électoral devra être convoqué, selon l'article 154 de la même loi, par décret présidentiel, 60 jours avant la date du scrutin. Alors que le corps électoral n'a pas été convoqué le 2 février dernier pour l'organisation de l'élection le 2 avril (pour être dans les normes définies par la loi électorale), la dernière date devrait être le jeudi 9 avril. Mais la nuit du doute semble avoir été reportée à un autre jour. Le directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, Mohamed Talbi, vient d'annoncer une nouvelle date qui rend encore plus floue la situation. «L'élection se tiendra le 9 ou le 16 avril. Même si elle sera organisée le 16 avril, nous serons dans les normes puisque le mandat du Président expirera une semaine après la prestation de serment» (18 avril 2004), a-t-il expliqué lors de son passage, samedi, à la Radio internationale (RAI). Ce qui n'est pas prévu dans la loi électorale. Aucun texte ne fait référence à ce cas de figure. Contactés pour avoir plus de précisions, les responsables du ministère de l'Intérieur étaient hier soit «absents» soit «occupés». Même le ministre n'était pas disponible pour répondre à nos questions. Mais selon Mohamed Talbi, la date précise du scrutin «sera décidée par le président de la République à l'occasion de la convocation du corps électoral». Quand ? On n'en sait rien. Cette confusion laisse libre cours à des rumeurs en tout genre : «Le corps électoral sera convoqué jeudi prochain» ; «non, il le sera le lundi 9 février qui coïncidera avec l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika à un troisième mandat.» Si cette annonce n'est plus un événement, d'autant plus que le Président sortant s'est déclaré candidat à sa propre succession, le 12 novembre dernier en triturant la Constitution, l'opinion publique veut tout de même connaître les raisons du maintien du suspense sur la date de l'élection. Aura-t-elle lieu dans les délais impartis ? Y a-t-il un empêchement majeur qui risquerait de repousser la date de l'élection ? Des questions qui restent sans réponses…