Seulement à ce jour, personne n'est parvenu à voir distinctement, encore moins à conjurer l'incantation, concédant qu'en définitive le pouvoir chez nous a vraisemblablement le côté ésotérique qui le rend si impénétrable. Et voilà que, vive clarté, une déclaration solennelle d'une personnalité étrangère, officielle et accréditée, éclabousse le plan réputé hermétique, y ménageant un interstice duquel filtre «le vrai problème du pouvoir en Algérie est avec lui-même…», un décor conviant volontiers à sa découverte ! Du coup, le pouvoir n'est plus le noumène dont nous avons, jusque-là fatalistes, considéré les volontés dogmes absolus. Même que dans son menu affichant les icônes «officielles» : exécutif, législatif, programme politique… Constitution, notre attention éveillée est machinalement portée sur cette dernière (elle n'arrête pas de faire des vagues). La propension qu'a, sous l'égide du pouvoir, le régime à se servir de la loi fondamentale pour se toiletter, affichant, pour le moins, le comportement choquant de la gent commensale qui n'arrête pas de s'essuyer les babines de bouts de pain (aliment sacré !) tout le long de son gueuleton, est canonique.(2) Les tout premiers éclats du locataire d'El Mouradia, scandant ne «pas aimer la Constitution», corroborent à l'évidence cette réalité ! Pourtant, celui-ci ne diffusant que le (res)sentiment séculaire de ses prédécesseurs dans la fonction à l'encontre des moutures éprouvées, puisque, à un moment ou à un autre, à chacun des présidents (en fin d'exercice en général), une Constitution est confectionnée, immanquablement (toute ancienne version étant systématiquement vouée aux gémonies et ce faisant, sans le moindre formalisme), en raison de la solennité de l'augure, un hic y est pressenti. De quoi s'agit-il ? La réponse est en fait toute donnée. Car, accompagnant son rejet de la Constitution (normal dirions-nous alors), le premier magistrat fulminait surtout contre l'idée de n'équivaloir qu'un «trois-quarts de président», insufflant d'en inférer que les prérogatives liées à la fonction de chef d'Etat relèvent d'un pouvoir, lequel pouvoir assigne le rôle pour la «scène» présidentielle (celui décrié ici a le poids relatif de 3/4), et corollairement toutes les animations qui vont avec : gouvernement, institutions, administration. Mais si tous les comédiens en mue ascensionnelle imaginaire se réjouissent de banqueter aux agapes de la loi fondamentale, ce n'est pas le cas du nouvel acteur(3). Le holà du légaliste menaçant de déchirure le voile d'étanchéité des coulisses étaye la «temporalité» du pouvoir et vient, de bon aloi, à l'éclairage de l'intervention du diplomate britannique, étoffer la problématique explorée !(4) Sur le plateau animé, s'il est dès lors aisé de décoder que la pratique politique dans notre pays est déterminée par le maître du jeu dont l'identité, déclinée, est «son problème avec lui-même», il faut observer que depuis le réveil du nationalisme algérien — et sans doute bien avant — le pouvoir reproduit les scénarios à l'identique, avec l'impénétrabilité d'une énigme désagréable… La mission dévolue au coup d'Etat ayant amené Ahmed Ben Bella à la gouvernance, tout comme celle dévolue à l'autre qui l'en écarta, aura consisté à introduire sur le plateau les acteurs du casting du pouvoir. Son apparition s'arrêtera au rôle du héraut d'armes de la distribution — portant ici le nom de «clan d'Oujda», pour lequel il fut essentiellement habillé (le triomphe que lui a fait le peuple sera celui d'une salle à la mémoire courte, les manèges du pouvoir l'emporteront dare-dare). Mohamed Boudiaf lui non plus n'appartenait pas à la sélection. Doublure, le pouvoir le propulsa sur la scène pour l'y voir exécuter les cascades qu'il se dispensait de faire effectuer aux acteurs du sérail, les jugeant périlleuses : porter le chapeau des camps du Sud où seront incarcérés les «émeutiers de la semoule» d'octobre 1988, dont lui, le pouvoir, s'est servi à ridiculiser «la révolution de la Toussaint» et partant, le peuple tout entier. Ces cascades s'avéreront létales ! Par quelle programmation ?