Il y a une année, la wilaya comptait plus de 15 000 enfants SDF, selon le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati qui avait tiré la sonnette d'alarme. Un chiffre ahurissant qui donne la chair de poule. Des statistiques on ne peut plus révélatrices de la dure épreuve qu'endurent des bambins à travers les artères de la capitale, quémandant le quignon ou tendant la sébile pour une aumône devant le regard indifférent ou attendri du passant. Abandonnés à la «belle étoile» par des parents irresponsables ou fuyant des conditions d'extrême pauvreté et d'indigence, c'est selon, ces enfants dont l'âge ne dépasse pas parfois 8 à 10 ans, sont livrés à leur triste sort. Guettés par toutes sortes de vices, ces «angelots» vêtus de guenilles traînent leurs guêtres dans les rues. Ils se ramassent dans un coin sous les arcades en quête de chaleur sur les grilles d'un fournil. Leur gîte est un bout de carton dans lequel ils se recroquevillent pour piquer quelque somme. Ils se débrouillent pour vivoter en récoltant, l'espace d'une journée, la thune dans les marchés et les cafés. Ils deviennent des proies faciles à la délinquance. Ils sont exploités la plupart du temps par des réseaux maffieux et avides de gains faciles qui n'hésitent pas à les «verser», sans foi ni loi, dans le marché dit informel, en pleine expansion. Ils tirent de substantiels dividendes de leurs frêles corps. Un phénomène qui n'a de cesse de prendre des proportions alarmantes, en dépit des textes législatifs et des conventions internationales en vigueur protégeant les droits de l'enfant. On a beau attirer l'attention sur cette enfance en péril qui peuple nos espaces urbains et banlieues, mais la situation prête moins à l'optimisme. Voire, elle empire, a fortiori lorsque les moyens mis en branle par l'Etat pour mettre à l'abri cette frange fragile de la population font défaut ou se révèlent insuffisants. Hormis quelques centres d'accueil, à l'image de SOS enfants de Draria, une structure qui ne ménage aucun effort pour prendre en charge quelque 120 enfants, la rue reste le dernier recours de ces êtres innocents et marginaux.