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Un bien commun
Publié dans El Watan le 21 - 04 - 2009

Tamazight est le bien commun de tous les Algériens, au-delà des ancrages territoriaux ou linguistiques. C'est une langue qui, dans la variété de ses expressions, transcende l'espace des terroirs – avec ce que cela peut supposer d'enfermement dans la singularité – pour s'élever au stade majeur de la cohésion identitaire de la nation. La reconnaissance et la consécration de tamazight sont des avancées déjà significatives, mais dont l'ampleur ne pourra être mesurée que lorsque la langue aura la valeur d'usage la plus étendue. A ce titre, nul ne peut douter que c'est d'abord l'école algérienne qui donnera à tamazight tout son retentissement pédagogique, car c'est une langue qui, à travers ses constituants, même les plus divers, peut être enseignée. Il ne serait pas compréhensible que l'anglais, l'espagnol, ou l'allemand soient plus aptes à être appris que tamazight, qui représente pour les Algériens un lien identitaire. Sans que pour autant les notions de compétititon ou de concurrence inter-linguistiques entrent en ligne de compte.
Si la possibilité est donnée de pouvoir lire Goethe, Shakespeare ou Cervantes dans le texte, pourquoi n'en irait-il pas autant pour Mohand Si Mhand, ou la belle poésie de Matoub Lounès ou Lounis Aït Menguellat ? Une langue est vivante lorsque elle est partagée.
Tamazight peut être érigé en vecteur d'apprentissage pour peu que les institutions qui ont la mission d'élargir son implantation dans les sphères d'acquisition du savoir mettent cette langue en adéquation avec les progrès de la science et des technologies nouvelles. Il est évident que cela ne se fera pas du jour au lendemain, car pour en arriver à l'évolution qui est aujourd'hui celle de tamazight, il a fallu un combat sur la longue durée. Les avancées restent donc relatives mais appréciables au regard de résistances fortes et de réticences qui persistent encore. En fait, la promotion, la préservation de tamazight, son inscription dans le champ pédagogique, ne se suffiraient pas à elles-mêmes si la langue n'était pas appuyée par un sentiment de vivre ensemble librement consenti à l'échelle d'une nation. C'est l'école qui a la capacité de forger ce sentiment du vivre ensemble qui est avant tout une posture d'appartenance entre citoyens d'un même pays qui ne peuvent pas avoir de complexes à s'exprimer dans une langue qui les rassemble plutôt qu'elle ne les divise. Il est important, pour cela, que la langue échappe aux pièges d'une radicalité à la finalité souvent politicienne.


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