– Sur quoi portent vos recherches ? – Sur les plasmas astrophysiques et de laboratoire. Un plasma peut brièvement être défini comme le 4e état de la matière (après l'état solide, liquide et gazeux). C'est un gaz ionisé, dans lequel les champs électrique et magnétique jouent un rôle important. 90% de l'univers visible est constitué de plasma. Je m'intéresse en particulier à l'interaction entre le soleil et les planètes du système solaire. Je développe des modèles théoriques (ou mathématiques) pour comprendre les différents phénomènes physiques observés comme la turbulence ou la reconnexion magnétique (phénomène très spectaculaire dans l'univers qui engendre des jets de matière extrêmement rapides et violents qui peuvent avoir des effets dramatiques sur les environnements d'étoiles ou de planètes). Je confronte ensuite ces théories aux données acquises par les différentes sondes spatiales. Je m'implique également dans la conception et la définition des missions spatiales futures, en cours de préparation à la Nasa et à l'Esa (Agence spatiale européenne). Pour l'horizon 2015-2025, la mission Xscale (Esa) qui, si elle se fera, apportera des réponses décisives aux problématiques physiques citées plus haut ou celle de la sonde solaire (Nasa) dont le but est d'effectuer des mesures très près du soleil, avec une distance d'approche jamais égalée à ce jour ! – Quel est l'intérêt de ces recherches ? – La recherche sur les plasmas spatiaux et astrophysiques a un double intérêt. D'abord, celui d'explorer de nouvelles régions de l'univers, de découvrir puis d'expliquer des phénomènes nouveaux. L'autre intérêt est qu'on se sert de l'espace comme «un grand laboratoire de plasmas» pour effectuer des mesures qu'on est incapable de réaliser en laboratoire. Par exemple, la fusion thermonucléaire se produisant au cœur du soleil et qui génère l'énergie solaire qui nous réchauffe ici sur terre. Les recherches sur «les plasmas de fusion» visent à créer en laboratoire cette énergie du futur ! L'enjeu est de taille : c'est une source d'énergie propre et inépuisable qui prendra le relais dans l'ère de l'après pétrole. Un grand projet international, ITER, en construction actuellement dans le sud de la France, devra permettre de résoudre ce défi à l'horizon 2050. Ce qu'il faut savoir c'est que les phénomènes observés dans les «plasmas de fusion» sont exactement identiques à ceux qu'on observe dans l'espace ! – Votre message aux jeunes chercheurs algériens ? – J'aimerais tout simplement les encourager à poursuivre leurs recherches malgré les difficultés et les frustrations du quotidien, à être plus ambitieux et à faire confiance à leurs talents. Il faut qu'ils prennent les choses en main, frappent à de nouvelles portes pour monter de nouvelles collaborations, il y a énormément d'espaces à prendre. S'ouvrir vers l'extérieur et confronter ses connaissances à celles des chercheurs d'autres pays est vital dans la recherche moderne. Je voudrais aussi m'adresser aux étudiants qui veulent se lancer dans la recherche pour leur dire qu'ils peuvent rêver et s'accrocher à leur rêves malgré les difficultés et les doutes qui les traversent. Il y a dix ans j'étais encore sur les bancs de l'université à rêver, comme beaucoup, de nouveaux horizons. Le chemin n'a pas été toujours facile, beaucoup reste encore à accomplir, mais l'essentiel est de se dire : c'est possible d'y arriver !