L'affichage de la dernière liste comportant 512 heureux bénéficiaires n'a pas suscité un grand mécontentement, avons-nous constaté plus de dix jours après, mais a fait naître un sentiment d'exclusion. Beaucoup de ceux et celles qui n'ont pas eu droit à ce privilège à la veille du Ramadhan n'ont pas formulé de recours. Les préposés à l'étude des recours n'avaient reçu pas plus qu'une centaine de demandes. D'autres gens frustrés, que nous avons croisés ou qui sont venus à notre bureau, évoquent chacun son «droit». Madame Aïcha Djillali, une femme de ménage travaillant pourtant à la wilaya depuis dix-sept ans en tant que vacataire, explique son calvaire : «Etant une parmi onze personnes héritières d'un bien parental, je me vois à chaque fois exclue de la liste des bénéficiaires de logements sociaux. A l'appui de mes successifs dossiers déposés depuis 1993, j'arguais toujours de l'insignifiance du dû qui m'a échu mais rien n'y fit. La commission trouve toujours le moyen de m'évincer sans raisons évidentes. Devenue depuis grand-mère. Un de mes quatre enfants a deux fils et nous continuons à vivre ensemble, près de quatorze personnes dans un petit réduit insalubre. N'ai-je pas, en tant que native de Tiaret, le droit à ce logement?». Double travail Une autre qui venait de dénoncer une tentative de corruption avérée s'étonne qu'elle soit exclue. «Est-ce que c'est ma récompense après avoir dénoncé un grave déni de droit ?». Plus pathétique, ce plaidoyer d'une jeune femme divorcée, avec deux enfants sur les bras. «Nous sommes perdus», dit-elle. «Nous n'avons droit ni au social ni au LSP, supérieur à notre pouvoir d'achat. Quel sort pour notre catégorie celle qui vit avec un salaire minable» avant d'éclater en sanglots ? Pour le chef de daïra, «la conscience est tranquille car c'est la meilleure liste de toutes celles parues jusqu'aujourd'hui. Nous avons effectué un double travail, souvent harassant, traiter les dossiers patiemment au cas par cas. Ceux et celles qui n'ont pas eu droit doivent attendre leur tour», dit-il. La demande étant toujours plus forte que l'offre. La commission avait, pour rappel, traité pas moins de 31 597 dossiers. «Une offre additive de 86 logements est adjointe à cette liste», affirme le wali qui ajoute que «les résidents du centre de transit de Karman, qui continuent de souffrir depuis plus de six ans, et les habitants du bidonville de Zaaroura seront prochainement relogés une fois les enquêtes approfondies achevées».