Depuis plusieurs années, la forêt d'Akfadou subit un massacre continu. Il est loin le temps où elle offrait un tapis luxuriant et où des espèces végétales et animales y étaient florissantes. Occupant 34% de la superficie globale de la commune de Chemini, cette magnifique forêt présente de nos jours un décor désolant : des arbres, notamment des chênes-lièges, sont sauvagement rasés sur de larges surfaces. Des arbres séculaires de plusieurs mètres de haut font l'objet d'un abattage systématique. Le phénomène de la déforestation gagne de plus en plus d'ampleur, entraînant une véritable hémorragie dans le patrimoine forestier d'Akfadou considéré comme un poumon écologique de la région. « La mafia du manche » est montrée du doigt. « Celle-ci, après avoir procédé à l'abattage de dizaines d'arbres, utilise des moyens d'acheminement peu communs et difficiles à suspecter au niveau des barrages de contrôle », nous dit Nacer Toutou, premier responsable de la commune d'Akfadou, qui estime que la marchandise ainsi acheminée « alimente d'autres wilayas des Hauts-Plateaux, comme Sétif et Bordj Bou Arreridj ». « Quotidiennement, ce sont pas moins de 60 arbustes qui disparaissent sous les coups des tronçonneuses », estime-t-on au niveau de la commune. Par ailleurs, en procédant à des coupes illicites de bois de chauffage, des citoyens contribuent, parfois inconsciemment et à un degré moindre, au déséquilibre écologique de la région. Le pâturage, anarchiquement pratiqué par les éleveurs de bétail est, quant à lui, considéré par les écologistes comme un autre facteur susceptible d'aggraver la dégradation de l'environnement forestier. L'APC, impuissante face au phénomène pour manque de moyens humains et matériel, tire la sonnette d'alarme. « Nous avons adressé des correspondances à la présidence de la République, au wali et aux services de la direction des forêts les alertant de la menace qui pèse de tout son poids sur le patrimoine forestier local », souligne le président de l'APC. Selon lui, cette forêt devrait logiquement être élevée au rang de parc national qui appelle la mise en place des mécanismes de gestion, d'organisation, de protection et de sauvegarde. La création et la promotion de microentreprises d'exploitation de bois sont aussi préconisées pour permettre de desserrer l'étau.