Une affaire de justice traîne depuis près d'un demi-siècle et ne semble pas près de connaître son épilogue. Les faits remontent à 1959 quand Ali Gouasmia, alors employé des cheminots, avait été victime d'un accident de travail et avait eu recours à la justice dans le but de recouvrer ses droits après que le médecin du réseau lui eut accordé un taux d'invalidité de seulement 20% d'IPP, alors que la victime avait vu son traumatisme se compliquer. N'ayant pu obtenir gain de cause auprès du tribunal de Annaba et la cour d'appel, il décide de saisir la cour suprême. Cette dernière a infirmé les arrêts des deux instances et renvoyé l'affaire à la cour de Annaba. Traitée plus d'une dizaine de fois, sans pour autant que les magistrats rendent un jugement, cette affaire prend les allures d'un déni de droit quand le dossier sera égaré et que la victime perdra « le beurre et l'argent du beurre ». Comble de l'ironie, après tant de déboires, l'affaire est abandonnée par le tribunal pour incompétence. C'est pourquoi les ayants droit, en l'occurrence la veuve de la victime et ses enfants, interpellent aujourd'hui le président de la République dans l'espoir d'être rétablis dans leurs droits. « Le ver est dans le fruit et si dans le sillage des réformes vous ne réussissez pas à faire de l'institution judiciaire un sacerdoce, le pays ira vers le déclin, avec toutes les conséquences fâcheuses qui en découleraient alors », disent les victimes dans une lettre adressée au premier magistrat du pays dont une copie a été transmise à notre rédaction.