La vétusté du réseau d'AEP, ainsi que celle des eaux usées, à travers les 34 communes que compte la wilaya de Guelma, aggravée par des picages illicites, est une situation qui ne laisse présager que le pire. L'épouvantail des cross- connexions est omniprésent. La vigilance des habitants ne doit pas baisser d'un iota. Ce sont les premiers jets d'eau aux robinets, nous dit-on, qui sont les plus révélateurs d'une éventuelle contamination, telles l'absence de limpidité et l'odeur anormale de l'eau, notamment fétide. En effet, à entendre les responsables de l'Algérienne des eaux, il ne se passe pas une semaine sans qu'une alerte à la contamination ne soit lancée dans un quartier à Guelma-ville. Difficilement localisable, les cross-connexions ne sont colmatées qu'après plusieurs semaines. Une situation dont seuls les riverains payent un lourd tribut. L'eau est coupée pour laisser la place à un plan de « citernage», dans le meilleur des cas. Les dernières cross-connexions enregistrées au niveau des cités populaires Benhergha, Aghabi et Fezani à Guelma durant les mois de juillet et août, ainsi que celle d'avant-hier, localisée à la cité El Hafssi, sont révélatrices à plus d'un titre. Selon la même source, la main de l'homme n'est pas étrangère à ce phénomène. En clair, les malfaçons du réseau (AEP-égout) et les piquages illicites font trembler les autorités locales. Guelma, est-elle assise sur une bombe biologique ? Les avis sur la question sont mitigés. Selon certains laborantins du secteur public, que nous avons contactés, il y a de quoi être inquiet. Les prélèvements d'eaux suspectes du robinet soumis, entre autres par l'Algérienne des eaux et le bureau d'hygiène de l'APC pour analyses microbiologiques révèlent très souvent la présence de coliformes fécaux. D'autres par contre relativisent, expliquant que le chlore dans les réservoirs réduit la diffusion des maladies hydriques. Mais dans ce cas précis, insistent les professionnels du secteur, il faut faire le distinguo entre défaut de chloration et contamination. Ainsi, sans faire dans l'alarmisme, aucun quartier ou pâté de maisons des villes et villages de la wilaya n'est à l'abri d'une rupture de canalisation avec point de contamination, tel le récent cas signalé au niveau de la cité des Chouhada (ex- rue des Jardins) dans la commune de Oued Zenati. Quoi qu'il en soit, c'est un problème de santé publique d'une gravité extrême que vivent les habitants de la wilaya. Côté chiffres, ce ne sont certainement pas les bilans creux déshumanisés des services de prévention qui changeront quelque chose à la situation. Mais encore, et plus grave, les gérants de l'eau et les consommateurs à tous les niveaux à Guelma se rejettent mutuellement la responsabilité. L'OPGI, l'ADE, les APC et la direction de l'Hydraulique s'éternisent chacun de son côté dans le bricolage et les colmatages tous azimuts.