C'est ce qu'ont confirmé hier des sources sécuritaires de la wilaya d'El Tarf. Cette prise a été rendue possible grâce à la plainte déposée par le propriétaire du véhicule, Guerfa Lyes, et son ami Zenoune El Hadi, en partance vers la Tunisie. Ils ont été agressés quelques heures auparavant par une bande de délinquants. A l'audition, les deux victimes ont déclaré que «les agresseurs étaient à bord d'un camion et d'un véhicule touristique au lieudit El Bettah, près de l'aéroport international Rabah Bitat de Annaba. Ils nous ont sommés, armes à la main, de libérer le véhicule sous peine d'être tués. C'est ce que nous avons fait, laissant à bord 600 euros». Aussitôt lancées, les recherches ont permis de localiser le véhicule volé parqué sur un terrain agricole à Bir Lehnech (El Bettah). Les voleurs avaient déjà procédé au changement des plaques minéralogiques avant de prendre la fuite dès l'apparition des agents. Grande fut la surprise des éléments de la BMPJ lorsqu'ils ont procédé à la fouille systématique du véhicule. Soigneusement dissimulés sous le tapis de la malle, ils ont découvert plus de 760 000 euros. Les agents de la BMPJ ont vite fait appel à la brigade mobile de lutte contre la contrebande des douanes du poste frontalier d'El Ayoun, qui a constaté la fausse déclaration matérialisée par l'infraction à la loi relative au change et au transfert de capitaux, tel que prévu dans l'ordonnance n°03/01. Les services de douanes ont établi immédiatement à leur encontre une amende de plus de 15 milliards qu'ils devront verser au Trésor public avant de les présenter devant le procureur près le tribunal de Dréan (El Tarf). Les deux jeunes Lyes et El Hadi sont-ils de simples convoyeurs ? Font-ils partie d'un réseau international de trafic de devises ou ont-ils agi pour le compte de filières internationales spécialisées dans le blanchiment d'argent ? Des interrogations qui s'imposent lorsqu'on sait qu'il y a moins de trois mois, les Douanes algériennes avaient saisi 1 143 600 euros dans la même wilaya frontalière d'El Tarf. La manœuvre tendant à faire sortir du territoire national l'équivalent de plus 115,5 millions de dinars avait pu être déjouée, fin juin dernier, à quelques kilomètres du poste-frontière algéro-tunisien d'El Ayoun. Les douaniers avaient agi sur informations fournies par des «aviseurs» faisant état de la préparation d'un important trafic de devises via le poste-frontière en question, ces éléments avaient, dès la matinée, tendu une embuscade au contrevenant, Messaoud M., un jeune originaire de Aïn Kercha (Oum El Bouaghi). Ce n'est que 5 heures plus tard qu'il a été intercepté à bord de son véhicule, une Renault 25 immatriculée à Batna. Affolé à la vue des douaniers, il a aussitôt pris la fuite en direction de la dense forêt limitrophe. Après une brève course-poursuite, le contrebandier a dû abandonner son véhicule mais a tout de même réussi à prendre et la clé des champs et celle de son véhicule. Un constat étayé par un inspecteur principal de la DRDA qui affirme : «Privilégiant notamment les frontières terrestres et maritimes, réputées plus poreuses, aux voies aéroportuaires, leurs commanditaires innovent dans les modes opératoires et les tracés dans leurs tentatives de faire passer les devises par les frontières particulièrement celles algéro-tunisiennes via El Tarf avant de les faire parvenir à leur destination finale, dans un lointain paradis fiscal ou une quelconque banque européenne.» C'est dire qu'El Tarf est à inscrire parmi les wilayas privilégiées par les passeurs de devises.