L'armée pakistanaise a indiqué, hier, avoir lancé une offensive dans un village du nord-ouest en bordure des zones tribales considérées comme des repaires talibans, en plus de celle menée depuis six semaines dans la région de Swat, située plus au nord. Les forces pakistanaises ont donné l'assaut à Jani Khel, un village de Bannu, un district en lisière des zones tribales semi-autonomes du Waziristan du Nord et du Sud, à 150 km au sud de Peshawar, principale ville du nord-ouest, a annoncé un responsable militaire sous couvert d'anonymat. « Nous utilisons de l'artillerie et des hélicoptères de combat pour pilonner les positions rebelles », a-t-il ajouté. « Au moins 33 rebelles ont été tués » dans les combats jusqu'ici, a déclaré dans l'après-midi le chef de la police locale, Deen Nawaz. Un autre responsable de sécurité a lui fait état, sous couvert d'anonymat, d'« au moins 40 rebelles tués au cours des dernières 24 heures ». Ces chiffres n'ont pas été officiellement confirmés par l'armée. Selon la police, l'opération a été lancée après des discussions entre les chefs tribaux locaux et le gouvernement qui demandait à ces derniers de livrer des talibans considérés comme responsables de l'enlèvement de dizaines d'écoliers fin mai. « Les forces ont bombardé les repaires rebelles pendant toute la nuit et la matinée dans la zone de Jani Khel », a précisé un responsable de la police locale, Khalil Zaman, en précisant que les autorités ont imposé un couvre-feu dans certains endroits. Toujours à Bannu, hier, une personne a été tuée et deux autres ont été blessées, lorsque des rebelles ont attaqué une maison à la roquette, selon M. Zaman. Mardi, l'armée pakistanaise avait officiellement démenti le lancement d'une offensive à Bannu, alors qu'elle était confirmée dans le même temps par des habitants et responsables locaux, dont ceux de la police. Les zones tribales semi-autonomes pakistanaises sont secouées par les violences depuis la fin 2001, lorsqu'elles sont devenues un refuge pour des centaines de talibans et leurs alliés d'Al Qaïda fuyant l'intervention militaire américaine qui a chassé les premiers du pouvoir en Afghanistan. Les talibans ont depuis étendu leur influence à l'est des zones tribales, notamment dans la vallée de Swat, se rapprochant de la capitale Islamabad. Sous l'intense pression des Etats-Unis, principal bailleur de fonds inquiet de cette progression, l'armée a engagé, fin avril, une vaste offensive visant notamment à déloger les talibans de Swat et ses environs, au nord de Peshawar. L'armée a indiqué, hier, dans un communiqué que 23 « terroristes » et deux soldats avaient été tués dans cette région au cours des dernières 24 heures. Tous ces bilans ne pouvaient être confirmés de source indépendante. Les talibans avaient averti à plusieurs reprises, ces derniers jours, qu'ils intensifieraient leur campagne d'attentats pour venger les leurs tués dans cette offensive. Sept attentats ont eu lieu depuis un mois à Peshawar, la grande ville du nord-ouest du pays, dont le dernier en date, une attaque suicide, mardi soir, contre un grand hôtel de la ville, a fait au moins 18 morts.