«Il ne pouvait pas y en avoir plus ; si le choix s'est porté sur ce nombre réduit, c'est pour permettre aux photographes d'exposer plus d'une œuvre», fera remarquer Mohamed Djehiche, directeur du MAMA, qui affirme vouloir pérenniser cette initiative en invitant des photographes chaque mois de mars. Le vernissage de l'exposition est prévu pour demain, 1er avril. Le commissaire de l'exposition, Omar Meziani, lui-même artiste plasticien prouvé, fera remarquer dans sa présentation que l'exposition introduit les regards d'artistes plasticiens et de photographes qui «utilisent l'œil de l'objectif pour construire à partir d'éléments visuels quotidiens une esthétique intimiste impliquant des images statiques et d'autres, animées». Les styles des photographes, jeunes et pour la plupart inconnus, «balancent» entre la photographie de composition, contemporaine et les arts de vidéo. Tout y passe : des paysages anthropomorphes tirés des rythmes urbains et d'autres industriels représentant la vie de tous les jours, celle à laquelle on finit par ne plus s'intéresser. Fayçal nous donne à voir des roches où l'on devine des formes. Une envie d'humaniser les roches est là, présente. Samir Abchiche revient sur les pas des Touareg et le premier des leurs, Moussa Ag Amstane, Aménokal Kel Ghela de Tamanrasset, dont le palais a disparu. Il essaie, avec une ingéniosité toute particulière, de nous rappeler que l'histoire intime «des êtres se construit sur l'histoire de l'humanité», affirme Omar Meziani. Autre artiste habile, Mohamed Guesmia (Guès) prend en photo des chanteurs d'ahellil en mouvement. Le corps et l'âme font un, sans que l'un étouffe l'autre. Beaucoup plus loin au Nord, un autre photographe, Khaled Laggoune, nous fait voir les… containers imposants du port d'Alger et les images lancinantes de voyage et d'éternels départs qui s'y cachent. Travaillant de concert, Hakim Guettaf et Salim Aït Ali, des photographes qui ont chacun un parcours différent, veulent qu'Alger et sa périphérie soient «vus autrement», c'est-à-dire en dehors des clichés véhiculés par une certaine photographie coloniale.Rachida Azadou invente un paysage et un personnage, celui de Louise, un poisson rouge pris dans l'enchevêtrement des couleurs et du monde qui ne finit pas de l'étouffer. Ouatou Abderrahmane, lui, donne vie à un monde avec des matériaux enchevêtrés. Zakaria Djehiche explore les frontières et les césures dans le monde, en mettant en exergue l'expression du visage écrasé sur une vitre.