(5) Mais tout particulièrement, c'est la présidence de Liamine Zeroual qui, cas d'école, nous instruit au mieux de la problématique, lorsqu'en 1998, son conseiller, apparemment tarabusté par l'affaire du professeur Ali Bensaâd et désarçonné victime, semble-t-il d'une cabale, menace, sibyllin, de déballer tout sur le mystérieux plan «Etna Rozier Potemkine» à l'origine, est-il signifié, des évènements sanglants d'octobre 1988 ! Encore que, rétrospectivement, c'est finalement Messali Hadj, le pionnier du militantisme nationaliste revendicatif qui sera vraiment le premier à subir l'acting out de ce pouvoir dont la réalité ne se fondait pas encore dans les coulisses. Le zaïm évincé de son combat aura néanmoins stoïquement réussi — et c'est tout à son honneur — à faire perdre à son ennemi sa superbe malsaine, l'acculant au comportement malin de Satan face à la naissance magnifiée de l'homme (l'Algérien), et comme Satan à agir dès lors sournoisement.(6) Maintenant, puisque le pouvoir décide de la «distribution officielle» et de tout ce qui l'accompagne, à quoi servent les scrutins ? A l'inverse de ce qu'elle est supposée représenter (la démocratie), l'organisation de simulacres d'élections, qui fait lamper «l'élu» sa désignation brocantée au suffrage factice, consomme de fait la rupture entre la loge incorporée (refoulant son évanescence, s'imaginant au cœur du sérail, se sentant de la trempe du pouvoir) et son vis-à-vis — la population — complètement dominé. Le scrutin constitue fondamentalement le moment fort de la sanction du musellement, de l'insignifiance et de l'intimidation de la plèbe (ghachi). Le pouvoir défie ainsi la souveraineté nationale ; l'urne est son spectre ! La mobilisation post-indépendance des masses par le parti unique et pareillement avec le multipartisme pour l'organisation de référendums, les campagnes, les cérémonies d'inaugurations… tient de cette logique de la sujétion. Alors même qu'avec la chute du mur de Berlin, le vent de la démocratie balaie le monde, charriant le droit de regard sur les agissements des régimes de la pensée unique et que, progressivement, des signes d'assimilation des libertés fondamentales semblent transparaître à travers les pantomimes des acteurs, dans l'intention de séduire le nouvel ordre mondial, la réalité ne quitte pas les coulisses pour autant. Dès lors qu'en est-il du spectacle conformé à la nouvelle réclame ?(7) Bailler le fonds comminatoire pour préserver son impénétrabilité n'étant plus payant, le pouvoir n'a plus que l'autre stratégie, elle aussi séculaire : la ruse. Avec sa propagande, ses contrevérités, ses manipulations… l'intox. En réplique à l'engouement réel des populations pour le pluralisme (coquille de la démocratie) et l'urne (conquise alors ?), le pouvoir recourt à la fraude massive. Même quand la tricherie est dénoncée (flagrante, filmée) et qu'il s'ensuit un abstentionnisme (une sorte de démission défaitiste), son verdict l'emporte : pour le peuple la coquille s'avère vide et la conquête autant éphémère qu'illusoire.Ainsi, le pouvoir ne perd pas son sceptre, et l'intox sert à le lustrer ! Tout comme il fut un temps où la carte de vote arborée plaidait sa bonne foi de «non-réactionnaire», que par la suite elle constitua dans l'imaginaire des humbles une sorte de sésame pour l'emploi, l'habitat… elle sera utile à magnétiser les plus fragiles : pour les jeunes filles, souvent en mal de dénicher un Jules, le document est juré indispensable au mariage et, par contraction, le billet ouvrant droit aux noces ! Le canular est grotesque ? Le pouvoir ridiculise la société ! Poussant toujours