Influence La dénonciation par l?organisation de l?UA du rôle de conseillers français pesant sur le cours de l'histoire africaine est une première. La récente mise en cause d'un conseiller français de la présidence togolaise traité de «mercenaire en col blanc» par l'Union africaine, renseigne sur la persistance de ces «conseillers» mercenaires de chef d?Etats africains. Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, avait appelé à la «tolérance-zéro» envers les coups d'Etat, renvoyant au rôle du conseiller français dans la crise de succession au Togo. «Si ce n'était pas le cas, nous ouvririons la voie à une épidémie de coups d'Etat, de révolutions de palais, de manipulations constitutionnelles (...), la Constitution devenant un alibi pour des dispositions antidémocratiques nourries par des ??Debbascheries??, du nom de ce fameux Debbasch, ces nouveaux mercenaires en col blanc», avait-il lancé. Professeur de droit, Charles Debbasch était conseiller du général Eyadéma, décédé le 5 février. Selon les connaisseurs de la vie politique togolaise, il fut un des artisans des modifications constitutionnelles qui, après le décès d'Eyadéma, devaient «légaliser» l'arrivée au pouvoir de l'un des fils, Faure Gnassingbé, choisi par l'armée. Lors de la modification constitutionnelle qui avait permis au général Eyadéma de se représenter à la présidentielle, après 36 ans de pouvoir ininterrompu, le concours de Debbasch lui a permis d'empêcher son principal opposant, Gilchrist Olympio, de se porter candidat. Les connaisseurs de la scène politique africaine, concernant ces conseillers affirment que leur seule motivation est d?ordre pécuniaire. À l?instar du conseiller du président sénégalais Abdoulaye Wade et qui a «fait» plusieurs présidents, dont le Gabonais Omar Bongo, Gnassingbé Eyadéma et le Congolais Denis Sassou Nguesso. L'Afrique sert, par ailleurs, de refuge aux conseillers qui ont maille à partir avec la justice de leur pays. Ainsi, Charles Debbasch, toujours au Togo, est actuellement sous le coup d'un mandat d'arrêt pour sa gestion de la fondation Vasarely. A Abidjan, le président Laurent Gbagbo, à la rhétorique antifrançaise pourtant enflammée, a au moins un conseiller français, qui ne peut rentrer en France pour raisons judiciaires. Au Cameroun, un ancien ambassadeur de France est resté à l'issue de ses fonctions pour devenir un conseiller très écouté de Paul Biya.