Celle-ci a profité, comme à l'accoutumée, aux bénéficiaires traditionnels, dont l'audiovisuel qui se taille à nouveau la part du lion. L'ENTV, elle seule, bénéficie de 17,6% des parts de marché. Les investissements publicitaires (IP) bruts, recensés durant l'année 2008, ont généré une manne de 12,9 milliards de dinars, soit 179 millions de dollars, selon Sigma Conseil Algérie. Les titres «gâtés» de la presse écrite monopolisent quelque 4,5 milliards de dinars du total des IP contre 5 milliards de dinars pour la télévision, 1,3 milliard de dinars pour la radio et 2,1% pour l'affichage, monopolisé en grande partie par l'Anep. Cette agence étatique, chargée depuis 1999 de canaliser l'argent public vers des destinations bien choisies du paysage médiatique, continue à subventionner, à doses différentes, les soldats du carré «discipliné» de la presse écrite. Depuis la centralisation des investissements publicitaires émanant des institutions publiques, l'Anep a pris le format d'une carte de pression redoutable pour des petites entreprises de presse. Elles ont certes du foin dans les bottes, mais peu d'entres elles se sont investies pour devenir de véritables entreprises de presse. Certaines espéraient même voir leurs dettes épongées et les compteurs remis à zéro au niveau des imprimeries d'Etat. L'année dernière, notre confrère El Khabar a révélé que 37 titres, d'un total de 43, bénéficiaient d'aides gouvernementales. Selon des chiffres officiels émanant du département de la communication et de l'information, 49% des annonceurs publicitaires (qui sont tous publics) sont pris en charge par l'Anep, tandis que d'autres chiffres attribuent à l'Anep un monopole de 65%. Faut-il reconnaître que ce «festin de Balthazar» est distribué souvent d'une manière douteuse et opaque, mettant ainsi le secteur de la publicité dans une coupole fermée, accessible uniquement aux privilégiés de l'Anep et au secteur public, en dépit de leur faible tirage. Si l'Anep gère aujourd'hui 49% du marché publicitaire public, le poids de ce même secteur est très déterminant dans les recettes de nombreux titres. Un constat : la répartition de la publicité publique se fait en dehors de toute logique économique. C'est-à-dire que des journaux à faible tirage bénéficient paradoxalement de rentrées publicitaires presque équivalentes à celles de titres aux tirages nettement plus importants. Second constat : une bonne partie des titres ne dispose même pas d'une comptabilité claire et conforme, encore moins d'une traçabilité transparente de leurs transactions. Ces mêmes titres, tenus sous perfusion de l'Anep, évoluent dans un milieu informel favorable à toute forme de magouille, en l'absence d'une autorité crédible censée mettre de l'ordre dans la maison. Une chose est sûre, l'argent de l'Anep ne profite guère au développement des entreprises de presse. Pour preuve, une bonne partie des titres existants actuellement sur le marché se maintiennent sur une lancée essentiellement artisanale. Et dire que certains, voire même la plupart d'entre eux, bénéficient aussi de plusieurs largesses au niveau des imprimeries d'Etat. Rares sont les entreprises de presse qui affichent aujourd'hui le nombre exact de leurs tirages, encore moins leurs chiffres d'affaires réalisés grâce, en grande partie, à la manne publicitaire.