Dans un monde où derrière le bannissement des frontières, sous prétexte de mondialisation des biens marchands, se profile souvent «l'idéologie» rampante de l'effacement identitaire, adversaires que nous sommes de père en fils de l'armement nucléaire où qu'il soit, pour en avoir souffert, nous disposons aujourd'hui d'une magnifique arme de dissuasion et de défense massive, pour peu que nous sachions tirer tous les enseignements de la victoire et de l'immense mobilisation de la jeunesse algérienne autour de son équipe nationale de football dans la fantastique chevauchée vers le Mondial et ce, quels que soient les résultats à venir en coupe d'Afrique des Nations ou en Coupe du monde. Des signaux très forts S'il est vrai que la jeunesse algérienne, comme d'ailleurs la jeunesse d'autres pays dans le monde, se saisit du football parce qu'elle y trouve de belles raisons de rêver, ce sport populaire par excellence étant souvent synonyme de célébrité et de réussite personnelle quels que soient l'origine sociale ou le niveau d'instruction de ses pratiquants, dans sa manière d'exprimer son soutien à l'équipe nationale, dans sa réaction face aux agressions dont celle-ci a été victime au Caire dès son arrivée, dans son indignation devant la chasse à l'Algérien dans les rues de «Oum Edounia», devenue mère de toutes les lâchetés, et sur des plateaux de télévision transformés en champs de tir contre tout ce qui ressemble de près de loin à l'Algérien, dans les slogans et les mots d'ordre lancés à travers tout le territoire national et dans les coins les plus reculés, dans son comportement vestimentaire et social, dans son attitude à l'égard de la femme, mère, sœur, amie ou épouse, entourée de toute l'affection au sein des foules les plus compactes, des signaux très forts ont été délivrés, des signaux qui mériteraient d'être très vite entendus. Cette jeunesse qui s'est appropriée l'emblème national et l'hymne national dans une ambiance qui rappelle à juste titre les folles journées de la célébration de l'Indépendance nationale le 5 juillet 1962, cette jeunesse composée de jeunes travailleurs et de sans- emploi, de cadres moyens et de cadres supérieurs, d'artistes amateurs et d'artistes professionnels, d'étudiants, de lycéens, de collégiens et d'écoliers, d'exclus ou de victimes du système scolaire, cette jeunesse caricaturée à souhait «tenant les murs d'Alger», ou se donnant en pâture aux poissons et aux requins de la Méditerranée dans ses dramatiques tentatives de gagner «le large», celle jeunesse qui a su l'instant d'une rencontre sportive, d'une journée qui devrait être baptisée journée nationale du sport, se réconcilier avec les valeurs nationales et humaines en entraînant dans son élan de joie, femmes et enfants, personnes valides et invalides, a conquis ou reconquis plusieurs droits et sans diminuer des actions déjà engagées par les pouvoirs publics en direction des jeunes, de nouveaux chantiers nationaux devraient être rapidement ouverts devant elle et pour elle. Engager des actions Quelques exemples : de la même façon que le nom du président de la République dont la gestion de l'Evénement – il faut avoir l'honnêteté intellectuelle de le reconnaitre – a été magnifique et qui a su donner par sa discrétion, parfois par son silence, souvent par sa retenue et finalement dans sa joie, l'image d'un pays dont la maturité, le sens du devoir, de la responsabilité et la fierté nationale ne souffrent aucun chahut, de la même façon donc que le nom du président de Répubiique a été associé dans le cadre de son programme à l'ouverture à travers le territoire national de locaux commerciaux au profit des jeunes constitués en micro-entreprises pour promouvoir leur intégration socio- économique, n'est-il pas temps de lancer aujourd'hui un vaste programme d'infrastructures sportives de proximité qui pourraient être gérées par des groupements ou associations de jeunes, à côté du développement accru du sport à l'école, au lycée, à l'université et des réalisations sportives à caractère national. Sur un autre plan, quels obstacles y aurait-il à ouvrir maintenant, «des chantiers de l'environnement» dans lesquels les jeunes pourraient être mobilisés dans les formes les plus performantes pour donner à nos villes, villages et campagnes, le visage qui convient à l'emblème national qu'elles ont si merveilleusement célébré ces dernières journées ? Par ailleurs, sans faire dans le populisme ou dans l'opportunisme, on peut dire que d'autres messages entendus ici et là invitent également à la réflexion autour d'axes et de questions qui touchent au paysage audiovisuel national et à certains aspects de la politique extérieure de notre pays. En même temps que la défense permanente de nos intérêts économiques et culturels et la protection de nos biens et personnes, devrions-nous hésiter à travailler dans notre rapport au monde arabe, dans les instances régionales et au niveau de l'opinion arabe, à la décentralisation des centres de décision pour tout ce qui touche au destin de la Nation arabe dans son acceptation la plus noble. A cet effet, il est pour le moins contradictoire au regard de la position majoritaire des pays arabes à l'égard d'Israël dans le conflit du Moyen-Orient, position qui conditionne toute normalisation à la création d'un Etat palestinien, avec Jérusalem comme capitale et à la primauté de «l'équation paix en échange des territoires»; que