Les œuvres de Rachid Djellal, qui expose depuis jeudi dernier à l'Espace Noun, n'apportent pas de réponses ; elles suscitent les questionnements et mènent vers le chemin de l'élucidation. Pourquoi l'homme s'est éloigné de son humanité ? De ce qu'il a en lui comme sentiments nobles et beaux ? Pourquoi son côté bestial, animal prend le dessus sur le reste ? D'où lui vient cette envie de destruction ? Pourquoi là où il passe, il sème le chaos et récolte la sécheresse ? Ces questions et d'autres sont posées dans les œuvres du plasticien et dessinateur de presse, Rachid Djellal, qui expose jusqu'à la fin du mois en cours, à l'Espace Noun. En effet, l'Espace Noun abrite, depuis jeudi dernier, une exposition intitulée “Fragments (intérieur)” , de l'artiste peintre — également caricaturiste à l'hebdomadaire Les Débats — Rachid Djellal. Une vingtaine de tableaux, qui appartiennent au style abstrait et semi-abstrait, ornent les murs de la galerie Noun et développent des questionnements pertinents sur l'humanité et son devenir. En effet, les tableaux sont frappés d'une grande lucidité et décortiquent l'intériorité, notamment de l'artiste, en fragments : les fragments d'une société décomposée, déstructurée, qui a perdu ou renoncé à son humanité. Les formes et les silhouettes de Rachid Djellal sont flouées, représentant ainsi des individus en perpétuel changement, voire évolution. De plus, les yeux sont cachés par une bande noire, ce qui signifie la perte de la clairvoyance et de la lucidité dans un monde qui néglige l'humain. Les visages représentés sont ravagés par le temps et par les douleurs, diverses et multiples. En toute simplicité, Rachid Djellal peint des fragments de vies en quête de vérités. En fait, l'homme est décortiqué et manipulé (au sens noble du terme) par le pinceau de Rachid Djellal qui illustre les rouages et les engrenages dans lesquels s'enferme l'homme. Les couleurs utilisées sont le plus souvent des tons chauds, notamment le rouge et le jaune, qui captent le regard, saisissent le visiteur et intensifient le sens. Vives et intenses, comme pour dire l'intensité des situations. De plus, l'heure est grave, l'homme s'est éloigné de la nature et de tout ce qu'il y a de beau dans ce monde. Il faut y remédier, il faut prendre les choses en main et réfléchir sereinement et sérieusement pour sauver ce qui reste, ce qui n'a pas encore été détruit ou dévasté. Et donc, pour refaire le monde et l'améliorer, il faut aller à la recherche de la bonté en chacun. Notons par ailleurs que Rachid Djellal est diplômé de l'Ecole des beaux-arts ; il vit et travaille à Alger comme dessinateur de presse et, depuis 1985, il a pris part à plusieurs expositions collectives et individuelles.