Même si l'hiver n'est pas encore là, à Ouled Rabah il fait déjà froid. Le mois d'octobre, durant lequel le climat est encore relativement clément, les habitants de cette commune déshéritée de l'extrême sud-est de la wilaya de Jijel, située aux confins des limites de cette dernière avec celles de Mila, subissent déjà la rigueur du froid. Les premières pluies tombées sur la région ont été un avertissement pour ces habitants, vivant, dans leur écrasante majorité, dans des conditions précaires. Pour se chauffer, chacun recourt à ses propres petits moyens pour ramener, à prix fort, la fameuse bonbonne de gaz, ou carrément au bois. Pour lutter contre cette précarité, le P/APC, Abdelmalek Bouabdallah, qui nous a accueilli dans son bureau le jour de son repos, vendredi, ne rêve que de faire raccorder sa commune au réseau du gaz de ville, qui n'est, précise-t-il, qu'à quelques kilomètres de là, chez les voisins d'une localité limitrophe de la wilaya de Mila. Et pourtant, le gaz de ville n'est pas aussi urgent que d'autres préoccupations. L'eau et les pistes à aménager entre les mechtas éparses de cette région enclavée restent les défis majeurs de cette commune. Pour l'alimentation en eau potable des 3 713 habitants de Larbaâ, le chef-lieu de la commune, les services de l'APC ramènent quotidiennement, en été, 5 camions-citernes, explique le maire, qui se dit prêt à engager tous les efforts nécessaires afin d'alimenter la population en eau potable. Pour cela, dit-il, il faut faire des forages ou chercher d'autres solutions en collaboration avec les services concernés. La nature montagneuse de cette commune à relief accidenté et difficile pose également problème aux citoyens qui trouvent des difficultés dans leurs déplacements quotidiens sur des pistes non aménagées. Ces conditions imposent, ajoute le P/APC, l'urgence d'aménager ces pistes en les goudronnant pour relier les différentes mechtas entre elles. Pour l'histoire, cette commune est constituée de 13 mechtas éparses. Ses habitants, au nombre de 1 0622, sont de condition sociale très modeste; ceux ayant les moyens sont partis se réfugier sous des cieux plus cléments. Ceux qui sont restés sont pauvres et peuvent à peine subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Ils manquent de tout, même d'une couverture sanitaire ; ils sont livrés au chômage, en l'absence d'une quelconque opportunité d'emploi, dans une commune n'ayant pas la moindre ressource. Le transport scolaire est un autre casse-tête quotidien pour les élèves et leurs parents. Les infrastructures scolaires ne posent, toutefois, pas de soucis à ces derniers, dans la mesure où il y a 14 écoles primaires, deux CEM et un lycée en construction. Des rapports des services de contrôle technique de construction (CTC) ont cependant préconisé la démolition des écoles en état de dégradation avancé des localités de Tamakhrat, Richia et Bouchkab, afin de les reconstruire. Pour le développement rural, la commune de Ouled Rabah a besoin, note le P/APC, de projets pour l'élevage bovin et ovin, l'apiculture et l'arboriculture, pour absorber un tant soit peu, a-t-il souligné, le chômage qui gangrène la région. Cela dit, et en dépit de toutes les difficultés dans lesquelles se débat la commune, celle-ci a, néanmoins, réussi le pari de la construction rurale. La seule consolation des habitants est qu'ils ont pu avoir accès à des logements décents dans le cadre de l'habitat rural. Le maire est d'ailleurs catégorique pour relever que «pour la seule année 2008, 600 bénéficiaires ont été enregistrés, ce qui porte leur nombre à 1000 depuis l'année 2000».