C'est dans l'indifférence de nombreux pays musulmans que la police israélienne impose le blocus sur Ghaza et interdit l'accès au lieu sacré. Hier, des affrontements ont opposé des fidèles arrivés pour accomplir la prière du vendredi et la police israélienne. C'est un important dispositif policier qui a été déployé par Israël à la mosquée El Aqsa, hier, empêchant les hommes âgés de moins de 50 ans d'accomplir la prière dans ce lieu sacré. Trois palestiniens ont été tués à El Qods, où Palestiniens et police israélienne s'affrontaient près de l'esplanade des Mosquées. Les Palestiniens protestent contre des mesures de sécurité exceptionnelles imposées par Israël dans les Lieux saints. Le ministère palestinien de la Santé a fait savoir qu'un Palestinien avait été tué le 21 juillet d'une balle dans la tête dans le quartier de Ras al-Amoud, près de la Vieille Ville, à Jérusalem-Est annexé. Il n'était pas clair dans l'immédiat si sa mort était liée aux heurts qui opposaient hier Palestiniens et forces de sécurité israélienne après la grande prière des musulmans aux abords de la Vieille Ville, dont Israël a interdit l'accès aux Palestiniens de moins de 50 ans. Les Palestiniens dénoncent l'installation de détecteurs de métaux aux entrées de l'esplanade des Mosquées. Celle-ci a été décidée après une attaque meurtrière contre des policiers israéliens le 14 juillet dernier. Ces nouvelles mesures de sécurité ont ravivé les craintes des Palestiniens de voir Israël prendre le contrôle exclusif de l'esplanade des Mosquées où se trouve la mosquée El Aqsa, troisième Lieu saint de l'islam. L'esplanade des Mosquées se trouve dans la Vieille Ville, secteur palestinien de Jérusalem. Son annexion par Israël n'a jamais été reconnue par la communauté mondiale. Pour protester contre les portiques de sécurité, les fidèles ne prient plus sur l'esplanade des Mosquées depuis dimanche et le font en dehors du site. Des affrontements avec la police ont eu lieu quasi quotidiennement cette semaine, faisant de nombreux blessés. Dans le but d'éviter des débordements à l'occasion de la grande prière hebdomadaire, habituellement suivie par des milliers de fidèles, le 21 juillet, la police israélienne a pris la décision exceptionnelle d'interdire aux hommes de moins de 50 ans d'accéder à la vieille ville. Le Premier ministre israélien, qui avait envisagé de faire retirer les portiques de sécurité en vue de la prière selon la presse israélienne, a finalement décidé de les maintenir. La répression israélienne contre les musulmans à la mosquée El Aqsa a lieu dans l'indifférence de nombreux pays, dont l'Arabie saoudite, occupée à tuer des civils au Yémen. La lettre d'un historien israélien à Macron L'historien israélien Shlomo Sand a été «agacé» par l'invitation de Benjamin Netanyahou à la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, mais plus encore par l'affirmation d'Emmanuel Macron selon qui l'antisionisme serait un antisémitisme réinventé. Professeur d'histoire à l'université de Tel-Aviv, Shlomo Sand a adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron concernant son discours prononcé lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv le 16 juillet, à laquelle le Premier ministre israélien avait été invité par le président. «Pour être tout à fait franc, j'ai été plutôt agacé par le fait que vous ayez invité Benjamin Netanyahou, qui est incontestablement à ranger dans la catégorie des oppresseurs, et ne saurait donc s'afficher en représentant des victimes d'hier», écrit l'historien. Reprenant les mots d'Emmanuel Macron, selon qui «l'antisionisme est la forme réinventée de l'antisémitisme», Shlomo Sand se demande si ces propos avaient pour but de «complaire» au chef du gouvernement israélien, ou si ceux-ci relèvent «purement et simplement une marque d'inculture politique». «L'ancien étudiant en philosophie, l'assistant de Paul Ricœur a-t-il si peu lu de livres d'histoire, au point d'ignorer que nombre de juifs, ou de descendants de filiation juive se sont toujours opposés au sionisme sans, pour autant, être antisémites ?», écrit le professeur. «Je fais ici référence à presque tous les anciens grands rabbins, mais aussi aux prises de position d'une partie du judaïsme orthodoxe contemporain», précise-t-il. «Tout d'abord, le sionisme n'est pas le judaïsme, contre lequel il constitue même une révolte radicale», explique l'historien. Rappelant l'interdiction faite aux juifs de migrer «en masse» en Palestine avant la venue du messie juif, Shlomo Sand pointe le fait que le sionisme substitue la volonté humaine à la volonté divine. Néanmoins, après l'holocauste, cette conception autrefois majoritaire chez les juifs religieux s'est érodée, parce qu'Israël constituerait un refuge permettant d'éviter de nouvelles tragédies. La colonisation des territoires palestiniens a pourtant pu nourrir une opposition au sionisme jusque dans les rangs de la société israélienne, dont Shlomo Sand fait partie. «Je ne peux pas être sioniste. Je suis un citoyen désireux que l'Etat dans lequel il vit soit une république israélienne, et non pas un Etat communautaire juif. Descendant de juifs qui ont tant souffert de discriminations, je ne veux pas vivre dans un Etat, qui, par son auto-définition, fait de moi un citoyen doté de privilèges. A votre avis, monsieur le Président : cela fait-il de moi un antisémite ?», conclut l'historien israélien.