Fonctionnellement, il est florissant. Concentrés sur un espace restreint, on trouve les services administratifs, sièges d'entreprises, infrastructures de commerce et d'artisanat, équipements collectifs et installations culturelles. Cependant, une partie du tissu urbain du centre-ville peut devenir obsolète par manque d'espace. Pour faire face à ce vieillissement du tissu urbain, des parties de la zone centrale doivent subir des transformations indispensables pour la survie du centre-ville. Partout dans le monde, les centres-villes ont été le lieu de renouvellement urbain. Il faut accepter que celui-ci soit synonyme de démolition de bâtiments de quartiers vétustes, souvent des îlots constitués de taudis. Le renouvellement urbain peut également entraîner la délocalisation d'une frange de la population vers les banlieues en acquérant un logement plus décent. Il peut impliquer des expropriations (l'expropriation est un instrument d'urbanisme), incluant nécessairement des dédommagements. Mais une chose est certaine, la revalorisation qui suit le renouvellement urbain peut être une source de richesse. Toutes les villes d'Europe occidentale, ainsi que certaines du Maghreb, ont connu des projets de renouvellement urbain qui ont été entrepris sur des terrains en friche ou des tissus obsolètes (comme ceux de Bardo à Constantine). L'instrument par excellence a été la «reconstruction de la ville sur la ville». Nos villes doivent aussi mettre à niveau leur tissu urbain. Allons-nous continuer à financer avec les deniers publics et construire des ensembles d'habitations et leurs équipements à la périphérie de nos villes et laisser nos centres-villes périr lentement mais sûrement ? Si nous réussissons à transformer nos centres urbains, c'est avec la fiscalité des richesses générées par les centres-villes revigorés par des projets urbains structurants que l'on financera les programmes de développement. L'opération de démolition menée au quartier de Bardo est une action normale que toutes les villes du monde ont déjà entreprise. Cette opération doit être poursuivie intégralement afin de libérer les assiettes foncières surannées encerclant le «vieux rocher». Comment peut-on continuer à accepter que le séculaire «vieux rocher» soit entouré d'un environnement urbain dénué de toute qualité architecturale ? Ne l'oublions pas, le renouvellement urbain cherche à concevoir la ville pour tous. Celui-ci ouvre la voie à l'urbanité et à la citadinité. Marocains et Tunisiens ont créé, ces dernières décennies, une architecture audacieuse. Notre pays, depuis l'Indépendance, n'a pas produit une telle architecture. Le monde a été fait par des visionnaires et des utopistes. Serait-ce déplacé d'avoir une vision pour Constantine ? Je pense que la ville a besoin d'une conception où la médina et le pont de Sidi Rached côtoieront un centre urbain constitué d'objets architecturaux entreprenants, ce qui attirera firmes nationales et multinationales, banques, hôtels, palais des congrès et salle de concerts, dans des espaces verts, avec de l'eau à profusion… Pourquoi ce qui se fait sous d'autres cieux doit-il rester au stade de la pure chimère chez nous ? – L'auteur est Maître de Conférences, Département d'Architecture et d'Urbanisme, Université de Constantine * Débat, animé par Nouri Nesrouche