Les artères de l'ancien village de Boukhalfa qui surplombe le versant sud-ouest de la ville de Tizi Ouzou sont presque vides. Sur la route, des collégiens attaquent une montée rude de deux kilomètres tapissée de tout-venant. Village sinistré lors des intempéries de novembre 2007, peu de choses ont changé visiblement. Les roues de notre véhicule s'enlisent dans une épaisse couche de gravillons et de poussière. Impossible d'aller plus loin. «Les autorités n'ont fait que dans l'embellissement à mon avis. Les projets qui ont été entamés depuis une année servent à sécuriser la partie inférieure du village. C'est bien, mais qu'en est-il de la prise en charge des villageois ayant subi des dommages dans leurs maisons qu'ils occupent toujours? Elles menacent ruine à tout moment», s'interroge Hakim un habitant du quartier Kherib Ben Zahra. «Notre quartier renferme une dizaine de masures qui abritent une vingtaine de familles. Nous avons appris que des aides seront débloquées pour la réparation des dégâts, mais à ce jour, rien n'est fait. Lors de sa visite, le wali de Tizi Ouzou aurait promis le recasement des familles sinistrées et l'éradication des maisons précaires, construites anarchiquement dans le ravin qui traverse le village», témoigne ce forgeron. «Il avait fait état de la disponibilité de 50 logements pour le relogement?», rappelle-t-il encore. Le centre de cette banlieue de Tizi Ouzou est transformé en un immense chantier. Déviation, routes coupées, poussière et autant de désagréments engendrés pour les habitants et les automobilistes par ces travaux qui n'en finissent pas. Un projet de drainage des eaux pluviales est en cours d'exécution. L'entrepreneur chargé de l'opération est plutôt satisfait de l'avancement des travaux. «Le taux de réalisation est à 95 %. Si tout va bien, le projet sera livré dans 15 jours. Nous avons réalisé deux grands bassins pour collecter les eaux qui dévalent des ravins. Ensuite, les flots seront drainés dans des buses de différentes dimensions sur plus d'un kilomètre pour terminer dans un ovoïde de 7 mètres de profondeur». Par ailleurs, notre interlocuteur conçoit«qu'avec cet ouvrage, la catastrophe de 2007 ne se reproduira plus ; pour peu que les avaloirs et les 2 km de caniveaux qui sont en voie d'achèvement soient entretenus et curés régulièrement». Il est utile de rappeler que les efforts consentis par les autorités pour lutter contre les inondations ont servi à éviter la réédition du scénario de novembre 2007 en ville. A cette époque, en plus des dégâts matériels, la précipitation a provoqué la mort de 4 personnes. En effet, au lendemain des intempéries du 1er novembre 2007, l'Etat a dégagé une enveloppe financière s'élevant à 20 milliards de centimes pour la protection des villes contre les crues. Chantier à la traîne Cinq ovoïdes ont été inscrits en plus des opérations telles que la réalisation de caniveaux, le curage des avaloirs, la pose de gabions ainsi que la construction de murs de soutènement. Un an après le lancement de ce programme, des chantiers sont toujours à la traîne. À la zone Oued Falli, sise à la périphérie ouest de Tizi Ouzou on se souvient du couple qui a été précipité par des eaux en furie dans un canal conçu hors norme. Dans le même endroit, un jeune a été englouti. Une halte sur les lieux donne le frisson. L'ovoïde qui longe le CW128 sur plus de 500 m est encore en construction. Et ce n'est sans doute pas pour cet hiver qu'il sera opérationnel. Personne n'était sur le chantier le jour de notre visite. En face, les habitants des maisons qui ont été inondées par les eaux ne sont pas pour autant rassurés en cas de nouvelles intempéries. En Haute Kabylie, il y a lieu de citer le seul ovoïde affecté à la commune des Ouadhias. Inscrit dans le cadre de la lutte contre les crues, les travaux n'ont pas encore démarré. Joint par téléphone, M. Hallou, P/APC, regrette : «Le projet qui devait parer à la menace d'inondation en ville bute en ce moment sur un souci de financement. L'ouvrage, long de 1,5 km contribuera également à densifier le réseau routier dans la localité». Ainsi, afin de prémunir la ville d'éventuelles montées des eaux, les services de l'APC entament un curage régulier des avaloirs et du réseau d'assainissement, ajoute-t-il. «Certes, on a beaucoup investi dans les ouvrages qui serviront à canaliser la crue, comme il est en train de se faire au centre de Boukhalfa. Mais, on a omis quelque part la prise en charge sociale des habitants qui résident toujours dans les vieilles maison en terre», conclut Hakim avant de reprendre sa soudure.