La déception des passagers est d'autant plus grande qu'aucune prise en charge pour les personnes vulnérables n'a été prévue. Dimanche, 13 h. Il y a foule devant l'entrée du port de Skikda. Femmes, hommes et enfants sont regroupés sous un soleil de plomb. L'attente risque de durer quelques heures encore, ils en sont conscients mais surtout habitués. « Nous attendons nos proches qui viennent d'arriver de Marseille », nous a-t-on expliqué. En effet, le navire, L'Ile de Beauté, vient juste d'accoster, avec, à son bord, 1 200 passagers. Le même scénario se reproduit dans l'enceinte du port : une impressionnante file s'est formée, et à côté de la chaîne de véhicules stationnés, des femmes avec des enfants en bas âge, des personnes âgées et autres handicapées sont assises par terre. La scène semble banale, normale ou presque… Mais, « c'est toujours comme ça que ça se passe ! » tonne un vieux monsieur. Les passagers, exténués par la traversée, ne tiennent plus debout ; ce qui attire notre attention, c'est cette vieille dame originaire de Skikda. Fatiguée et malade, peinant à parler, elle dira : « J'ai le diabète, et apparemment personne ne se préoccupe de notre sort, j'attends depuis près de deux heures déjà et je n'en peux plus. Le retour au bled devrait être le plus beau moment, mais là, il vire au cauchemar. » Le mécontentement et la déception se lisent sur certains visages comme celui de ce jeune, qui fait remarquer : « Il devrait y avoir une prise en charge spécifique pour les personnes vulnérables et les enfants qui sont très sensibles à la chaleur et ne peuvent résister à de telles conditions. » Non loin de lui, un habitué du port de Skikda renchérit : « Cela fait quinze ans que je transite par ce port et je suis un peu déçu de constater qu'on continue de recourir aux vieilles méthodes. On est en 2009, le monde évolue et la technologie aussi, c'est aberrant de voir par exemple que le contrôle des véhicules n'est pas assuré par un scanner, les agents prennent un temps fou pour les fouiller. » Ce point a d'ailleurs été soulevé lors de la visite du DG des Douanes, qui avait exigé la mise en place des scanners avant le mois de février dernier. Rien n'a été fait depuis, et ce sont les voyageurs qui en payent le prix. S'agissant des formalités douanières, lesquelles généralement s'éternisent, notre interlocuteur tiendra à saluer les efforts consentis en ces termes : « J'ai vraiment apprécié le fait que les formalités se soient déroulées à bord du bateau, ce qui permet un gain de temps incommensurable aux passagers. » Il est vrai qu'en matière de procédures, un pas considérable a été franchi et bon nombre de passagers ont déclaré à ce sujet : « Ça se passe bien et nous sommes très satisfaits de la célérité du contrôle des bagages. » L'inspecteur principal du service voyageurs de la douane et celui de la brigade de la police des frontières du port de Skikda évoquent la mise en place d'un dispositif draconien pour l'accueil des émigrés. D'autres part aucun cas de grippe porcine n'a été détecté au niveau du port, néanmoins, une équipe médicale veille en permanence au contrôlé sanitaire de tous les navires et passagers en provenance des pays affectés par le virus. Les deux responsables rappellent également les difficultés auxquelles ils doivent faire face. Ils ont été unanimes à affirmer que la gare maritime du port de Skikda est défaillante et qu'elle ne répond pas aux normes du fait de son exiguïté. Le responsable de la PAF explique dans ce sens : « Il n'y a pas de gare maritime à Skikda, on est juste en train d'exploiter une piste, mais il faut être lucide c'est un port qui ne peut pas contenir 450 voire 500 véhicules. Nous ne disposons actuellement que de trois garages ; nous envisageons, avec la collaboration de l'EPS, d'en créer un quatrième, et ce afin d'alléger l'encombrement actuel ». L'inspecteur de la BPF revient pour sa part sur les conditions de travail des agents et le manque d'effectif, disant : « Nous accusons un réel déficit ; nous ne disposons pas d'une brigade spécialisée pour les voyageurs mais cela ne décourage en rien nos agents qui veillent au confort et à la sécurité des passagers, et c'est tout ce qui compte. »