Depuis l'annonce de deux cas suspects de grippe A (H1N1) au CEM 4 de la nouvelle ville Ali Mendjeli, une panique indescriptible règne dans les établissements scolaires où nombreux sont les parents d'élèves ayant décrété l'état d'alerte. Malgré les assurances données par la direction de l'éducation, qui a tenu à démentir les informations publiées dans certains journaux quant à la fermeture du CEM de Ali Mendjeli, les craintes des parents n'ont pas été pour autant apaisées. En l'absence de canaux d'informations officiels, et devant le black out imposé aux services de la direction de la santé et ceux du CHU, c'est la rumeur qui gagne du terrain, finissant par avoir raison des nerfs des citoyens. Hier, des informations persistantes faisaient état d'autres cas suspects signalés dans trois autres établissements scolaires. Il s'agit du CEM Ibn Rashiq, à la cité Ameziane, de l'école Dridi Amar et enfin du CEM Aïcha, à Sidi Mabrouk. «Nous ne savons plus quoi faire pour protéger nos enfants, surtout que la maladie se propage à une vitesse incroyable, touchant toutes les catégories d'âge, ce qui expose les élèves aux risques de contamination», déplore un parent, qui affirme avoir fait le tour des pharmacies de la ville sans pouvoir acheter le fameux gel hydroalcoolique ou le savon liquide. «Nous avons écoulé des quantités importantes de gel hydroalcoolique de marque Detol en quelques heures et nous sommes en rupture de stock depuis trois jours», notera un pharmacien de la rue Abane Ramdane. «C'est le rush sur les pharmacies depuis l'annonce des 12 décès enregistrés en Algérie, alors que l'on ne cesse de parler de nouveaux cas suspects chaque jour à Constantine, ce qui a poussé les gens à acheter même des antibiotiques sans ordonnance, par crainte de se retrouver sans médicaments», poursuit-il, tout en précisant que ces réactions, quoique justifiées demeurent tout de même exagérées, surtout que la prévention commence d'abord par le respect des conditions d'hygiène en milieu familial et au niveau des lieux publics, à haut risque de contamination. Dans ce volet, la plupart des parents d'élèves dénoncent le laisser-aller manifeste, constaté surtout au niveau des écoles où les normes d'hygiène les plus élémentaires ne sont pas respectées. Dans certains établissements, où la vacation continue est en vigueur, des élèves mangent ensemble, utilisant des couverts communs, sachant que le nettoyage des ustensiles de cuisine laisse à désirer. «On a été contraints de donner à nos enfants des lingettes et du savon pour se laver les mains à l'école avant de manger à la cantine, qui n'est pas même alimentée en eau potable», déclare une mère qui pense que ces produits ne sont pas accessibles à toutes les bourses. Selon les chiffres communiqués par des spécialistes en épidémiologie lors d'une rencontre sur la grippe A, organisée récemment, 60,4% des cas de contamination ont eu lieu en milieu intrafamilial, 50% autres ont été enregistrés par contamination familiale, alors que l'on a recensé 22,9% de cas en milieu scolaire. De quoi donner matière à réfléchir aux décideurs, et ce à tous les niveaux.