Le décès samedi du président du Togo, Gnassingbé Eyadéma, ouvrirait la voie dans ce pays à un putsch à peine voilé, mais très rapidement dénoncé par les organisations internationales comme l'ONU et l'Union africaine. Il y a ceux qui entendent le dissuader par leur mise en garde, mais également ceux qui l'encouragent. En ce sens relèvera-t-on, le roi Mohammed VI du Maroc a adressé ses condoléances à Faure Eyadéma, à la suite du décès de son père. Le message royal est adressé à Faure Eyadéma, « président de la République togolaise », a indiqué l'Agence officielle Map. Dès l'annonce du décès, l'Union africaine (UA) et l'Onu ont appelé les autorités togolaises à respecter la procédure de succession constitutionnelle, après l'annonce que l'armée avait décidé de « confier » le pouvoir à l'un des fils du chef d'Etat défunt. « Ce qui est en cours au Togo, appelons les choses par leur nom, c'est une prise de pouvoir par l'armée, c'est un coup d'Etat militaire », a déclaré le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré. « Il est clair que l'Union africaine ne peut pas souscrire à une prise de pouvoir par la force, il est donc important qu'on en revienne au respect des règles constitutionnelles », a-t-il indiqué à Addis-Abeba, où siège l'organisation. L'Europe et la Fance ont, elles aussi, appelé, hier, au respect de la Constitution. Les Forces armées togolaises (FAT) ont décidé de « confier » le pouvoir à Faure Eyadéma, un des fils du président togolais défunt, a annoncé samedi soir à la télévision le chef d'état-major. Pourtant, la Constitution togolaise prévoit qu'« en cas de vacance de la présidence de la République par décès (...), la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le président de l'Assemblée nationale » et l'organisation d'une élection présidentielle « dans les soixante jours de l'ouverture de la vacance ». Le président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l'UA, a lui aussi affirmé que l'organisation « n'acceptera aucune transition non-constitutionnelle au Togo ». Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a également appelé les autorités à assurer une transition « dans le respect de la Constitution ». Le principal opposant au président défunt, Gilchrist Olympio, a souhaité depuis Paris - où il vit en exil depuis 1992 - que la mort du chef de l'Etat permette que le « Togo se mette sur le chemin de la démocratie », dans une déclaration antérieure à l'annonce du chef d'état-major. Quant à l'opposition parlementaire dite « constructive », elle demeurait silencieuse, hier, alors même que l'Union africaine a très rapidement réagi, respectant en cela scrupuleusement ses résolutions en ce qui concerne les régimes putschistes.