Le dénouement n'est, à vraiment dire, pas total. Les travailleurs ont suspendu leur mouvement de contestation pour éviter toute assimilation à une forme de pression durant la campagne électorale et plus, à priori, après la promesse d'une amorce de solution qui doit se traduire de manière imminente, par un premier versement de trois mois d'arriérés. D'après M. Ikhlef, le directeur de l'entreprise, le secrétaire général et le chef de cabinet de la wilaya «se sont engagés à saisir l'exécutif afin que le maximum soit fait pour lever les contraintes financières». Première à se manifester, l'APC de Béjaïa s'est engagée à honorer ses créances. La situation de crise, que vit la boite, ne date pas en fait de ces derniers mois. A sa création, entreprise de wilaya, puis d'abord promue au statut de société autonome et intégrant en 1997 le holding Est/Sud-Est Annaba, l'ETDE passe en 2005 en une entreprise, Reprise par ses salariés (RES), après deux années de procédures de passation. Une forme de privatisation dont les capitaux sont à 100% détenus par les salariés. Avec un bilan arrêté au 31 décembre 2003 (date de l'enregistrement de l'intention de reprise par les travailleurs), le passif hérité s'avère «lourd» pour les salariés, d'autant plus qu'aucune injection d'argent frais n'est concédée. «Il n'y a eu aucun accompagnement de l'Etat», déplore le directeur. «Le vide juridique a joué en notre défaveur», précise-t-il, un peu pour justifier le désengagement de l'Etat. Il existe un statut pour les entreprises publiques et privées mais pas pour les entreprises RES. Et le cahier de charges «verrouillé» exclut une ouverture à un actionnariat extérieur. Les travailleurs, du coup, se retrouvent avec une tirelire vide sur les bras. Créances, découverts bancaires, arriérés d'impositions et de charges sociales et professionnelles ne sont pas, dès lors, faits pour faciliter un bon décollage. Quoique, une ligne de crédit a pu être maintenue et de même une facilitation au niveau des contributions et des assurances. Un échéancier avait ainsi été arraché. Mais en 2008, le compte en banque est saisi, suite à un «problème» avec un fournisseur. La direction de l'ETDE se dit «flouée» dans l'affaire. Il n'y a donc plus d'argent pour travailler et réaliser le plan de charge. Un autre compte est ouvert, mais faut-il payer les dettes ? Les salaires ? Les assurances ? Les redevances fiscales ? On peine à gérer la maigre cagnotte. Même si au demeurant «les fournisseurs, mis en confiance par de fidèles rapports commerciaux, accordent des approvisionnements à terme». Toutefois pour renouveler le plan de charge et ne pas déposer le bilan, il faut arracher de nouveaux marchés, mais sans les mises à jour CNAS et Impôts (pièces exigées par la réglementation), les soumissions de l'ETDE seront carrément rejetées. Le personnel de l'entreprise avait cru à la fin de ses souffrances lorsque, récemment, l'union de wilaya de l'UGTA avait annoncé que l'Etat prenait enfin en charge les salaires impayés des entreprises en difficulté. Ce qui se traduira dans le fait pour la Sonitex de Kherrata, l'Enatb, unité Liège d'Aokas, l'entreprise du bâtiment, l'EPBTP de Béjaïa. Mais, au grand désarroi des travailleurs, l'ETDE en sera exclue du lot. C'est là, la «méprise» qui fera recourir à la grève de la faim. Toutes les autorités sont présentement touchées. La direction et le syndicat joignent leurs voix, à qui veut les entendre. Ils ne voient qu'une solution : «Une reprise de l'unité par l'Etat avec la garantie de maintenir inchangé l'organigramme du personnel».