le bouchon plus loin, il parodie la démocratie — qu'il juge impropre aux us indigènes — (8) en (ab)usant des couleurs de celle-ci : les médias — en tous lieux ! En direct sous l'objectif des caméras de l'ENTV (Entreprise nationale de télévision), les urnes sont décadenassées, en présence des représentants des partis leur contenu étalé. Pompeusement, le dépouillement commence, le regard des agents de la commission de surveillance est concentré. L'unique (ENTV) surfe. Elle couvre plusieurs centres de tri… Du pareil au même. Dans le dénombrement, plusieurs «voix contre» s'enchaînent… Le temps de l'antenne est «dépassé», on se rabat vite fait ailleurs (le truc n'échappe pas aux téléspectateurs attentifs). Les mêmes séquences se reproduisent… soudainement remplacées par des scènes de manifestations de joie dans les rues : sous la coupe de thuriféraires, les partisans, les supporters et les badauds proclament la victoire du casting. Cortèges, klaxons, youyous, «vive…»… fusent de partout. (9) Les énergumènes incrustés dans les centres de tri font écho aux nouvelles de la rue. La garde des représentants des partis tombe… L'opinion est faite : la victoire du pouvoir déjà se fête partout. Tout est joué ! L'annonce fait diversion, prend de court l'opposition… disgraciée. Le soupçon sur la préparation à l'avance des chiffres égrenés précieusement (nombre de votants, abstentions, scores…) pèse lourdement. Mais le pouvoir est l'autorité souveraine que la contestation n'atteint point. Le truc passe.(10) Nonobstant en instrumentant les énergumènes, rompus aux méthodes musclées, aux nouvelles magouilles nécessitant imagination et intelligence, incapables d'innover, mal dans leurs déguisements apprêtés à l'air du temps, avec leurs tours sombrant dans la redondance, le pouvoir rate lamentablement sa mystification en vain calibrée à l'aune de la démocratie. Ses stratagèmes deviennent accessibles à la compréhension, l'écheveau de son sceptre n'est plus abscons. Sur la scène, les subterfuges des acteurs pour sauver leur rôle se multiplient lamentablement. A la suite d'attaques virulentes le ciblant — en réplique à sa campagne agressive contre la presse et sa liberté — un ministre s'éclipse dare-dare du devant de la scène : une information le donnant très malade se met à circuler, refroidissant aussitôt les ardeurs discréditant. Mais pour l'opinion avertie du feuilleton Bensaâd-Betchine de l'été 1998, la nouvelle (vraie ou fausse) de la maladie ne participe-t-elle pas de la réaction de retrait réflexe à un stimulus importun (la déstabilisation de la scène) ? Le subterfuge ne sert-il pas précisément à conjurer l'ambiance malsaine ayant débouché sur la démission de Lamine Zeroual ? Or le même stratagème est fréquemment retrouvé à l'identique. En effet, à quelques semaines de l'élection présidentielle de 2004, lorsque se trouvant à Tunis, l'équipe algérienne de foot rate son match de demi-finale contre le Maroc le 8 février (alors qu'elle mène au score 1-0 jusqu'à la fin du temps réglementaire, à la fin elle est battue 3-1) et qu'à Alger, les supporters frustrés s'échauffent faisant courir le risque de son embrasement, le bruit que «l'équipe algérienne gagne sur tapis vert, la Fédération algérienne de football ayant émis des réserves» naît instantanément et se propage à la vitesse de la lumière, balayant entièrement le territoire national. L'information plonge les esprits dans l'expectative et les anesthésie. Obviant extraordinairement aux incertitudes qui planent ! Plus limpide encore est la «disparition» du président au moment où les citoyens dénoncent en chœur la cherté de la vie, reproduisant l'ambiance électrique dans laquelle advint «l'émeute de la semoule» (octobre 1988), faisant redouter une «sédition de l'huile» : la rumeur le donne tantôt malade, tantôt disparu. Il est même question d'attentat… Et le ras-le-bol des foules qui ont la rage est miraculeusement jugulé !