Le journaliste marocain Ali Lmrabet a été vivement critiqué hier et accusé de trahison par des associations sahraouies pour un reportage sur les Sahraouis de Tindouf affirmant qu'ils ne souhaitent pas réintégrer le royaume. Ancien détenu au Maroc pour « outrage au roi », Ali Lmrabet est accusé par ces associations de vouloir « nuire à son pays » et réclament une « réaction appropriée » des autorités. Lmrabet a affirmé, dans un entretien accordé le 7 janvier 2005 à l'hebdomadaire marocain El Moustaqil, que les réfugiés sahraouis « n'ont aucune envie de rentrer au Maroc » et qu'ils n'auraient au demeurant « aucune difficulté » à le faire, via la Mauritanie. Des propos jugés contradictoires à la position officielle marocaine pour qui les réfugiés sahraouis sont « séquestrés » par le Front Polisario, ce qui a fait l'objet d'une vive polémique au Maroc. « Rien ne symbolise mieux l'intention affichée du nommé Lmrabet de nuire à son pays et à son peuple que sa visite aux camps de Tindouf », ont affirmé ces associations, dont la plupart se présentant pour la défense de la « marocanité » du Sahara-Occidental. « Comme un seul homme, nos compatriotes sahraouis dénoncent la trahison », a titré en une hier le quotidien Le Matin, principal organe du pouvoir, relatant des manifestations organisées la veille à Rabat par quelques dizaines de personnes au nom de ces associations sahraouies, devant le Parlement et l'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante). Le grief retenu contre l'AMDH est d'avoir pris la défense de Ali Lmrabet au nom de la liberté d'expression. Ce qui a fait régir hier l'AMDH qui a dénoncé « le langage de la menace et de l'insulte » employé contre elle. Condamné le 16 juillet 2003 pour « outrage au roi » à trois années de prison ferme, Ali Lmrabet a été gracié par le roi Mohammed VI le 7 janvier 2004.