Chose que réfute Rachid Gasmi, président-directeur général de la Safex, qui estime que toutes les mesures ont été prises pour faciliter l'organisation du Sila. Il cite l'exemple de la reconduction des mêmes tarifs que ceux de 2001, la gratuité de l'accès au salon prévue pour cette année et l'accélération des travaux de rénovation du Pavillon central. Dans un rapport transmis au commissaire du Sila et à la ministre de la Culture le 10 septembre 2009, la direction de la Safex a indiqué que toutes les dispositions ont été prises pour que les descriptions techniques des stands soient respectées selon les exigences du commissariat. «Tous les autres aspects liés à l'organisation et qui concernent la Safex sont également suivis avec soin : mise en place de plans de circulation, contrôle des accès spécifiques, mise à disposition de parking», est-il écrit. Est mentionné également la mise à la disposition du commissariat du pavillon sous douane Bahdja, réservé au contrôle des livres par les ministères de la Culture et des Affaires religieuses. Le Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL) s'implique dans le débat et dénonce la délocalisation du salon. «Au lieu de corriger ce qu'il y a comme erreur dans les prestations et dans l'esthétique, on n'a pas trouvé mieux que de remplacer le Palais des expositions de la Safex par un chapiteau dans un espace ouvert au 5 Juillet. Comme si l'Algérie n'avait pas d'infrastructures (…) Je n'ai pas encore entendu parler d'un salon qui change d'endroit», observe Fayçal Houma, président du SNEL. «Le Sila qui est devenu récemment le Fila (Festival international du livre d'Alger) vient d'être délocalisé au 5 Juillet sous un chapiteau. Cela s'est fait sans concertation des éditeurs et sans préavis», relève, pour sa part, Radia Abed, présidente du Syndicat professionnel du livre (SPL). Une tentative de conciliation entre le commissariat du salon et la Safex a été engagée, lundi matin par le SNEL et le SPL, mais n'a pas abouti. Smaïl Ameziane, selon les responsables des deux syndicats, n'a pas pu assister à la réunion en raison d'un engagement avec le ministère de la Culture. Le SNEL et le SPL ne perdent pas espoir de convaincre les deux parties à trouver un terrain d'entente et maintenir l'organisation à la Safex. Attitude que Rachid Gasmi dit respecter et précise qu'il reste ouvert à toutes les propositions. Hier encore, l'option de déplacer le SILA au 5 Juillet semblait plus forte que celle de le maintenir au Palais des expositions de la Safex. «Je ne suis en guerre contre personne. Je suis responsable et j'ai pris ma responsabilité de changer le lieu. Jusqu'à maintenant, le SILA se déroulera au 5 Juillet à la date prévue. Qu'est-ce que je vais négocier alors que les containers de livres sont déjà au port ? Il me semble que la décision de délocaliser le salon a dérangé beaucoup d'intérêts malsains», indique Smaïl Ameziane, contacté par téléphone en début de soirée. Le SNEL et le SPL regrettent le silence du ministère de la Culture sur cette polémique et prévoient de tenir une conférence de presse demain mercredi à la Maison de la presse Tahar Djaout. L'option d'un boycott du salon serait à l'étude. «Pourquoi Khalida Toumi refuse de nous écouter ? Et pourquoi ne prêt-elle oreille qu'à Smaïl Ameziane ?», se demande Fayçal Houma. Sidali Sakhri de l'Association des libraires algériens (Aslia) dénonce, de son côté, la mise à l'écart de l'organisation du SILA. «Depuis sept ans, l'Aslia est membre du comité d'organisation du salon du livre, chargé essentiellement des animations. Les responsables de l'ANEP nous ont fait confiance en nous chargeant de cette mission. En contrepartie, on nous donne 1 million de dinars pour financer nos activités habituelles. Ce que nous faisions était bien accueilli», relève-t-il. Le changement de statut du SILA, considéré désormais comme un festival doté d'un commissaire sur décision du ministère de la Culture, a fait que l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) n'est plus en charge de l'organisation de la manifestation comme ce fut le cas depuis 2001. Cela a entraîné l'éloignement de l'Aslia des activités du salon. «On ne nous a pas informés. Toutes les autres associations ont été mises à l'écart sans qu'on explique ce qui nous est reproché. La nomination d'un commissaire n'implique pas l'éloignement des professionnels du livre et du mouvement associatif qui a fait ses preuves au profit d'individus. L'argent qui peut nourrir la vie d'une association ira finalement dans les poches de personne», ajoute Sidali Sakhri, qui dit avoir saisi par lettre le ministère de la Culture. Selon lui, l'habituel prix Aslia attribué aux meilleurs auteurs sera maintenu cette année. La quatorzième édition du SILA verra la participation de 17 pays représentés par 328 exposants devant occuper une superficie de 8503 m2. L'Egypte, le Liban, la Syrie, la France et la Jordanie seront les pays les plus présents avec plusieurs maisons d'édition. Les éditeurs algériens seront au nombre de 120. A cela s'ajoute des éditeurs venus de onze pays africains, dont le Mali, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal et le Bénin, regroupés dans un stand baptisé «Esprit Panaf'», un clin d'œil au deuxième Festival culturel panafaricain qui s'est tenu à Alger en juillet dernier. Les Palestiniens seront les invités d'honneur du salon. «Le roi livre» serait l'un des slogans retenus pour cette édition