(11) Mais plus prosaïquement, que sont les desseins d'un tel pouvoir ?L'ambassadeur de la GB remarque : «La société est confrontée aux problèmes de santé, d'éducation, de chômage et des prix du lait et de la pomme de terre…» Y a-t-il mieux pour spécifier le souci des prétendus décideurs ? Tandis que le théâtre claironne la priorité à l'éducation nationale, (scolarité gratuite, obligatoire…), après des années d'enseignement tout-scolaire, l'Algérien, culturellement lamentable, vidé de son énergie dans les enclos appelés spécialement établissements, centres de formation, campus…, insidieusement poussé à consumer le legs de ceux qui ont dans un combat féroce peiné pour l'acquérir et le lui confier, est carrément dépouillé de l'entendement critique, cruciale pour sa sauvegarde. Sur la scène que «la flambée du prix du baril» pare d'éblouissants décors folkloriques pompeusement proclamés chantiers présidentiels, marécageuse, une faune d'affreux affairistes émerge «mecs» nouveaux riches, nouveaux promus… s'offrant en priorité une villa, une voiture de luxe, une nouvelle «nana», négligeant — ou la délaissant carrément — l'épouse des années des vaches maigres, pour un ostentatoire destin égocentrique ! Certes, bien évidemment, le clou du spectacle reste la justice : paillasson sur lequel les terroristes, la pègre et les opportunistes de tout acabit viennent essuyer leurs chaussures — qu'ils y trouvent à leurs pieds — du sang, des sueurs et des larmes des victimes spoliées de leurs biens, martyrisées, sacrifiées ! Le pouvoir harangue le monde sur les horreurs algériennes !(12) A la fin de cette triviale et malheureusement funeste «instrumentologie»(13) du spectacle de marionnettes, que pouvons-nous en inférer relativement à la réalité des coulisses ? Si les décisions, décrets, instructions… d'où qu'ils émanent, prêtés aux autochtones, sont un tissu d'insanités et qu'une fois décryptés, ils sentent les lois d'exclusion, alors ils sont l'émanation de l'exécrable code de l'indigénat et ne peuvent par conséquent provenir d'ailleurs que de bauges ! (14) Claude Estier interviewé par S. Raouf relate : «… En juin 1949, journaliste accrédité à l'Elysée, j'avais couvert la visite du président Vincent Auriol. Une visite surchargée de cérémonies fastidieuses. Cette débauche protocolaire n'était pas dénuée de calcul. C'était une manière d'empêcher les journalistes de voir de très près la réalité algérienne…» Une propagande propre à l'administration coloniale, et à l'évidence, la réalité algérienne n'a pas changé d'un iota depuis 1949, ce sont toujours les mêmes qui «entreprennent» avec le même modus operandi. Car pour inaugurer un édifice ou une trémie, les façades des immeubles d'alentour sont ravalées, les chaussées refaites et des foules sont rassemblées par des thuriféraires recruteurs et rabatteurs(15), tous mobilisés pour le show d'accompagnement de l'autorité, la visite couverte méticuleusement par l'ENTV et précieusement diffusée pour enjôler les crédules. Notes de renvoi : – 1) La pratique du pouvoir et la gouvernance dans notre RADP sont présentées par le président de l'Assemblée populaire nationale, Dr Ziari, comme suit : «La notion d'alternance au pouvoir et le principe de la limitation des mandats…(sont) une invention diabolique de l'impérialisme rampant et tentaculaire conçue expressément pour maintenir au stade primitif les continents africain et asiatique.» – 2) «On fait le serment sur le Coran de respecter la Constitution et on fait autre chose», déclare l'ancien président Chadli Bendjedid (rencontre sur la 1re base de l'est d'El Tarf) – 3) Toutes les moutures sont un tissu de contradictions. Pour exemple, l'article 2 «L'Islam est la religion d'Etat» est blasphématoire ! Les éléments de nos corps d'armée et de sécurité