Les tableaux qui couvrent les murs blancs de l'espace Noûn, se marient logiquement avec les rangées de livres qui s'alignent dans la pièce. Et si l'apaisement s'impose d'emblée au visiteur qui pénètre dans l'espace, cette sorte de tranquillité feutrée pousse immédiatement à l'interrogation. Douleur, émotion, entre clair-obscur et couleurs vives, voire agressives, les silhouettes et les visages que laissent apparaître les toiles de Rachid Djellal, ne manquent pas d'interpeller. «La peinture est un langage. Mes mots sont ma peinture.» Le peintre ne s'embarrasse pas de discours pour parler de sa passion et n'en a que faire des laïus intellectuels. «Quand je peins, je n'ai pas de limites.» L'artiste parle de «son monde intérieur, prolongé dans la profondeur de l'être». Autre manière de dire que l'acte de peindre est une véritable exploration intérieure, d'où les images remontent et se dévoilent. Sa construction d'artiste ? Elle se fait à force de pratique, pratique qui accentue la spontanéité des sentiments. Les visages sans traits et sans yeux ? «Les yeux, ce n'est pas important, le visage ce n'est pas important, ce qui m'intéresse, c'est l'intérieur !» Pour l'artiste, tout le monde se ressemble, alors il n'en a que faire des traits physiques. L'essentiel est le plaisir que lui génère l'acte de peindre, véritable expression d'une liberté qui n'appartient qu'à lui. «C'est une sorte de chemin climatique. Un jour, il fait soleil, le lendemain le ciel est gris.» Entre douleur et émotion, de l'obscurité à la luminosité, le pinceau de l'artiste divulgue subtilement ses états d'âme, conférant à d'intimes moments qui n'appartiennent qu'à lui. Et comme pour mieux le signifier, sur la plaquette de présentation de l'exposition, Rachid Djellal a inscrit les vers de son poème Water open qui commence ainsi : «Je couvre, je découvre je suis découvert, à découvert…». Et justement, une exposition à découvrir jusqu'à la fin du mois de mai. Fragments (intérieur) Rachid Djellal; Espace Noûn : 9 rue Chaâbani-Alger