Casablanca (Maroc). De notre envoyé spécial Cette manifestation, dont les travaux se poursuivront jusqu'à dimanche prochain et à laquelle participent, du côté algérien, la faculté des sciences juridiques de l'université de Tizi Ouzou et celle des sciences économiques de l'université de Béjaïa, se présente, de prime abord, comme une opportunité pour les universitaires de la région euroméditerranéenne d'ouvrir un débat sur des questions cruciales et délicates ayant toujours été à l'origine du blocage des initiatives visant la création d'un espace régional commun dans divers domaines (politique, économique et culturel). La première question sensible à être soulevée à cette occasion est celle liée au conflit israélo-palestinien lors d'une conférence qu'a donnée hier Shlomo Sand, historien israélien, professeur à l'université de Tel Aviv sur le thème «Fabriquer des nations ou comment le peuple juif fut inventé». Reconnaissant que sa thèse lui a valu des inimitiés en Israël et se déclarant antisioniste, l'historien a critiqué ouvertement la politique menée par l'Etat israélien en estimant qu'«il est insensé de croire en la création d'un Etat juif et démocratique en même temps». Pour lui, Israël, qui «ne peut pas être la patrie de tous les juifs du monde», doit d'abord assumer sa responsabilité concernant la tragédie qui perdure depuis des décennies. Le discours de Netanyahou qui prône la fondation d'un Etat juif est battu en brèche par cet historien proche de la gauche israélienne antisioniste car, estime-t-il, «en imposant la dimension juive à Israël, cela induira l'exclusion de 1,4 million d'Arabes israéliens». En revanche, tout en dénigrant l'Etat juif qui est, pour lui, «une pure fabrication des Nations unies», Shlomo Sand réfute également l'idée de retour des réfugiés palestiniens qu'exigent avec ferveur les pays arabes. «Ce n'est pas facile de garantir le retour en Palestine à six millions de réfugiés», dira-t-il devant des dizaines d'étudiants et de professeurs venus d'Europe, du Maghreb, du Liban et de Palestine, tout en regrettant la «position des leaders arabes qui revendiquent le retour de ces réfugiés alors qu'ils les ont abandonnés avec toutes leurs souffrances dans des camps de réfugiés pendant 72 ans». Les autres questions qui seront débattues pendant cette université d'été toucheront, entre autres, aux problématiques du développement durable, de la sécurité alimentaire, des médias dans l'espace euroméditerranéen et aussi du devenir de la région avec l'avènement de l'Union pour la Méditerranée. En tout cas, l'initiative de créer le Réseau euroméditerranéen d'universitaires, sous forme d'une association libre, a été inspirée du fait que «dans le vaste et complexe processus politique actuel, la question des relations entre l'Europe et les Etats du sud de la Méditerranée s'avère d'une importance stratégique et décisive, comme l'a montré la création de l'Union pour la Méditerranée qui va tenter de relancer le processus de Barcelone». Mais si ce processus «a donné beaucoup de résultats intéressants, il n'a certainement pas produit ce qu'on pouvait en attendre pour rapprocher les peuples des différents pays du bassin méditerranéen et faire de ce vaste ensemble un espace de paix, de sécurité et de prospérité. Donc, il importe de lui insuffler une nouvelle dynamique», estiment les initiateurs du REMU, dont le renommé professeur d'université Jean-Paul Chagnollaud est président.