Terre d'accueil. Un titre qui commence à lui coller fort bien. L'Algérie n'est plus uniquement considérée comme une ultime escale avant de rejoindre les côtes européennes, elle est devenue un pays où l'on reste et où l'on cherche asile et protection. La famille des réfugiés s'agrandit et se diversifie. Les dernières statistiques du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) parlent d'elles-mêmes. En effet, ils sont actuellement, 165 000 Sahraouis, 4000 Palestiniens et 105 Subsahariens à avoir trouvé asile dans notre pays. Si pour les deux premiers groupes, l'intégration locale est effective, indique Pablo Mateu, le délégué général de l'UNHCR en Algérie, la situation des 105 réfugiés subsahariens pose un sérieux problème aux autorités nationales. Ne reconnaissant toujours pas leur statut de réfugiés, le gouvernement algérien les considère comme étant des migrants illégaux. C'est du moins ce que laisse comprendre le représentant de l'agence onusienne lorsqu'il affirme : « Il faut souligner qu'il y a beaucoup d'intégrations dans les deux premiers cas de réfugiés. Pour ce qui est des 105 Subsahariens, l'Etat algérien ne reconnaît toujours pas leur statut de réfugiés. A ses yeux, ils sont des migrants illégaux donc ne peuvent bénéficier ni de carte de séjour ni de permis de travail. » Pourtant, ajoute-t-il, la plupart d'entre eux sont issus de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) particulièrement de la région est, une zone connue pour ses sanglants conflits et combats. Tout en reconnaissant sa générosité légendaire à l'égard des réfugiés, notre interlocuteur n'arrive toujours pas à expliquer la position de l'Algérie vis-à-vis des 105 migrants subsahariens. « A ce jour, le gouvernement algérien ne reconnaît pas le réfugié de l'Afrique subsaharienne. Pourtant l'Algérie a toujours été une terre d'accueil. Elle a joué un rôle très important en accueillant des réfugiés de pays qui étaient sous domination coloniale pendant la période des mouvements indépendantistes. Elle a également joué un rôle très important dans la lutte contre les régimes racistes de l'apartheid en Afrique du Sud. Elle a aussi accepté d'accueillir beaucoup de réfugiés d'Amérique latine et d'Europe, où régnaient les régimes dictatoriaux, notamment en Espagne, au Portugal et en Grèce », regrette Pablo Mateu. C'est pourquoi, fait-il savoir, le HCR est actuellement en discussions avec le gouvernement algérien pour trouver les solutions appropriées à ces 105 cas de réfugiés subsahariens. En la matière, l'Organisation des Nations unies prévoit trois solutions. La première, la plus répandue dans le monde, consiste en le retour volontaire dans les pays d'origine. Pour ce groupe de personnes, cette solution ne peut être envisageable pour le moment, car les combats se poursuivent toujours. La deuxième solution porte sur l'intégration dans le pays d'asile, c'est-à-dire l'Algérie. Dans l'impossibilité de pouvoir disposer de carte de séjour et de permis de travail, ces 105 réfugiés ne peuvent être intégrés localement. « Je dois dire qu'il n'y a pas beaucoup de pays qui optent pour cette solution. A l'image de la Tanzanie qui vient de décider l'intégration de plus de 10 000 réfugiés burundais qui y vivent depuis plus de 30 ans », précise le délégué onusien. La dernière option, quant à elle, consiste en la réinstallation dans des pays tiers. La tendance vers cette solution est clairement affichée par certains pays développés. A l'exception des USA, du Canada, de l'Australie et de quelques pays européens. Pour l'instant, souligne la même source, les discussions avec ces pays autour du cas des 105 exilés subsahariens n'ont pas encore été entamées. Il reste toutefois optimiste quant aux fortes possibilités de dénouement de leur situation. Stimulé par ces expériences Sud et latino-américaines, le HCR a invité à la table des négociations le gouvernement algérien à l'effet de trouver les solutions appropriées à ce groupe des 105 réfugiés subsahariens.