Onze ans se sont écoulés depuis la disparition du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, la Kabylie garde toujours en mémoire le combat du Rebelle, un itinéraire empreint de lutte pour la question identitaire. Aujourd'hui, et pour que nul n'oublie cet artiste et dans l'optique bien évidemment d'immortaliser l'œuvre du Rebelle, des activités commutatives sont organisées, ça et là, en Kabylie et même au-delà des frontières, histoire de rendre un vibrant hommage à l'auteur de la célèbre chanson Aghorou (la trahison). Ainsi donc, de prime abord, à Tizi Ouzou, la fondation qui porte le nom du Rebelle, en collaboration avec les associations Aghbalou et Izumal, a préparé un programme de festivités allant dans le sens de revisiter l'artiste. Une exposition a été mise en place, à l'occasion, au niveau du hall de la maison de la culture Mouloud Mammeri. En effet, à travers des coupures de presse, des photos, des revues et autres documents, les organisateurs veulent ressusciter, une semaine durant, le baroudeur de la chanson engagée. Au menu de cette commémoration, figurent également des tables rondes avec des amis et ceux qui ont connu et côtoyé le Rebelle. Sur le même chapitre, des projections vidéo seront aussi de la partie au niveau de la capitale de Djurdjura. En outre, Matoub Lounès, la voix d'un peuple était à l'affiche mardi, alors qu'un film inédit sur le Rebelle devait être projeté hier. Cela sans parler de la conférence-débat qu'ont animée Idir et Malika Ahmed Zaïd, enseignants à l'université de Tizi Ouzou et militants de la cause amazighe. Pour ce qui est de la journée d'aujourd'hui, un recueillement et un dépôt de gerbe de fleurs sont prévus à Talla Bounane, dans la daïra de Beni Douala, lieu où a été assassiné Matoub Lounès. Notons aussi que dans le même sillage, le prix de la résistance Matoub Lounès sera remis aux lauréats de la quatrième édition. Par ailleurs, selon le secrétaire général de la fondation, Malika Matoub n'assistera pas à Tizi Ouzou, cette année, aux activités de la commémoration de l'assassinat du Rebelle. Et pour cause, ajoute-t-il, elle doit se présenter le 29 juin, en France, à son procès avec le député Nourreddine Aït Hammouda, qui l'a estée en justice pour diffamation dans la presse. D'autre part, notons que le 11e anniversaire de la mort de Matoub sera marqué dans plusieurs pays. Ainsi, outre la France où plusieurs activités auront lieu, notamment à Lyon, Saint-Denis et à Paris où il y aura un grand spectacle au Zénith avec des chanteurs kabyles de renom, comme Cherif Kheddam et Ferhat Imazighen Imula, le centre amazigh de Montréal, au Canada, prévoit d'organiser un grand hommage au «patriote de toutes les patries opprimées». Les activités de cette manifestation se tiendront le 27 juin au niveau du collège Jean de Brébeuf. Enfin, il est utile de rappeler que Matoub Lounès a été assassiné sur la route de Beni Douala un certain 25 juin 1998. Mais, depuis, les circonstances de cet assassinat n'ont pas encore été élucidées. Dix ans plus tard, le procès des présumés assassins du chantre de la chanson kabyle avait été programmé par la cour de justice pour le 9 juillet 2008, mais il n'a pas eu lieu. Il a été renvoyé par le juge. Ce dernier avait demandé un complément d'enquête et la présence d'une cinquantaine de personnes citées par la partie civile comme témoins.