«Il est important que le monde entier sache que Gilad Shalit est en vie et en bonne santé et que le Hamas est responsable de (…) son état», a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour justifier l'accord conclu avec les islamistes du Hamas. Dans un communiqué rendu public hier, le bureau du Premier ministre a annoncé que le cabinet de sécurité israélien avait «décidé d'autoriser la libération de 20 détenues palestiniennes» en échange d'une preuve «claire et récente» de l'état de santé du soldat Gilad Shalit. «La preuve qu'il est en vie sera remise à Israël par les médiateurs (égyptiens et allemands) sous la forme d'une vidéo récemment filmée», précise-t-il. Un haut responsable israélien a affirmé que les 20 prisonnières seraient libérées demain simultanément à la remise de la vidéo aux Israéliens. L'enregistrement date «probablement de quelques semaines», a-t-il précisé. De leur côté, les Brigades Ezzedine Al Qassam, le bras armé du Hamas, ont confirmé l'échange lors d'une conférence de presse à Ghaza. Cet accord représente une importante percée dans les laborieuses négociations indirectes en cours entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Ghaza. Ces tractations sont menées depuis 2006 par l'intermédiaire de l'Egypte. L'Allemagne s'y est jointe en juillet. Gilad Shalit, 23 ans, qui a également la nationalité française, a été capturé le 25 juin 2006 à la lisière de la bande de Ghaza par trois groupes palestiniens, dont le bras armé du Hamas. Preuve de vie Un officiel israélien a précisé qu'un médiateur allemand avait vu la vidéo. «Nous avons des indications sur son contenu mais aucun responsable israélien ne l'a vue», a-t-il ajouté, refusant de se prononcer sur l'état de santé de l'otage. Sami Abou Zouhri, un porte-parole du Hamas, a indiqué que la vidéo était déjà entre les mains des médiateurs, sans préciser s'il s'agissait des Allemands ou des Egyptiens. Abou Moudjahid, porte-parole du Comité de la résistance populaire (CRP) qui a participé à l'enlèvement du soldat, a précisé que la vidéo durait une minute et constituait une preuve irréfutable que Gilad Shalit est en vie. Selon le porte-parole des Brigades Al Qassam, les prisonnières sont quatre membres du Hamas, cinq du Fatah (le parti du président Mahmoud Abbas), trois du Jihad islamique, une du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et sept sans affiliation. Le haut responsable israélien a précisé que ces prisonnières, 19 originaires de Cisjordanie et une de Ghaza, étaient libérables au cours des deux prochaines années. Elles ne sont pas impliquées dans la mort de citoyens israéliens, a-t-il assuré. Le ministre palestinien chargé des Prisonniers, Issa Qaraqaë, s'est félicité de l'annonce. «Bien que n'ayant pas pris part à cet accord, nous nous réjouissons de la libération de ces prisonnières et nous nous préparons à les accueillir vendredi», a-t-il déclaré à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne. Depuis sa capture, le soldat Shalit a pu faire parvenir en Israël plusieurs messages authentifiant qu'il était en vie, en juin 2007 puis en février, avril et juin 2008. Le président israélien, Shimon Peres, a estimé hier lors de la remise des lettres de créances du nouvel ambassadeur de France en Israël qu'un signe de vie du soldat Shalit «serait un pas important vers sa libération».