Beaucoup d'Algériens, lorsqu'ils évoquent le cinéma et la télévision, ne peuvent s'empêcher de citer un véritable âge d'or qui avait connu les Lakhdar Hamina, Ahmed Rachedi et le regretté Mustapha Badie dont le feuilleton adapté de l'œuvre de Mohammed Dib. Cette nostalgie intervient en contrepoint de ce qui est largement compris comme un déclin de la production cinématographique et télévisuelle en Algérie. Il est loin et, sans doute révolu, le temps d'une Palme d'or, peut-être unique, accordée à un film algérien. Il est naturel que l'attente porte sur une affirmation de la production nationale intra et extra-muros. Celle-ci n'était possible de l'indépendance nationale jusqu'au milieu des années 1990, que parce que l'Etat y était totalement impliqué. La dissolution des entreprises cinématographiques et audiovisuelles publiques a consacré le retrait de l'Etat-mécène et livré le secteur à la règle implacable du marché. La situation aurait été encore plus intenable si des mesures d'aide à la production n'étaient pas maintenues à travers le FDATIC et la télévision publique qui continue de financer tout ou partie de œuvres qu'elle propose aux téléspectateurs. Ce qui est marquant, dans l'état des lieux du cinéma et de la télévision, c'est que l'activité bien que réputée rentable n'attire pas les investisseurs nationaux ou étrangers. Dans les deux cas, les productions n'ont pas suscité des marchés constants qui produisent du cash-flow. Il n'y a, sauf rares exceptions, que la télévision publique qui achète les productions algériennes et, dans le circuit national, les films algériens ne parviennent même pas, la plupart du temps, à amortir leurs budgets de fabrication. Dans de telles conditions, les entreprises cinématographiques et audiovisuelles s'inquiètent, de façon récurrente, d'un contexte aléatoire et hostile à l'exercice de leur métier. Les salles de cinéma ne génèrent aucune plus-value qui pourrait être réinjectée dans la production, et la télévision publique intervient de manière moins massive que souhaité par les producteurs. La question qui se pose donc de façon frontale est celle du financement et des ressources devenues rares pour garantir une activité pérenne et diversifiée. Ce problème n'existait pas entre les années soixante et mi-quatre-vingt-dix où l'Etat était le seul ordonnateur qui payait tout. Le salut passerait par une politique hardie et dynamique de la co-production, mais force est de constater que les opérateurs internationaux paraissent peu motivés pour le moment. L'alternative réside dans retour de l'Etat dans la sphère cinématographique et audiovisuelle qu'au demeurant beaucoup appelleraient aujourd'hui de leurs vœux comme une garantie de permanence de toute l'activité au moment où les bailleurs de fonds privés et internationaux ne sont que très peu présents sur la place. C'est une question sensible et cruciale qui fait débat au sein de la corporation mais plus largement encore au sein du grand public qui relève sans verser dans des analyses savantes et pointues que les productions cinématographiques et télévisuelles algériennes ne sont plus ce qu'elles étaient.