Située à 31 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Guelma, Aïn Larbi s'étend sur 171 km2 et culmine à quelque 1 000 m d'altitude. L'exode des populations vers, entre autres, Annaba, Souk Ahras et Guelma a pris des proportions alarmantes. L'enclavement de cette région et la désertification galopante en sont les principales causes. En effet, la sortie, à laquelle nous avons été conviés, jeudi passé, par l' Association de la protection de l'environnement de la wilaya de Guelma, a été révélatrice à plus d'un titre. Déjà, le chemin de wilaya Guelma-Aïn Larbi, tortueux, en piteux état, vous donne un avant-goût de ce qu'endurent ceux qui font le déplacement journellement dans les deux sens. Le chef-lieu de la commune n'est pas en reste puisqu'aucun embellissement du cadre urbain n'y est visible sous aucune forme que ce soit. Il ne reste rien, nous dit-on, de l'agréable ex-Gounod. Les responsables qui se sont succédé dans cette commune ont laissé au milieu de l'agglomération un siège, en ruine, de la gendarmerie coloniale. Accueillie par les autorités locales, l'importante délégation d'écologistes posera une nuée de questions sur les causes de la désertification qui touche, notamment, le sud de la commune. Ainsi, le chef de district des forêts, connaissant parfaitement la région, déclare : « Les incendies volontaires des reboisements, les pacages illicites et l'érosion des terres causent à la commune de sérieux dégâts. » Et d'ajouter : « La main de l'homme n'est pas étrangère à cette situation, notamment pour les incendies volontaires. Nous avons transmis, durant l'année dernière, 13 procès-verbaux, à savoir 6 pour vandalisme sur des arbres et 7 pour incendies volontaires. Quant aux pacages illicites, 8 P.-V. ont été transmis de l'année 2008 à ce jour. » Pour ce qui est de l'exode des populations, le maire de cette commune nous confie : « En 1966, la population de Aïn Larbi était de 18000 habitants. Au dernier recensement de 2008, nous avons dénombré 8 000 âmes, dont 3 000 au niveau du chef-lieu et 4 000 répartis à travers 42 mechtas ». Pas un arbre sur des kilomètres à la ronde au sud de la commune, contrairement au Nord où se trouve une partie du mont boisé de la Maouna, ni même une âme qui vive. Le site est lunaire. Le chemin communal qui mène vers Aïn Sandel ( Sebâa Ayoune) via Médouda met à rude épreuve les essieux du minibus dans lequel nous sommes. Selon, le responsable des forêts qui nous accompagne, il ne reste pratiquement rien des 200 hectares de reboisement en pins d'Alep du projet Zoubia dans cette région, réalisé dans le cadre de la protection de la bande Sud contre la désertification. Les arbres ont été brûlés volontairement par les riverains, nous dit-on, pour avoir plus de pâturage pour leurs bêtes à l'exception d'une poigné de cerisiers datant de l'ère de la révolution agraire, épargné jusque-là. Selon le délégué agricole qui nous accompagne également, la région de Aïn larbi compte 22 000 têtes ovines avec 887 éleveurs recensés. Pour les écologistes, les indicateurs de la désertification sont réunis. La présence de plantes, telles l'asphodèle « Barrouague » indique le surpâturage, l'Ampilodisma Mauritanica « El Diss » est un signe de passage d'importants feux de forêts et enfin l'Urginia Maritima « Aânsel » est une plante indicatrice d'érosion.