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La chasse en violation de la loi
Publié dans El Watan le 17 - 02 - 2009

Ils sont signalés dans les wilayas d'El Bayadh, de Laghouat et de Béchar pour chasser l'outarde houbara et la gazelle dorcas alors que la chasse est strictement réglementée.
Ce n'est certes pas un fait nouveau. L'Algérie, qui possède une faune et une flore riches et très diversifiées, a déjà subi – depuis d'ailleurs l'époque du président Boumediène – une régression sans précédent en la matière. Sa biodiversité avait alors pris un coup malgré des restrictions. Fort scrupuleux quand il s'agit de défendre chez eux ce type d'espèces, ces braconniers n'hésitent pas à venir décimer l'outarde et la gazelle en Algérie, particulièrement dans les wilayas de Naâma et de Ghardaïa où ils pratiquent leur sport préféré en toute impunité, après qu'ils les ont déjà exterminées en Tunisie et au Maroc. Pourtant, la loi interdit cette chasse et des conventions internationales visant à protéger l'outarde ainsi que d'autres espèces en voie de disparition, dont la gazelle dorcas, ont été ratifiées par l'Algérie – la plus importante étant la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Mieux, conscientes du danger qui guette la faune, les autorités ont même décidé, en juillet 2006, de mettre le holà à ce massacre.
Les pouvoirs publics ont alors promulgué l'ordonnance présidentielle n°06-05 du 15 juillet 2006 censée contribuer un tant soi peu à la conservation de la biodiversité. Cette ordonnance est supposée prendre en charge le problème des espèces animales menacées de disparition dans les zones écologiques d'Algérie. Elle dresse d'ailleurs une liste non exhaustive d'animaux menacés de disparition composée de 23 espèces réparties en trois classes.
23 espèces menacées
Les animaux concernés sont «les espèces de faune sauvage dont l'existence en tant qu'espèce subit une atteinte importante entraînant un risque avéré d'extinction et qui, de ce fait, font l'objet de mesures de protection et de préservation particulières». Ainsi, dans la classe des mammifères, l'ordonnance interdit et punit la chasse du mouflon à manchettes, de la gazelle rouge, de la gazelle de l'Atlas, du fennec, du guépard, du chat des sables et de l'addax. Dans la catégorie des oiseaux, le législateur a énuméré sept espèces protégées, dont la fameuse outarde houbara, particulièrement prisée et ciblée par les braconniers du Golfe pour ses vertus aphrodisiaques. Officiellement donc, la chasse est fermée pour l'outarde houbara, la grande outarde et la canepetière. La mesure vaut également pour la chasse de l'ibis chauve, du faucon pèlerin, de l'érismature à tête blanche et du faucon crecerelle. L'ordonnance approuvée classe également la tortue grecque, le fouette-queue et le varan du désert dans la liste rouge. Le texte s'appuie sur les articles de la Constitution qui portent sur la préservation et la protection de l'environnement, sur la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, signée à Washington le 3 mars 1973 et à laquelle a adhéré notre pays en décembre 1982. Et enfin sur la Convention relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage établie à Bonn le 23 juin 1979 et approuvée par l'Algérie en mars 2005. «La chasse des animaux mentionnés sur la liste fixée à l'article trois de la présente ordonnance est interdite par tout moyen», précise le texte réglementaire, qui ajoute que sont également interdits «la capture, la détention, le transport, la naturalisation et la commercialisation des animaux ou parties d'animaux d'espèces menacées de disparition». La seule dérogation à cette mesure coercitive demeure l'utilisation de spécimens de ces animaux à des fins scientifiques ou de reproduction pour repeuplement.
Cependant, l'application de cette ordonnance sur le terrain pose visiblement encore problème. Sinon pourquoi la chasse à ces espèces animales est-elle toujours ouverte pour les émirs du Golfe ?
En février 2008, cinq braconniers, dont deux ressortissants koweitiens, avaient été pris en flagrant délit de violation de cette loi – l'ordonnance promulguée en 2006 – sur la protection des espèces animales en voie d'extinction et condamnés à une peine de 18 mois de prison avec sursis. Les contrevenants avaient été arrêtés alors qu'ils s'adonnaient à la chasse illégale à l'outarde.
Cela étant dit, dans le cadre de la politique de préservation et de protection des espèces animales menacées de disparition, le gouvernement avait mis en place une commission présidée par le ministre de l'Agriculture.
Comme mesures dissuasives, cette réglementation prévoyait des sanctions sévères «visant à décourager tout braconnage».
Les mesures dissuasives
Les contrevenants sont passibles d'une peine de prison de un à trois ans et d'une amende de 200 000 DA à 500 000 DA. Et en cas de récidive, cette peine est doublée. Le texte n'omet pas de souligner que même les complices seront punis d'emprisonnement et contraints à payer une forte amende. Les aires et zones désignées comme étant des périmètres d'habitat, de reproduction ou de repos de ces espèces sont également protégées, puisque «tout usage, activité, construction ou établissement non expressément autorisé» y est interdit.
La loi ne punit pas seulement ceux qui sont reconnus coupables de chasse interdite, mais aussi «toute personne ayant permis, facilité, aidé ou contribué par quelque façon que ce soit à la chasse ou à la capture, la détention, le transport et la commercialisation» des animaux visés dans l'article 3.
Ces intermédiaires sont passibles d'une peine de prison de un à deux ans et d'une amende de 100 000 DA à 300 000 DA.
D'autres lois et règlements censés défendre la nature et les patrimoines naturels – loi forestière, code des eaux, loi sur la chasse, sur l'environnement -, promulguées par le passé, sont toujours en vigueur. Malgré ces lois, les responsables ne semblent pas avoir pris toute la mesure du danger qui guette la faune. Le danger est là. Des braconniers du Golfe sont là. Seulement, personne ne semble en être au courant, y compris Djamel Berchiche, chargé de communication au ministère de l'Agriculture, contacté dimanche et qui affirme n'avoir reçu aucune information quant à une opération de chasse menée dans le Sahara algérien par des émirs du Golfe.
Ce dernier, après avoir contacté les services de la direction générale des forêts, a tenté de démentir l'information selon laquelle des opérations de chasse, menaçant les espèces d'animaux en voie d'extinction et l'écosystème en Algérie, seraient organisées.
La question qui s'impose est de savoir qui a autorisé ces braconniers à faire du «tourisme de plaisance» sur nos territoires.


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