Le commerce informel prolifère, partout en Algérie, d'une façon fulgurante. A Alger, on aperçoit des centaines de jeunes étaler leurs marchandises à même le sol, sur des trottoirs, principalement aux alentours des marchés. A l'approche de l'été, comme c'est le cas actuellement, les lunettes de soleil sont bien vendues. Sur des tables, alignées les unes près des autres, des montures de taille et couleurs différentes attirent les passants de la place des Martyrs, un quartier d'Alger. On trouve des contrefaçons de lunettes, qui se vendent à des prix concurrentiels. Pour 200 DA, on peut s'offrir les lunettes de son choix. Les vendeurs, comme Ibrahim qui vient du Nigeria, certifient que leurs montures proviennent de pays européens comme l'Italie ou l'Espagne. Il ne faut surtout pas parler de Chine, les lunettes qui y sont fabriquées sont, semble-t-il, de mauvaise qualité, d'après des revendeurs. Quant aux grossistes, ils affirment que les lunettes qu'ils proposent aux détaillants sont principalement achetées en Chine et en Espagne. En fait, ce qui est difficile, c'est de savoir l'origine algérienne de la fourniture. Pour les opticiens, les lunettes, qui sont revendues dans le marché noir, sont dangereuses pour les yeux. « Elles sont fabriquées avec du verre qui réchauffe la rétine, causant ainsi de graves lésions », précise un opticien de Bab El Oued. Le spécialiste ajoute que ces montures sont fabriquées avec des déchets de métaux et qu'ils peuvent être à l'origine d'allergies. Une opticienne a relevé le rôle préventif que doit jouer le ministère de Santé. Le spécialiste des verres médicaux ajoute que ce genre de produits contrefaits ne devrait même pas exister sur le marché. Le lunetier justifie le prix élevé des lunettes fabriquées par des spécialistes, en disant : « Ce qui coûte cher, c'est le traitement des montures. » Les opticiens se disent outrés par l'indifférence des pouvoirs publics face au problème de la cherté des lunettes médicales. Ils leur reprochent de « pousser les gens à l'achat de montures contrefaites ». Les lunetiers ne manquent pas de dénoncer la concurrence déloyale. Un opticien assure que « le commerce informel de ces lunettes de soleil continuera, aussi dangereux soit-il ». Tant que le soleil existe ?