A chaque début de saison estivale, les jeunes, se ruent sur les espaces de vente des lunettes de soleil. Faute de pouvoir s'offrir des lunettes de qualité, souvent à des prix exorbitants, ils se rabattent sur des lunettes vendues à bas prix au niveau des marchés. Ces lunettes exposées à même le sol sans aucun contrôle préalable de qualité, font bien l'affaire des citoyens lambda, les maigres bourses... La majorité opte pour ces produits dont le prix se situe dans la fourchette des 200 à 400 DA, sans savoir que ces gadgets peuvent bien constituer un danger pour leurs yeux. Les opticiens que nous avons consultés sont catégoriques : « Ces produits dont l'origine, encore moins les caractéristiques ne sont pas connues peuvent être à l'origine de cécité à partir de 50 ans », une résultante qui dépend des rayons ultra-violets (UV) que ces lunettes n'arrivent pas à filtrer. M. Lounès Nabil opticien à Bouira, dira que les produits achetés sur le marché parallèle ne sont pas du tout conformes à la norme technique requise en la matière, que ce soit pour les verres ou les montures. « On ne doit pas acheter des lunettes sans tester la conformité des verres. Dans ce cas, une paire 100% UV simple coûte 2500 DA et peut atteindre plus de 8000 DA avec des verres polarisés, incassables ou anti-reflets. Les montures à base de plastique acétate, sont chères mais sûres. D'ailleurs, il y a des clients qui viennent acheter des lunettes conformes suite à des allergies et des rougeurs des yeux provoquées par des lunettes non traitées ». Pour notre interlocuteur, celui qui porte des lunettes solaires sans filtre UV 100% se limite à un éblouissement de la lumière qui provoque la dilatation de la pupille permettant aux rayons UV de s'infiltrer davantage et provoquant ainsi des pathologies qui affectent les yeux. Un ophtalmologue que nous avons interrogé sur les affections à l'origine des UV dira que « les UV provoquent la dégénérescence et la photo-toxicité (éclipse) maculaire liée à l'âge, la cataracte liée au vieillissement du cristallin, sont les principales maladies entraînant une perte progressive de la vision centrale, provoquant une difficulté à la lecture ainsi qu'une sensation d'avoir un « trou noir » au milieu du champ de vision ». Notre interlocuteur explique que le risque est moindre pour les yeux exposés directement au soleil. Par ailleurs, quelques utilisateurs de ces lunettes, que nous avons abordés, déclarent qu'elles ne sont pas à la portée de tout le monde. « J'achète celles de 300 à 400 DA, car je n'ai pas les moyens financiers nécessaires pour commander des lunettes chez l'opticien », dira un jeune arborant des Ray-ban bon marché. En somme, l'absence totale de contrôle de ces marchés libres et l'inexistence de campagnes de sensibilisation des services compétents quant au danger que représentent ces lunettes, fait que les citoyens continuent à se rabattre sur ces gadgets pour le moins dangereux.