Après la cacophonie qui l'a entouré, nul n'aurait misé sur l'aboutissement du dossier d'extradition de Abdelmoumène Khalifa fourni par l'Algérie aux autorités britanniques. Sauf surprise de dernière minute, l'ancien patron de l'empire Khalifa sera bel et bien remis aux mains de la justice algérienne. La justice du Royaume-Uni a mis tout le temps nécessaire pour examiner toutes les pièces du dossier et aurait cerné tous les contours d'un feuilleton qui semble toucher à sa fin. L'appel du golden boy aura-t-il une chance d'aboutir ? Peu probable ! Dans tous les cas de figure, le sort du milliardaire fugitif semble bien être scellé. L'interrogation qui s'impose à présent concerne la reprise de son procès ici en Algérie même. A la seule idée de le voir à la barre est un événement qui va à coup sûr défrayer la chronique judiciaire. Pas seulement. Retour à la case départ Son procès donnera sûrement une autre tournure à une affaire classée dans la rubrique d'un des grands scandales financiers que le pays n'a jamais connu.La collectivité nationale y a perdu 220 milliards de dinars, l'équivalent de 3 milliards de dollars. Que dira alors Abdelmoumène Khalifa pour accréditer la thèse qu'il ne cesse de défendre que « son empire a été victime d'un règlement de comptes politique » ? Que révélera, si il est extradé, l'ex-milliardaire algérien qu'il n'a pas encore dit ou divulgué soit devant la justice britannique ou à la presse internationale ? La boîte de Pandore sera-t-elle ouverte cette fois-ci sous les regards de la justice britannique en particulier et de l'opinion publique en générale, auxquelles l'Algérie a garanti la tenue d'un procès juste et équitable ? L'extradition du golden boy aura peut-être le mérite de revenir sur des interrogations restées en suspens lors du procès concernant la caisse centrale d'El Khalifa Bank, mais aussi de relancer le procès dans l'un de ses volets les plus importants, à savoir les transferts de devises par swift et les cartes de crédit, dont l'instruction a commencé il y a plus de deux ans sans que l'on sache de quoi il retourne. Mais en attendant l'extradition de Abdelmoumène Khalifa et surtout l'appel qu'il a introduit pour s'en extraire, qu'en est-il des autres fugitifs, des Keramane, Abdelwahab, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdenour, ancien ministre de l'Industrie et sa fille Yasmine, ancienne responsable de l'antenne italienne de Khalifa Airways. Ces derniers avaient, rappelons-le, clamé leur « innocence » et ont parlé d'« une machination politicienne » dans une lettre remise à la presse au moment où se déroulait, en 2007, le procès de la caisse centrale d'El Khalifa Bank au tribunal de Blida. L'on ne sait toujours pas s'ils sont sous le coup d'un mandat d'arrêt international ou non. En tout cas, il y a longtemps que l'on a cessé de parler d'eux tant les feux de la rampe étaient tous braqués sur Londres où est détenu le patron de « l'empire éclaté ». Du côté de l'Hexagone, c'est la demande de l'Algérie concernant l'extradition des autres pièces du puzzle Khalifa qui revient au-devant de l'actualité après la décision rendue jeudi dernier par la justice britannique. Il s'agit de l'ex-épouse de Abdelmoumène Khalifa, Nadia Amirouchène, d'Amine Chachoua, ex-gérant des affaires Khalifa en France, et de deux autres cadres du groupe, MM. Nanouche et Kebache qui ont fait l'objet d'une demande d'extradition de la part de l'Algérie, mais qui n'a jusqu'à ce jour pas abouti. Les procédures d'extradition sont visiblement très lentes. Encore faut-il une volonté politique qui permettra d'ouvrir la boîte de Pandore pour dire la vérité aux Algériens sur les tenants et les aboutissants d'une affaire qui a coûté cher au Trésor public.