Peinture L?espace Top Action, sis à la Résidence Sahraoui, les Deux-Bassins, Ben Aknoun, abrite une exposition du plasticien Azwaw Mammeri. D?emblée, l?on est happé dans ce monde de couleurs (bleu, vert, jaune...) qu?est l?univers pictural conçu par l?artiste pour y mettre toute son attention tant affective qu?intellectuelle, dénotant ainsi d?une imagination forte et colorée suscitant nombre d?interrogations, dont la principale serait : «Que peint l?artiste ?» Son geste n?est certainement pas anodin, il est, bien au contraire, profond et expressif dans la mesure où il y a une recherche de la thématique qui se fait, à l?évidence, dans un état de conscience très prononcé, ainsi que dans un esprit privilégiant l?aspect intellectuel, même si la dimension relevant de la sensibilité est fort repérable. D?abord, pour comprendre l??uvre d?Azwaw Mammeri, il est essentiel de revenir à l?intitulé révélateur et s?y pencher pour réfléchir à son contenu. Azwaw Mammeri intitule son ?uvre Les porteurs de lumière. A bien observer chacune des peintures accrochées sur les cimaises de la galerie, l?on est aussitôt attiré par un détail que l?on ne peut relever que si l?on y est attentif, celui de la luminosité qui s?en dégage dans un jet éblouissant. Cette charge lumineuse, trait caractéristique, éclaire les couleurs en leur attribuant des tons feutrés et emplis d?une sensualité mélancolique qui, à leur tour, dessinent la «géométrisation» de l?espace dans une ponctualité instinctive. La composition de l?espace n?est pas hermétique. C?est une construction soudaine et intuitive. D?où vient cette luminosité ? Elle découle de l?astre solaire qui, source d?énergie permettant la régénération, est fixé aux cimes célestes. Le soleil, symbole de la renaissance, est représenté dans certains tableaux ; dans d?autres, en revanche, il ne figure pas, mais on le ressent grâce à des indices comme la réverbération de la lumière sur les masques représentés. Outre la luminosité qui abonde et se répand sur toute la surface du tableau, un autre détail, s?avérant essentiel, attire le regard. Il s?agit de la présence énigmatique de masques qui, représentatifs, symbolisent des visages aux yeux écarquillés et à la bouche béante ; des masques suspendus ; des visages torturés, tourmentés, emplis d?effroi et d?inquiétude et qui semblent condamnés à une errance sempiternelle. Pourtant, le temps n?existe pas ; il est suspendu. Le monde qu?imagine l?artiste est labyrinthique et dépourvu de repères ; seule la présence du soleil peut constituer une balise jalonnant, de part et d?autre, ce monde euphorique coupé de sa temporalité. Il n?y a que l?instant présent qui est là pour déterminer, conjuguer chacune des peintures qui sont disposées de la même manière qu?un parchemin datant des temps anciens. Celles-ci racontent une histoire, une légende, la légende d?Azwaw qui est véhiculée par une charge émotionnelle projetée par ces visages (masques) dont le regard laisse transparaître une âme déchirée, écorchée et qui nous observe avec un lyrisme à la limite du désespoir. Ces visages anonymes et captifs d?une situation pesante et affligeante veulent crier leur souffrance et leur détresse, mais ils ne peuvent le faire car ils sont muets. Ils sont en quête de repos, de salut. De rédemption !?