n'arborent pas la barbe de la sunna ; le code de la famille est à mille lieux de la charia (le mariage, l'héritage… ne sont pas régi par la loi coranique… L'Islam à l'algérienne n'a pas d'équivalent : il serait spécifique comme le fut notre socialisme ! – 4) Nous serions tentés de croire que le chef d'Etat fraîchement élu, dès lors qu'il identifie le pouvoir «phénomène avéré», tout en souscrivant momentanément à son script, revendique le rôle titre sur la scène, commande le droit de regard sur le casting et de la sorte entend mettre le holà à l'omnipotence de ce pouvoir. En le dénonçant publiquement, le président le brave et proportionne sa «temporalité», ce qui constituerait un fait marquant. Pourtant, rien n'exclut que tout soit purement factuel ! – 5) Mohamed Boudiaf appelé pour la répression du Front islamique du salut victorieux du Front de libération nationale tient de la dérision, puisque lui-même a, dès la proclamation de l'indépendance, réclamé la dissolution de ce parti alors unique ! Son élimination témoigne plutôt de son long éloignement effectif de la scène : quand il y réapparaît, c'est un corps étranger aussitôt attaqué. Ce phénomène est connu dans le monde biologique, Darwin s'y est penché. – 6) Nous pressentons que le pouvoir a également perdu de sa superbe devant le dogmatique Abbane Ramdane incarnant le parfait idéologue communiste, latitude que le pouvoir pensait au-dessus de l'intellect algérien ; face au clairvoyant Djilali Liabes qui préconisait le profil du responsable instruit, cultivé, faisant peser la menace sur tous les suppôts incultes du système, bardés ou non de diplômes ; vis-à-vis de Abdelhak Benhammouda qui ambitionnait de créer un parti de patriotes apte à remettre en cause ce que lui le pouvoir a mis tant d'années à ourdir. A chaque fois, l'élément pernicieux accompagnera la perte de sa superbe de massacres d'intellectuels (La Bleuite, le FIDA…). «Des règlements de compte ?», comme les propos attribués à Houari Boumediène, rapportés par Taleb Ibrahimi dans ses mémoires, le laisseraient entendre ? – 7) Boualem Sansal, à propos de son livre Le Village de l'Allemand ou le journal des frères Schiller fait le parallèle entre l'hitlérisme et l'islamisme («la frontière entre islamisme et nazisme est mince», entretien présenté par Grégoire Lemenager in Biblios.com). Or la réalité qui sert de base à son histoire appelle quelques réserves. Si le Mossad traquait partout les nazis, comment un ancien tortionnaire SS pouvait-il s'exposer en tant qu'expert auprès de l'état-major de l'ALN et après l'indépendance enseignée dans l'académie militaire de Cherchell sans être inquiété ? Les Israéliens faisant de surcroît de la révolution algérienne leur propre champ de bataille, des communistes juifs y ont activé intensément et, dès l'indépendance, quelques-uns ont occupé des postes importants au sein du gouvernement algérien (conseillers, ambassadeur à Cuba…) ? – 8) Il ne faut pas s'étonner des extravagances de ceux qui présentent la démocratie comme une «denrée» de Blancs. Un prix Nobel de médecine (James Watson pour le citer) divagua : «Les Noirs sont moins intelligents que les Blancs !» Un autre scientifique, l'Irlandais Richard Lynn a prétendu que «le QI des Européens était plus élevé que celui des Africains». – 9) A la fin du discours du 12 octobre 1988 du président Chadli Bendjedid, alors que le feu qui a embrasé le pays n'était pas encore éteint, des youyous fusèrent dans les rues des villes : c'étaient les cris des pauvres femmes des maisons de tolérance que des autorités locales avaient fait sortir de leurs lits pour la circonstance ! – 10) Surveiller les urnes ne sert à rien (le 17 mai 2007 13% ont voté). Que représentent l'APN et le Sénat depuis ? Et que signifie l'invite aux observateurs étrangers si la révision de la Constitution s'est faite au grand dam de la