Qu'il est loin le Vetra qui roulait dans les années 1960 ! Aujourd'hui, l'Etusa roule propre, au gaz naturel comprimé… Mais l'entreprise algéroise des bus fait aussi dans le téléphérique et l'escalier mécanique. Cette année, elle fête ses 50 ans. Un demi-siècle de creux et de bosses financiers sur lesquels elle a toujours roulé au nom de l'intérêt général. Pour l'occasion, El Watan Vendredi s'est mis en blanc et bleu. Elle en a transporté des générations d'Algérois ! Bien avant l'indépendance de l'Algérie, l'Etusa –qui ne s'appelait pas encore comme cela– assurait déjà le transport public sous le nom de la Régie syndicale des transports algérois (RSTA). Comme Londres qui a ses bus rouges, Alger a les siens en blanc et bleu. Ses « trolleys ». Un vrai patrimoine. Créée en 1959, elle gérait les réseaux de bus, trolleybus (le nom est même resté en derja) et tramway d'Alger. Après 1962 et l'abandon des lignes de tramway et de trolleybus, la RSTA a continué d'être le seul opérateur de transport public jusqu'à l'ouverture du secteur par décret en février 1987. Mais les années 1990 marquent le début d'une période difficile suite au désengagement de l'Etat qui subventionne encore aujourd'hui l'entreprise et à la concurrence sans merci du transport privé, plus dynamique et soumis à moins de contraintes. A l'aube des années 2000, marquées par le retour de la croissance économique, les pouvoirs publics prennent conscience de la piètre situation dont souffre la RSTA, ils relancent alors l'entreprise publique. Pour commencer, ils lui donnent un nouveau nom. L'obsolète RSTA devient l'Entreprise de transport urbain et suburbain (Etusa). Ensuite, ils lui donnent les moyens de moderniser tout son réseau d'infrastructures de maintenance et de formation, grâce à une convention avec la Coopération technique belge (CTB) qui s'achève en 2007. Sauvée de la liquidation, la nouvelle Etusa a tout de même perdu 300 travailleurs, victimes de compression. Après avoir été transformée, en 1998, en société par actions (SPA), en 2002 le gouvernement la transforme en Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Depuis quelques années, l'ex-RSTA s'est dotée de 214 nouveaux bus de marque Vanhool, dont 12 mégabus de 24m de long, ce qui porte son parc à plus de 300 bus, le but assigné par la direction étant d'arriver à 400 bus pour couvrir l'ensemble de son réseau, composé de 99 lignes dont 39 urbaines. L'Etusa dessert les Algérois aussi en téléphériques, ascenseurs publics et escaliers mécaniques. Pour les premiers, les Algérois ont le choix entre le Mémorial reliant le jardin d'Essai du Hamma-Mémorial du Chahid, Oued Kniss-Palais de la culture, Sidi M'hamed-El Madania (180 m) et celui de Notre-Dame d'Afrique qui s'étend jusqu'à Bologhine. Par ailleurs, les téléphériques ont été récemment rénovés par l'entreprise française Pomagalsky. Les deux ascenseurs de la gare Agha et de la rue Dr Saâdane sont, quant à eux, à l'arrêt pour cause de travaux, le premier par mesure de sécurité, le second, depuis l'attentat du Palais du gouvernement. Bientôt des cartes magnétiques Depuis la grève de 2008 ayant paralysé l'entreprise et qui a eu pour revendications le versement de la subvention promise par l'Etat et le changement du directeur de l'ex-RSTA, les choses ont plutôt pris une tournure positive, puisque plusieurs défaillances ont été comblées en quelques mois. « On a rouvert la ligne 65 qui, jadis, rendait beaucoup de services reliant Diar Saâda à la place du 1er Mai. C'est un service de navette qu'on installe à la demande, car nous avons des régulateurs qui veillent au bon déroulement des services de l'Etusa dans les différentes station de bus », explique le directeur général de l'entreprise, Krim Yacine. En outre, l'entreprise a même pensé aux familles désireuses de se déplacer vers les espaces de détente, les week-ends, en assurant des navettes vers le parc de la Foire d'Alger et celui de Ben Aknoun à partir de la place du 1er Mai, les places des Martyrs et Chevalley. « Ce sont des lignes qui marchent plus ou moins bien, quoique les Algériens préfèrent utiliser la voiture », regrette Krim Yacine. Parmi les dernières réalisations de l'ex-RSTA, le renforcement des lignes qui a touché plusieurs itinéraires jugés très empruntés tels que Audin-Hydra, Audin-Ben Aknoun, Audin-El Biar, Audin-El Mouradia. D'autres destinations ont connu une amélioration en matière de service de transport : la place des Martyrs vers El Biar, Ben Aknoun, Chevalley et de la place du 1er Mai vers El Biar et Ben Aknoun. Pour la période estivale, l'Etusa a prévu de rallonger les horaires jusqu'à minuit concernant les téléphériques et de mettre en place des bus assurant le transport durant la période des festivités. « Pour le Festival international de littérature et du livre de jeunesse, nous avons établi un programme de navette entre Riadh El Feth vers la place du 1er Mai, la place des Martyrs, El Harrach et Chevalley », a précisé le directeur avant d'ajouter : « Nous allons assurer aussi les services pendant la période du Festival panafricain, du Palais de la culture, la Foire d'Alger, Riadh El Feth vers la place Audin , la place des Martyrs et Ben Aknoun. » Par ailleurs, des brigades de nuit sont au service des Algérois jusqu'à minuit et ce, tout au long de l'année, de la place Audin à Ben Aknoun (une vieille ligne de 50 ans), Audin-El Mouradia, Audin-Diar Saâda. D'après le directeur de l'Etusa, d'ici la fin de l'année, il sera possible d'acheter des tickets magnétiques, disponibles dans les différents points de vente. Les habitués, quant à eux, circuleront avec des cartes d'abonnement plus d'utilisation plus facile et disponibles dans tous les points de vente de l'entreprise…