la Ligue arabe soit domiciliée dans un pays qui, quels que soient par ailleurs ses sacrifices passés pour la cause palestinienne, entretient des relations d'Etat avec Israël. Repositionner le pays Sans renier nos principes historiques en faveur de l'autodétermination des peuples où qu'ils soient et quels qu'ils soient, et notre solidarité concrète à l'égard de la cause palestinienne, en dépassant par une évaluation objective la position «autobloquante » et émotive sur la question du conflit israélo-arabe, n'est-il pas temps, sans diminuer en rien des efforts connus, méconnus ou mal connus de l'Algérie en la matière et des résultats obtenus souvent dans la discrétion, de repositionner au mieux et ouvertement notre pays, compte tenu de son poids, de ses potentialités, de ses alliances dans la recherche d'un règlement interpalestinien et régional, les pays proches géographiquement du conflit ayant échoué dans leurs actions, y compris dans certains cas dans leur obligation élémentaire a assurer le pain quotidien à leur propre population, privilégiant souvent d'autres considérations au détriment de la satisfaction du droit des Palestiniens à un Etat souverain et à la paix dans la région, transformés à l'occasion en fonds de commerce pour faire valoir l'octroi d'aides financières étrangères sans lesquelles leur pouvoir local et la promotion de «leur héritage» seraient menacés. Qui pourrait contrarier notre volonté de développer davantage ou de réactiver nos relations économiques et culturelles avec les peuples africains sans faire bien sûr dans le réveil des tribalismes et des royaumes d'antan qu'il faut garder bien assis dans les livres d'histoire, et donner, en le médiatisant, à notre prolongement subsaharien toute sa substance et sa dimension continentale, notre déploiement actuel et l'estime portée à notre pays dans le règlement de contentieux régionaux et la conclusion d'accords de coopération, militant déjà amplement dans ce sens. Et si on accompagnait la mise en œuvre du programme du président de la République et toutes les initiatives qui pourraient être prises dans le contexte actuel, de l'ouverture du paysage audiovisuel national sur la base d'une loi, en encourageant la création de chaînes satellitaires algériennes, en priorité sportive, culturelle et économique à capitaux mixtes ou privés et aux origines contrôlées, relevant des prescriptions d'un cahier des charges rigoureux qui place le respect et la défense de l'identité nationale, les symboles de la Révolution, de la Nation et de l'Etat tout entier au-dessus de toutes manipulations internes ou externes et qui travaille à la promotion des valeurs de concorde, d'amitié et de fraternité entre les peuples de quelques régions ou continents qu'ils soient ; les acteurs de «Oum Edounia» nous ayant donné en direct avec une plus-value dont ils ont, c'est vrai, la maîtrise, «l'art et la manière», l'exemple à ne pas suivre. Afin d'appuyer la mission de la télévision publique algérienne qui a hautement honoré sa mission en diffusant à grande échelle les grands et petits moments de la liesse populaire qui a couvert tout le territoire national et bien au-delà, les espaces de notre communauté à l'étranger, il est temps de «différencier» le message suivant les publics auxquels ils s'adressent, et de détacher les quatre canaux satellitaires actuels de la chaîne mère (terrestre), de les doter de tout le dispositif réglementaire, des ressources et des moyens à même de leur permettre de jouer pleinement leur rôle et d'apparaître aux yeux des téléspectateurs d'ici et d'ailleurs comme des chaînes autonomes et non – malgré des initiatives remarquables mais passagères – comme des écrans de rediffusions incessantes et lassantes, qui diminuent dans la majeure partie des cas de la crédibilité et de l'audience du programme originel ; accorder les statuts, les missions et les objectifs de la grande chaîne terrestre aux exigences d'une gestion productrice et performante en termes de programmes et de talents, d'augmenter ses ressources directes en vue de promouvoir en quantité et en qualité par des mécanismes incitatifs la production audiovisuelle nationale qui n'a absolument rien à craindre des menaces de boycott de certaines parties égyptiennes devant lesquelles l'Algérie a souvent étalé des tapis rouges et qui rivalisent, certains d'entre eux, dans l'insulte à notre honneur, à notre identité, à notre dignité. Compte tenu de la belle leçon donnée par les artistes algériens, peut-être faudrait-il aider leur communauté, tous genres de production confondus, à s'organiser en une vaste et forte fédération en mesure d'accompagner par la mobilisation et la contribution quantitative et qualitative de ses membres, la mise en œuvre des programmes de développement culturels initiés et conduits par les pouvoirs publics concernés, et d'œuvrer à la promotion et au rayonnement national, régional et international de l'activité culturelle et artistique sous toutes ses formes et à tout moment, notamment lorsque notre pays se trouve injustement exposé à des menaces ou à des attaques extérieures contre son identité et sa spécificité culturelle ? A l'heure où les médias égyptiens redoublent de férocité, l'Algérie de Novembre, l'Algérie de tous les Novembres, saura-t-elle par des actes concrets tirer tous les enseignements et les leçons, conquérir d'autres terrains, et arracher d'autres victoires ?