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« Dans le cas d'un deuxième tour entre Ahmadinejad et Moussavi, ce dernier l'emportera » Karim Pakzad. Chercheur à l'Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS)
La victoire d'Ahmadinejad semble acquise mais certains sondages donnent Moussavi vainqueur. Quels sont les scénarios possibles ? Rien ne permet aujourd'hui d'affirmer que la réélection de Mahmoud Ahmadinejad est acquise. Mais il n'est en revanche pas battu d'avance. Depuis la fondation de la République islamique, c'est pour la première fois que l'issue d'une élection présidentielle est aussi incertaine. Quand, il y a quelques mois, l'ex-président Mohammad Khatami, que personne ne doutait de sa capacité de battre Ahmadinejad tant sa popularité reste importante en Iran, a renoncé à sa candidature, on pensait qu'Ahmadinejad pourrait plus facilement remporter les présidentielles. En effet, son principal rival, Mir Hussein Moussavi était apparu comme une personnalité non charismatique. De plus, il est resté en dehors de la vie politique publique pendant 20 ans, il n'est donc pas connu de la nouvelle génération. Or, Mir Hussein Moussavi a pu cristalliser le mécontentement de la population, notamment les jeunes et les femmes, dont leur désintérêt vis-à-vis des élections présidentielles de 2005 a permis à Ahmadinejad d'être élu à la présidence de la République. La mobilisation de ces deux catégories de la population au cours de ces dernières semaines en faveur de Moussavi est impressionnante. L'engagement total de Khatami et de la quasi-totalité des partis réformateurs en faveur de Moussavi n'est pas étranger à cette situation. Certains sondages, dont la fiabilité n'est pas a démontré, donnent une large victoire à Mir Hussein Moussavi. Une chose est certaine : dans le cas d'un deuxième tour entre Ahmadinejad et Moussavi, ce dernier l'emportera car le report des voix de Mehdi Karoubi vers Moussavi sera assuré. Que reproche-t-on à Ahmadinejad ? D'avoir délaissé la politique intérieure… Les adversaires d'Ahmadinejad, pas seulement les deux candidats réformateurs Karoubi et Moussavi, mais aussi le candidat conservateur Mohsen Rezaï reprochent au président sortant sa gestion de l'économie. Malgré 280 milliards de dollars de revenus pétroliers en quatre ans, l'Iran s'est appauvri. Une grande partie de cette manne pétrolière est dépensée pour importer des produits de consommation alors, qu'en même temps, des milliers d'usines ont fermé et que le taux de chômage va atteindre, selon la Banque mondiale, 23 % de la population active l'an prochain. L'inflation autour de 25 % a pesé lourd sur le niveau de vie des classes populaires, les électeurs d'Ahmadinejad, et les classes moyennes . Mais, les candidats réformateurs dénoncent également l'aventurisme d'Ahmadinejad en matière de politique étrangère l'accusant d'isoler l'Iran sur la scène internationale. Un autre thème très mobilisateur est la défense des droits des femmes et la liberté d'opinion avancée par eux. La présence de l'épouse de Moussavi dans la campagne électorale à côté de son mari a contribué à mobiliser fortement les femmes. Quel Iran se dessinerait dans le futur si Ahmadinejad venait à perdre ? Une défaite de Mahmoud Ahmadinejad serait lourde de conséquences sur le plan intérieur. Il a déjà perdu le soutien d'une partie importante des clergés et des personnalités conservatrices ; la victoire d'un candidat réformateur, notamment de Moussavi, Premier ministre pendant la guerre Irak-Iran, issu de la gauche révolutionnaire et bénéficiant du soutien d'une partie du corps des gardiens de la Révolution, pourrait mieux, que le réformateur radical Mohammad Khatami, réaliser des réformes démocratiques. Les candidats réformateurs et même le candidat conservateur Mohsen Rezaïe ont déclaré qu'il fallait saisir la main tendue de Barack Obama et s'engager dans un dialogue avec les Etats-Unis. On peut facilement imaginer les effets d'une normalisation entre l'Iran, qui a tous les moyens pour devenir une puissance régionale, et les Etats-Unis dans la région sur de nombreux dossier : le conflit au Proche-Orient, l'Afghanistan, l'Irak, le Liban… Avant même la normalisation des relations entre Téhéran et Washington, des négociations sur le dossier nucléaire et l'assurance que l'Iran n'utiliserait pas son programme nucléaire à fin militaire aboutiront sur la levée de sanctions multilatérales et bilatérales contre l'Iran, provoquant l'essor de l'économie iranienne même si Ahmadinejad prétend le contraire.