Le nombre des éditeurs algériens est de 145. «Je n'ai aucun problème avec les éditeurs. Ce sont tous des collègues. Et je respecte l'éthique professionnelle», a soutenu M. Ameziane. Avec des éditeurs venus de 25 pays, le nombre global des participants sera de 343, alors que celui des ouvrages avoisine les 120 000 titres. L'installation du chapiteau et des stands est assurée par les entreprises algériennes Astalavista et Exposign. «Astalavista est issue de l'Ansej. Il n'y a ni euros ni dollars, pas d'étranger. Les prix des chapiteaux et des installations sont connus par l'Etat et les particuliers», a-t-il indiqué. L'espace est loué à 1500 DA le mètre carré. Le prix est identique pour les chapiteaux et pour l'équipement des stands. Le chapiteau qui abrite le Sila s'étale sur une superficie de 20 000 m². Interrogé sur la censure, M. Ameziane a soutenu que tous les salons, notamment dans les pays arabes, sont codifiés par «des lois relatives à l'outrage aux institutions, à la morale, à l'extrémisme. Il y a beaucoup d'ouvrages que vous n'aimeriez pas voir circuler. Les livres qui portent atteinte à la moralité ou prônent le radicalisme religieux ne sont pas admis. L'ENTV n'est pas Canal Plus. Il y a des films qu'on ne voit pas en famille. L'Algérie est le seul pays où l'on évoque la censure», a-t-il affirmé. Selon lui, les livres des auteurs spécialisés dans la propagande du mal ne peuvent être exposés. «Ils ne sont vendus ni ici, ni en Tunisie, ni au Maroc. Il y a des commissions interministérielles qui me dépassent. Elles sont là pour voir s'il n'existe pas de livres qui font du mal au pays. Ce n'est pas plus compliqué que cela», a indiqué le commissaire du Sila, soulignant qu'il était défenseur de la liberté d'expression en tant qu'éditeur. «Personne n'a été censuré chez Casbah Editions», a-t-il ajouté. A une question relative sur le dernier roman-pamphlet de Mehdi El Djezaïri, Poutakhine, publié à compte d'auteur, M. Ameziane a répondu que la censure ne touchera aucun ouvrage algérien. Le domicile de Mehdi El Djezaïri a subi une perquisition policière vendredi 23 octobre 2009. L'ouvrage n'est pourtant pas interdit par la justice. Smaïl Ameziane a qualifié de «politique» la décision de transférer l'organisation du SILA de l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) à un commissariat sous l'égide du ministère de la Culture. L'ANEP a, selon lui, discrètement pris part à l'organisation du Salon. La présence visible d'agents de sécurité privés est, d'après M. Ameziane, liée au fait que le chapiteau est dressé en extérieur. La présence est, selon, sécuritaire et non policière. «Nous devons assurer la sécurité des biens et des visiteurs. Je souhaiterais qu'il n'y ait pas d'incident. Le chapiteau est sous télésurveillance. Ce qui m'importe est le respect du public. Je ne veux pas qu'on vole un sac ou un portable à un visiteur. Je veux que les familles soient à l'aise», a-t-il dit. Le slogan du Sila, «Le roi livre», inspiré visiblement de la tragédie de William Shakespeare Le Roi Lear, a été choisi, selon, par un panel composé d'une vingtaine de personnes. «Le choix a été fait après débat. Le roi livre est un slogan léger. Il nous a plu et nous l'avons adopté», a-t-il indiqué. Détaillant le programme, Bouzid Harzallah a annoncé une table ronde sur les femmes romancières arabes qui aura lieu le 2 novembre en présence de l'Irakienne Inaâm Kachachi, de la Marocaine Khenata Bennouna et de l'Algérienne Amel Bachiri (qui vit à Dubaï). Selon lui, des auteurs et journalistes de Ghaza, d'El Qods et de Ramallah animeront des conférences sur la situation de la culture dans les territoires palestiniens. La Palestine et l'Afrique sont les invités d'honneur du Salon. Un récital sera consacré au poète Azzedine El Menasra. «Je le considère comme le digne héritier de Mahmoud Darwich. Il a déjà enseigné en Algérie pendant huit ans», a souligné Bouzid Harzallah. Hommage sera rendu à la romancière algérienne Ahlem Mostaghanemi, au défunt poète Omar El Bernaoui, auteur du chant patriotique (nachid) Min adjlika ichna ya watani et à Francis Jeanson, fondateur du célèbre réseau de soutien aux combattants de la guerre de Libération. Selon Samia Chikh, une table ronde abordera les problèmes et les perspectives de l'édition en Afrique. Des auteurs, présents à Alger durant le deuxième Festival culturel panafaricain (Panaf) de juillet dernier, reviendront sur les résidences d'écriture. «On va parler de cette expérience et découvrir les fruits des résidences. Des auteurs africains liront les textes d'écrivains algériens», a-t-elle noté. L'Ivorienne Tannela Boni et le Camerounais Eugène Ebodé seront, entre autres, les invités du SILA. L'évocation de Kateb Yacine fera l'objet d'une conférence qui sera animée par Abdelaziz Boubakir, Rachid Boudjedra et Omar Chaâlal. Youssef Sayah a mis l'accent sur deux autres importantes tables rondes : «L'axe Paris-Alger-Le Caire dans l'imaginaire politique français» présentée par Paul Balta et Ahmed Youcef ainsi que «El Qods et la Palestine : situation et perspectives», modérée par Hocine Belalloufi et animée par le Palestinien Hassan Balawi, le Belge Sébastien Boussois, l'Italienne Paola Caridi et le Français Alain Gresh. La littérature sud-américaine ne sera pas en reste. L'Algérien Sadi Lakhdari, chargé des hautes études ibériques à la Sorbonne de Paris, animera avec l'écrivain chilien Sergio Macias, l'art d'écrire en Amérique latine. Juan Castilla Brazalès, directeur de l'Institut arabe de Grenade, fera, jeudi 29 octobre, une présentation de son dernier ouvrage Il était une fois en Andalousie. Autre rendez-vous intéressant : la conférence de Jean Bricmont, «Responsablité de protéger et Cour pénale internationale : vers une justice pour les pays du Sud ?», qui sera présentée par Meriem Abdou. La critique littéraire au Maghreb fera l'objet d'un débat animé, entre autres, par la Tunisienne Imen Laâbidi, le Marocain Abdeljalil El Azadi et l'Algérien Ahmed Mennour. Aucun prix littéraire ne sera accordé cette année. D'habitude, l'Association des libraires algériens (Aslia) organisait une sélection des meilleurs ouvrages. Pour Smaïl Ameziane, le retrait de Aslia est dû au fait qu'il ne pouvait pas y avoir deux gestionnaires pour le Salon du livre. «J'invite la presse à organiser le concours des meilleures œuvres littéraires. Montez un jury international et faites-le. Les éditeurs ne peuvent pas le faire car on ne peut être juge et partie», a-t-il dit. Le SILA sera-t-il maintenu à l'avenir à l'esplanade du 5 Juillet ? «C'est au public de décider !», a répondu Smaïl Amziane. Invités au Salon, Amin Malouf, Jorge Semprun, Regis Debray et Antoine Sfeir n'ont pu faire le déplacement à Alger. «Ils ne pouvaient pas le faire en raison d'un agenda chargé. Mais ils promettent de venir l'année prochaine», a précisé Youssef Sayah.