démocratie ? – 11) La situation actuelle, un vrai capharnaüm (velléité de pluralisme, combat de la presse, systématisation de la corruption, impunité…) offre aux comédiens de tous bords l'opportunité de «créer» leur propre rumeur et la possibilité de parasiter le scénario du pouvoir ! Ce qui, en regard de la compréhension de la problématique (s'intéresser aux tenants et aboutissants des on-dit), n'est d'aucun apport : «la guerre des clans», qui passe pour une lutte pour la possession du pouvoir, point de vue largement répandu, n'est qu'un mirage ! C'est une rivalité pour des rôles. – 12) Qui se résume à deux lois : 1- «Sus à l'autre !» (dans notre jargon cela donne tag ala man tag avec «l'autre» non pas le compatriote, notion inconnue, mais le quidam) et son corollaire : loi 2- «la hogra !» (qui détient un pouvoir, une prérogative dévalorise le vis-à-vis). Il ne s'agit pas de «l'état de nature» mais bien d'un «état social» (le Léviathan, Thomas Hobbes) puisque toutes les institutions sont parties prenantes de cet état de fait. – 13) Le terme est emprunté à Microsoft ® Encarta ® Histoire de la sorcellerie. – 14) Les gouvernants, les comédiens du pouvoir, réussissent-ils dans leur rôle ou échouent-ils lamentablement ? L'exercice de style, trop obscur, est-il hors de portée de leurs aptitudes ? – 15) Le 26 janvier 2009, je me rends pour la énième fois à la direction de l'OPGI de Tlemcen pour «l'attestation de possession de logement». J'attends dans le hall de la réception que le responsable, absent de son bureau, se manifeste. A son passage, je l'interpelle en me présentant. Il avoue s'en souvenir et rejoint son service accompagné de visiteurs déjà présents. Après une demi-heure d'attente, à 14h30, une femme portant un cartable noir, vêtue d'un ensemble mauve et coiffée d'un béret de la même couleur, se fait annoncer chez l'administrateur par le réceptionniste. Elle est reçue illico. «Dr Merzagui, ‘‘il'' vous demande de patienter un peu», me transmet le réceptionniste. A 14h45, je quitte les lieux de torture pour aller récupérer mes petits, après avoir transcrit les faits sur le registre de doléances. Forcément, la horde des rabatteurs appartient à cette engeance ! – 16) «Après la façade démocratique, Bouteflika impose la vitrine ultralibérale en solution de pouvoir personnel ; le sens d'un mensonge» par Cherif Belkacem ; El watan 20 mars 2005 – 17) Les auteurs et les signataires du NION (Not In Our Name), Michael Moore (Fahrenheit 9/11), les professeurs J. Mearsheimer et Stephen M. Walt (étude sur l'influence des lobbies pro-israéliens sur la politique étrangère américaine)… – 18) Le guide libyen Mouammar Kadhafi en est venu à cette initiative après le constat de sa politique rançonnant le peuple. – 19) Dans L'Opium et le Bâton de Mouloud Mammeri (cela se passe durant la guerre d'indépendance), le personnage Tayeb distribue aux familles affamées seulement la moitié de leur ration (leur bien), une façon de les tenir en sujétion — sensée rassurer l'oppresseur. Notons tout de même et contrairement à ce qu'éditent des écrivains, «l'habitation n'est pas le desiderata obsédant» de l'Algérien (sauf peut-être pour les spéculateurs), puisque les démunis sont soumis par toutes sortes de contraintes à la quête infernale et continue d'un toit, et que celui-ci prend la forme d'une perspective fuyante ! De surcroît, sachant que la catégorie de gens incapable de construire ou d'acquérir une habitation est exclue de fait de l'allocation des cinq cent (ou sept cents) mille dinars, la soi-disant aide de l'Etat ne peut-être qu'une iniquité doublée d'une contrevérité sardonique. Tout le social est d'ailleurs fondé sur cette logique diabolique. Nos institutions sont liberticides ! L'Algérie est pour les masses un horrible caveau glacial. Le monde de Kafka est en comparaison un centre de loisir. Et c'est voulu.