La condamnation de Ali Lmrabet, journaliste marocain du quotidien espagnol El Mundo, mardi dernier par le tribunal de première instance de Rabat à 50 000 dirhams et à 10 ans d'interdiction d'écrire, et à un dirham symbolique à la victime, Ahmed Kheïr, pour « diffamation intentée par ce dernier en sa qualité de porte-parole de l'Association des parents des Sahraouis victimes de la répression dans les camps de Tindouf », se référant à l'article 87 du code pénal, a déterré les sentiments belliqueux et d'animosité de certains éditorialistes casablancais à l'égard de... la presse algérienne. Khalil Hachimi Idrissi, le directeur de la publication et de la rédaction de Aujourd'hui le Maroc, commente à la limite de l'insulte : « ... La réaction qu'a réservée la presse algérienne à sa condamnation (Lmrabet) est amusante : ils ont apparemment du mal à faire le service après-vente après avoir fourvoyé ce garçon dans la trahison. Le problème, c'est le Sahara marocain, ce n'est pas la gêne du Makhzen qui, ces derniers temps, en a vu d'autres et qui ne s'en porte pas plus mal. Ils veulent nous faire croire que le journaliste opposant (mis entre guillemets) a été condamné pour ses idées. Alors qu'eux, ils savent très bien qu'Ali Lmrabet n'est capable que de fourguer les idées de ses commanditaires. En l'occurrence, dans cette affaire, si l'on peut dire, vient d'Alger. » L'éditorialiste, qui qualifie Lmrabet d'« un petit rien », ajoute : « Mais que son fan club se rassure, Ali Lmrabet écrira encore et encore, car il trouvera toujours une tribune intéressée pour relayer et instrumentaliser sa rancune. Aujourd'hui, c'est El Mundo qui lui ouvre ses colonnes. Demain, ce sera un autre. » A l'issue du verdict, le plaignant et le collectif qui l'accompagnait ont trouvé la sanction légère avant de scander : « Vive le roi » et « Le Sahara est marocain et le restera ». Lmrabet avait déclaré dans l'hebdomadaire marocain arabophone Al Moustakil que « les Sahraouis qui se trouvent à Tindouf ne sont pas des séquestrés, comme le veut la propagande officielle marocaine, mais des réfugiés, comme l'énoncent toutes les résolutions de l'ONU ». Pour l'étouffer davantage, Lmrabet devait se présenter dans des tribunaux de plusieurs villes différentes du royaume, le même jour, pour être condamné pour le même délit. « Est-ce que cette stratégie serait de m'empêcher d'assister physiquement à toutes les séances et d'être ainsi condamné par contumace ou en absence dix ou vingt fois pour la même affaire ? », s'interrogeait-il à partir de Paris. Le Syndicat des journalistes marocains, par l'intermédiaire de son président, Younès Moudjahed, a commenté le verdict en ces termes : « Le verdict est sévère même si nous n'approuvons pas les idées et les thèses de Lmrabet. »