Dans l'optique de faire le point sur la pollution par le pétrole de l'oued Amarigh et de 5 puits à Beni Mansour (90 km de Béjaïa), survenant depuis la fin 2008, et ce, suite à une fuite dans le pipe-line Hassi Messaoud-Béjaïa, les autorités de wilaya ont dépêché, lundi, une commission de wilaya, composée des directeurs de l'hydraulique, de l'environnement, des services agricoles, du directeur régional de Sonatrach et des membres de l'APW. La délégation a inspecté les lieux contaminés par le pétrole : les 5 puits et l'oued Amarigh. Au terme de cette visite, il était convenu de rédiger un rapport détaillé sur l'état des lieux afin de le remettre aux autorités de wilaya, et l'installation d'une cellule de suivi et de dépollution qui aura pour mission de traiter ce dossier épineux et suivre l'évolution de la pollution, dans le but de limiter les dégâts. Une autre cellule a été installée, elle concerne le recensement des puits avoisinants qui ne sont pas encore pollués et qui demeurent potentiellement exposés. Durant cette inspection, un échantillon de l'eau polluée des puits a été prélevé pour analyse. Toutefois, d'aucuns dans le village de Beni Mansour se posent la question concernant ce temps «record» qu'ont pris les autorités de wilaya pour réagir à une catastrophe écologique de l'envergure de cette fuite souterraine de pétrole, qui a pollué toute la nappe se trouvant à l'entour l'oued Amarigh. Le pétrole s'est épanché dans 5 puits et s'est sourd à environ 1 km du lieu de la fuite en plein oued Amarigh, il y a de cela plus d'une année, sans que cela n'inquiète les autorités de wilaya. Il a fallu que des élus de l'APW prennent à bras le corps ce problème pour que la wilaya décide enfin de réagir. Installation d'une cellule de suivi et de dépollution Toutefois, contrairement à ce qui a été rapporté par quelques titres de la presse nationale, la nappe phréatique polluée par le pétrole n'est heureusement pas potable. Son eau est saumâtre et est utilisée pour l'irrigation et le lavage uniquement. Est-ce que cette nappe polluée communique avec la nappe phréatique se trouvant en aval de l'oued Amarigh, qui alimente plusieurs communes (Boudjellil, Aït R'zine, Ighil Ali, Tazmalt, Ath Mellikèche) ? En l'absence d'une carte de nappes, la réponse demeure inconnue. Pour le moment, l'eau consommée par les ménages des communes précitées ne présente aucun signe de pollution. Au demeurant, entre la fuite de pétrole qui s'est déclarée en décembre 2008 et la visite d'inspection de la commission de wilaya plus d'une année après, des quantités impressionnantes de pétrole auront coulé dans l'oued Amarigh, qui par moments offrait un spectacle désolant, ressemblant à une rivière d'essence, chatoyant sous l'effet de la lumière du soleil et exhalant de fortes odeurs qui piquent les narines. Durant tout ce temps, la pollution était banalisée, ignorée même. Le mal est fait. Même les tétards et les grenouilles ont disparu. Sonatrach, pour sa part, aura tout «essayé», mais le pétrole prenait toujours le dessus. Des digues au tout-venant, des buvards, des tranchées pour contenir les fuites... On ne pouvait «ruser» avec ce maudit liquide qui continue à sourdre dans le lit de l'oued Amarigh. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, une autre fuite de pétrole s'est déclarée, il y a plus d'un mois, au lieudit Tizi Kachouchène, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, qui a rajouté une couche à la première fuite. Toutefois, elle a été maîtrisée à temps et le pétrole a été emporté par les crues. Néanmoins, les choses semblent s'améliorer, à ce que nous avons constaté. L'oued semble retrouver peu à peu sa nature et le pétrole qui s'y infiltre diminue petit à petit. Mais la pollution est toujours là. Cette situation risque de se prolonger quelques mois encore, voire quelques années, en ce sens que le pétrole est un liquide très polluant. Ceci lorsque l'on sait que 1 litre de pétrole peut polluer entre 1000 et 5000 m3 d'eau et cela durant des années. Alors que dans le cas de l'oued Amarigh, des litres concentrées de pétrole s'y sont déversés.