En 2008, le ministre de l'Habitat en exercice a reconnu le poids posé au secteur par l'insuffisance des études à l'échelle nationale (quotidien Liberté du 28 janvier 2008). Le président de l'Ordre des architectes d'Alger, membre du conseil national, rend le verdict que nous citons : «Nous n'avons pas su faire notre métier.» (quotidien EI Watan du 3 juin 2008). Ce verdict résume la crise de l'architecture et la crise urbaine dues à la déviation de la mission d'architecte équivalente à la confusion des études techniques du bâtiment et d'architecture, confusion à laquelle est confronté le secteur de l'habitat depuis 1962 à nos jours. Reconnaître ne pas avoir su faire son métier après l'avoir exercé pendant des décennies dénonce l'épineux problème actuel, né de cette confusion qui ravage ce secteur et justifie les conséquences citées plus haut. Cette confusion est génératrice d'irrégularités qui sont devenues légitimes et les abus persistants, générés par les études bâclées ou insuffisantes, ont eu tout le temps de prendre du poids et de l'autorité par la distance du temps et la force de l'habitude, tel qu'il est périlleux de s'élever contre les usages reçus, comme nous ne cessons de prendre le risque de le faire. Le ministre de l'Habitat en exercice a eu raison de déclarer publiquement qu'il est temps de rompre avec les anciennes pratiques, sous-entendues improductives et les concours, consultations… n'ont eu pour effet que de reproduire les mêmes erreurs. Malheureusement, à chaque fois, nous sommes confrontés aux aventures de toutes sortes, d'expériences sujettes à des irrégularités, facteur aggravant la crise du logement. En faisant appel au changement impératif dans son discours préliminaire aux assises de l'architecture, tenues à l'hôtel El Aurassi en 2006, le président de la République a soulevé le problème du secteur, en ce qui concerne les études en amont censées mener à bien et à terme les programmes étatiques du logement. Face à cet appel, la question suivante reste posée : quelles recommandations ou lois aussi savantes soient-elles, dans n'importe quel pays le plus civilisé du monde, peuvent-elles intervenir dans le changement d'une discipline, l'architecture, lorsque la création s'organise avant tout par rapport à un système fondamentalement personnel ? «Nous n'avons pas su faire notre métier» est la première réponse fournie plus haut à cette question presque deux ans après le discours du président de la République. Aussi, nous nous faisons un devoir de répondre à cette question-clé en tant qu'architecte forgé par l'esprit rationaliste, né de la transformation de l'esprit cartésien d'ingénieur au nom associé à de nombreuses études et suivie de chantier des projets actuellement en service, parmi lesquels nous citons l'université de Laghouat, le complexe national de la Protection civile de Dar El Beïda, le réseau d'alimentation en eau potable du port d'Alger, le drainage du bâtiment d'expositions et ses alentours de l'Académie militaire interarmes de Cherchell… De l'esprit d'ingénieur, nous avons appris qu'il suffit de savoir travailler pour résoudre les problèmes techniques les plus complexes. L'esprit d'architecte nous a appris qu'il ne suffit pas que l'on sache travailler, qu'il importe surtout que l'on apprenne à penser l'espace dans toute sa perception plastique, tridimensionnelle autour de la dialectique fécondatrice de cet espace définie par l'objet de l'architecture et son principe constant. C'est toute une remise en cause de notre parcours d'ingénieur que nous avons découvert incompatible avec un métier (l'architecture) exigeant par rapport à tous les métiers du bâtiment. La crise du logement est le défi actuel auquel est confronté l'Etat algérien. Cette crise pose inéluctablement la problématique : comment réaliser en masse, dans les meilleurs délais, au moindre coût dans le respect de la qualité conformément à la nécessité d'un programme surfacique clair ? Cette crise chronique nécessite incontestablement une thérapie de choc conférée par la rationalisation des solutions architecturales. La réponse à cette problématique impose une attitude de défi, d'abord avec soi-même dans le travail personnel hors des structures officielles de la culture algérienne de faire de l'architecture en jetant au rebut les lourdeurs des usages reçus des autres cultures occidentales… et en rejetant l'approche classique universellement admise (esquisse, APS, APD,) que nous avons découvert infructueuse à la conception du logement collectif, subordonnée à un programme surfacique et à un coût d'objectif à respecter. C'est dans cette attitude nouvelle que nous avons découvert les secrets de la révolution du bâtiment, fondée sur le principe constant de la disposition modulaire de la structure horizontale, de module carré, de l'étage courant d'un bâtiment, disposition idéale reconnue sans réserves par les services compétents du CTC, en raison des meilleurs délais des calculs les plus faciles de la structure et la mise en œuvre la plus simple et la plus rapide de celle-ci. C'est dire qu'une conception architecturale fondée sur une démarche scientifique aboutit incontestablement à cette révolution. C'est dans la forme géométrique la plus simple et la plus économique du carré de cette disposition que nous avons trouvé