Des couches superficielles huileuses et chatoyantes ruissèlent au grès du courant d'eau, ce qui indique que l'eau est bel et bien contaminée. De petites flaques noirâtres gluent, par endroits, aux bords de ce cours d'eau, et ce sur plusieurs centaines de mètres. Une forte odeur d'essence s'en dégage également. Par ailleurs, à la sortie ouest du village, sur le pont, à plus d'un kilomètre du lieu de la fuite de pétrole, l'eau donne le même aspect décrit. A l'endroit où le pétrole infiltre l'oued, les trois tranchées creusées par des agents de la Sonatrach, il y a plus d'un mois, se consument encore, en dégagent une fumée asphyxiante. Sur environ 200 mètres des berges, d'importantes quantités de pétrole en feu, se déversent inéluctablement et lentement dans les eaux, en crue moyenne. Le couvert végétal immédiat présente un aspect noirâtre. Curieusement, les oliviers (500 environ) demeurent indemnes, pour le moment. Du moins en apparence. La situation est critique eu égard à la présence des forages d'eau potable dans la localité de Toghza (5 km de Béni Mansour), point de jonction de l'oued Amarigh et de celui de Chorfa (Bouira), lesquels sont les confluents de l'oued Sahel. La nappe phréatique, à cet endroit, est sous la menace d'une pollution irréversible. Dans son rapport d'expertise, un expert en environnement, qui a traité l'eau des cinq puits contaminés par le pétrole, et qui sont encore en phase de nettoyage, a souligné qu'un litre d'essence peut polluer, pour longtemps, entre 1000 et 5000 m3 d'eau potable. Alors que l'oued Amarigh a enregistré, a priori, le déversement de plusieurs litres de pétrole. Pour rappel, la fuite souterraine de pétrole survenue dans le pipe-line Hassi Messaoud-Béjaïa, a été détectée et maîtrisée par la Sonatrach. Nonobstant, d'importantes quantités ont infiltré cinq puits se trouvant à Aftis Gouadhor, à la sortie est de Béni Mansour. L'or noir, dans son épanchement souterrain, a fini par «sourdre» à environ un kilomètre du lieu initial de la fuite, pour se déverser dans l'oued Amarigh.