L'unité de fabrication de fauteuils roulants de Tigzirt est comme ce sphinx qui renaît de ses cendres. L'unité qui a connu des départs volontaires de par le passé, retrouve sa sérénité avec la désignation de M. A. Khadir pour la diriger. Profitant d'une journée de volontariat où travailleurs et personnel administratif, au nombre de 74, y ont pris part, nous nous sommes entretenus avec la délégation de la direction générale, accompagnée de membres du partenaire social. Ainsi, l'Office national de fabrication d'appareillage pour handicapés moteurs a été créé en 1988 en tant qu'Epic. De structure pyramidale, elle emploie 1450 travailleurs, répartis sur 93 structures au niveau national. M. A. Sebaï, actuellement directeur central technique, est considéré comme le pionnier de l'unité de Tigzirt. Il fut d'ailleurs son directeur de 1993 à 2000. Le site a pu voir le jour, selon lui, « après des prospections répondant aux études réalisées auparavant. En ce temps-là, le local n'était qu'un hangar ». L'unité employait 10% d'handicapés. On nous a appris que Tigzirt a pu réaliser son premier fauteuil roulant en mai 1991. Quatre phases constituaient en fait la stratégie de l'ONAPH. La première, appelée « phase de montage », d'une durée de six mois, permettait d'abord aux techniciens une bonne maîtrise de leur sujet. M. Sebaï dira : « Plusieurs techniciens ont poursuivi leur perfectionnement chez notre partenaire étranger », Poirier, en l'occurrence. La deuxième phase est celle de « l'intégration ». Le travailleur devait connaître les différentes techniques de soudage sur acier. La troisième est dénommée « intégration du tube » étant donné que des entreprises sous-traitantes étaient capables de le fabriquer localement. La dernière phase est celle des « pièces ». Autrement dit, c'est assurer l'autosuffisance en matière de pièces mécaniques et plastiques. Ce qui fut fait, d'après les responsables. Toutes ces phases avaient un profil d'intégration qui montait crescendo, au fur et à mesure que l'ONAPH s'approprie les techniques de fabrication. En terme de pourcentage, il est passé de 55% à 70 % pour atteindre, à l'horizon 2012, les 100%. Autrement, il est attendu 10 000 unités (fauteuils), toutes gammes confondues. A ce sujet, 7500 fauteuils sont sortis de l'unité de Tigzirt, en 2008 et 950 le mois de mai dernier. Cette unité est approvisionnée par 10 sous-traitants différents à Tizi Ouzou uniquement. Une performance qui apportera des dividendes « appréciables » aux travailleurs. Sur le plan technique, des innovations ont introduites aux appareils. M. Aït Youcef, assistant technique du DG, dira que le fauteuil roulant a connu des évolutions significatives. En ce sens, il est passé du bois, à l'acier léger (en alliage), puis vers la fibre de carbone. « Bientôt nous le fabriquerons en aluminium. Nous l'avons exposé, dernièrement, en prototype, à la Foire internationale d'Alger », assure-t-il. Sa maintenance, relativement facile, son aspect anticorrosion lui sont d'un atout majeur. « Nous avons aussi pensé, ajoutera-t-il, aux sportifs, car chaque personne dispose d'un tonus musculaire différent d'une autre, de plus, la pathologie n'est pas la même, d'où cette nécessité de s'y adapter ». Les études sont en cours, en partenariat avec des leaders mondiaux dans ce créneau depuis son assainissement en 2006. C'est dans cette optique qu'elle entreprend une nouvelle approche, placée sous le signe de « l'équilibre ». L'augmentation de ses capacités de production est en point de mire. Le directeur central technique nous a fait part de l'ambition de cette entité de prétendre à l'exportation du moins vers les pays du Maghreb et de l'Afrique. Les démarches pour les certifications ISO et CE, pour le marché européen, sont d'ores et déjà entamées, ont affirmé les responsables. La bonne volonté est partagée aussi bien du côté des travailleurs que du côté des responsables. Le partenaire social n'a pas omis de rassurer les travailleurs sur le relèvement à la hausse des salaires. « C'est acquis », dira-t-il pour les rassurer. MM Benmekki et Lamri, respectivement, directeur commercial et responsable d'agence, ont insisté sur les opportunités d'emplois que l'ONAPH compte offrir aux jeunes. Il en est ainsi de l'assistance et de l'accompagnement du sous-traitant durant toutes les phases de la constitution de son dossier. « Nous offrons les études techniques, nous assurerons la formation du personnel, l'installation des équipements…etc. », ont-ils confirmé. Sur la base de conventions, le jeune entrepreneur est sûr d'écouler ses produits. « Les présents au Salon de l'emploi, en mars dernier, ont déjà eu un aperçu sur ce sujet », rappelleront-ils. Il est utile de signaler que le produit ONAPH est un produit médicalisé, non commercial. Le patient est tenu de présenter une ordonnance émanant de la sécurité sociale pour pouvoir prétendre à ses produits. « Le patient est ausculté une deuxième fois par notre propre médecin, seul habilité à émettre un avis », dira M. Lamri. Mais faute de statistiques fiables de l'ONS, l'ONAPH se rabat sur ses propres données pour réorienter ses choix, en matière de fauteuils roulants ou prothèses. C'est pourquoi 40% de la production est distribuée aux 5 unités du Centre, 60% aux 6 unités de l'Est et de l'Ouest. Le découpage zonal est vertical sur toute l'étendue du territoire national.