le secret des délais «inconcurrençables» conférés par le coffrage standard le plus simple au monde, le secret des coûts «inconcurrençables» générés par cette disposition parfaitement régulière de la structure et des murs droits translatables qui se coupent en angle droit, le secret de la commodité parfaite des logements, le secret de la plus large variation de la hauteur sous plafond, le secret de la plus large variété de formes (plus de 30 formes) de bâtiments et de l'extensibilité de ces derniers aux tours de (n) niveaux dans le programme en vigueur des types de logements F3 et F4 valables au logement social, au logement social participatif, au logement location-vente… le secret de la meilleure industrialisation possible de la plus large variété de formes de bâtiments qu'assure la régularité parfaite de la structure et les façades modulaires parfaites débarrassées de la symétrie bilatérale, le secret de l'adaptation d'une conception originale à tous les programmes de logements et à leurs programmes surfaciques respectifs, le secret d'une œuvre à l'abri de tous les surcoûts éventuels des fondations les plus coûteuses qu'elle autofinance sous couvert de la variable de la portée unique sans jamais dépasser le coût d'objectif, le secret de la mise en équation mathématique de tous les types de logements en tant qu'instrument scientifique de détermination rationnelle de leurs programmes surfaciques, conformément à la rationalité du coût d'objectif, le secret de l'architecture homogène non ségrégative pour le grand nombre appartenant à toutes les classes, le secret de la magnificence du tout, exceptionnellement le plus simple, comme but recherché en architecture, témoigné par les vestiges archéologiques et du patrimoine de toute l'histoire de l'humanité à l'échelle planétaire. Tels sont les secrets du nouveau concept intitulé «Architecture et structure modulaire» adaptable à tous les systèmes constructifs. Telle est à la fois la réponse idéale à la problématique posée par la crise du logement et la question énoncée plus haut. C'est une preuve que tout changement exigé dans le secteur de l'habitat ne peut être apporté que par l'architecture qui cache les secrets de toutes les solutions radicales à la crise du logement. C'est aussi une preuve qu'un architecte, doté simplement de sa vision personnelle du monde en phase de conception, dans un désintéressement total hors de toute pression et de toute contrainte, n'a besoin ni de moyens matériels (ordinateurs… ) à part le crayon et du papier blanc, ni de moyens financiers, ni de présence humaine gênante, ni de délais butoirs pour provoquer la révolution du bâtiment, lorsqu'il est connu qu'il n'y a aucune démarche universelle de faire de l'architecture. La paresse, même exagérée, est pour nous une grande source de créativité en architecture. L'architecture se présente comme un mythe proposé à la révélation de sa démystification par l'architecte dans une grande délivrance. Il est dit qu'une œuvre d'art n'est jamais achevée. Elle ne l'est pas, parce qu'elle n'a pas eu tout le temps qu'elle mérite pour qu'elle le soit. Dans le cas de notre conception du logement collectif, nous lui avons consacré tout le temps qu'elle mérite pour qu'elle soit une œuvre achevée, ayant la particularité de renouer avec l'architecture internationale de l'entendement humain universel utile à tous les pays touchés par la crise du logement. Nous avons fait la conception d'un corps architectural nu, un organisme vivant parfaitement structuré et parfaitement harmonieux compatible avec tous les matériaux de construction des plus économiques aux plus chers qui peuvent le composer. Une architecture internationale de tout lieu qui appartient à tous les temps modernes et à toutes les cultures de l'univers terrestre, conforme à l'esprit conservateur des milieux urbains historiques et à l'esprit «moderne» novateur dans le traitement infini des façades. Une œuvre d'art en architecture résiste au temps et au passage des hommes, comme en témoigne l'architecture grecque fondée sur sa philosophie ayant fait sortir le monde occidental de l'ignorance grâce aux Arabes. Dans notre vision d'architecte, une œuvre d'art achevée dans toute sa phase de conception en architecture est personnelle et a le privilège incontestable de régenter tout le processus de l'acte de bâtir de l'amont à l'aval. Elle est une œuvre d'art collective dans toute sa phase de réalisation que nous considérons en deux étapes : l'étape d'exécution systématique de toutes les études techniques qui prépare l'étape de sa mise en œuvre matérielle, dont les meilleurs délais ne sont rien d'autre que la confirmation d'une conception architecturale bien faite. Les études techniques du bâtiment sont régies par des règles scientifiques universelles claires, telles que leur bâclage ou leur insuffisance ne sont en aucun cas tolérés quand on est compétent en la matière. Les études d'architecture ne sont régies par aucune règle universelle. Telle est notre contribution à l'éclairage des études du bâtiment posées comme problème actuel lourd au secteur de l'habitat, reconnu publiquement par les plus hautes autorités de l'Etat. Telle est notre réponse à l'appel du président de la République. L'auteur est architecte, DPLG Ingénieur d'Etat spécialisé en VRD